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Après avoir passé plusieurs heures dans le van à traverser les routes sinueuses boliviennes, le véhicule s'immobilisa enfin.

Le paysage était à couper le souffle. Aucun des trois n'en revenait.

Devant eux, se trouvait le salar d'Uyuni, le plus grand désert de sel au monde.
La pureté et la blancheur du sol contrastait admirablement bien avec le bleu éclatant du ciel.

Eugenia fut la première à poser le pied sur le sol. Elle avança quelques mètres, émue à en pleurer.

Ils en avaient tellement rêvé. Juan et elle. Depuis qu'à l'orphelinat un instituteur leur avait parlé de son voyage en Bolivie. Depuis ce fameux jour ces deux enfants avaient fantasmé cet endroit. Et aujourd'hui ils y étaient.

Eugenia se tourna vers le van. Seul Rafael était descendu. Elle chercha son frère des yeux.

— Pourquoi ne descend il pas? S'enquit elle.

— Il est fatigué. Et la chaise roulante ne pourra pas avancer sur le sel.

La gorge d'Eugenia se serra.

— Mais... Le désert de Sel. Il faut qu'il le voit en vrai. Dit elle avec détresse.

Eugenia s'approcha alors du van.

— Reste ici. Je vais lui parler. Ordonna Rafael en faisant demi tour.

Eugenia observait le véhicule partagée entre la joie et l'inquiétude.
Puis au bout de 10 longues minutes. Juan apparut enfin aux cotés de Rafael.

— Tu as vu comme c'est beau? S'émouvait Eugenia en comprenant que Juan était mal en point.

La jeune soeur preferait ne pas y croire. Malgré le visage livide de son frère et le demi sourire qu'il lui adressait elle ne voulait pas la voir : la mort qui arrivait à grand pas.

Rafael s'accroupit alors dos à Juan et il le contraint à monter sur son dos. Sans difficulté, le milliardaire le porta sur plusieurs mètres sans jamais montrer un signe d'épuisement. Juan ne pesait pas grand chose.

Eugenia touchait par cette image décida de tirer une photo de cette scène touchante.

Quelle était la probabilité pour que ces deux là se rencontrent ? Songea t-elle.

Aucune.

Et pourtant Rafael était bien là, portant à bras le corps, ce jeune homme mourant afin qu'il réalise le rêve de sa vie.

Le milliardaire reposa délicatement Juan afin qu'il puisse s'asseoir sur une pierre. A ce moment, le grand frère réalisa enfin qu'il se trouvait bel et bien au coeur du Salar d'Uyuni.

— C'est incroyable! S'émouvait Juan. C'est l'endroit le plus merveilleux que j'ai vu de toute ma vie.

Le jeune malade marqua une pause en observant et le paysage et le couple en face de lui.

—Je suis tellement heureux. Je suis tellement heureux. Répetait il en boucle. Je peux mourir tranquille.

Eugenia l'observait les larmes aux yeux.

— Je t'aime Enia. Je t'aime ma soeur. Lui dit il en ouvrant ses bras pour qu'elle l'étreigne.

Eugenia s'approcha de son frère et plongea contre son torse.

— Je t'aime aussi Juan. Dit elle sans reserve. Nous y voila enfin.

— Nous y voilà. Répéta Juan. Nous y voilà.

Rafael les observait sans pouvoir dissimuler la peine qu'il ressentait. Cette scène était aussi déchirante qu'émouvante.
Juan fixa alors l'homme sans qui rien n'aurai été possible.

Eugénia - Un milliardaire comme épouxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant