Une lueur dans la nuit | [Min Yoongi]

Prologue

Une brise nocturne venait caresser lentement la cime des arbres, libérant ainsi la douce mélodie de leurs feuilles dansant au rythme du vent. Dans le ciel, aucun nuage ne semblait perturber les milliards d'étoiles scintillantes, en partie cachés par la venue de l'aube. Des cris lointains s'élevèrent de la forêt, une ombre filait à toute vitesse entre les arbres, fuyant les dizaines d'hommes qui la poursuivait.

Elle courait sans se retourner, ses pieds nus semblaient survoler le sol, soulevant sur son passage les feuilles mortes qui le tapissaient. Ses poumons brûlaient et ses jambes hurlaient de douleur, mais elle ne s'arrêtait pas, elle ne le ferait pour rien au monde, question de vie ou de mort. Elle était à bonne distance de ses poursuivants, mais leurs voix parvenaient tout de même à ses oreilles.

"Rattrapez la !!

- Dépêchez-vous, l'aube approche !!"

La forêt semblait interminable, elle ignorait depuis combien de temps elle courait, mais si ça continuait, elle n'allait pas tarder à flancher. Elle trébucha plusieurs fois, et alors qu'elle pensait que ses jambes allaient lâcher, les arbres disparurent brusquement pour laisser place à des rochers et une falaise abrupte.

La jeune femme se stoppa net, à deux doigts de tomber dans le vide emportée par son élan. Elle fixa le précipice quelques instants, la chute aurait eu raison d'elle, coupant court la course poursuite et ses rêves de liberté par la même occasion. Son regard dévia sur le paysage, non loin, les lumières d'une grande ville scintillaient encore en dépit du jour proche.

Le soleil justement peinait à se montrer, malgré la clarté de plus en plus présente, les premiers rayons tardaient à apparaître.

Plus que quelques minutes. Pensa la jeune femme essoufflée.

Des cris et des mouvements dans la forêt la ramenèrent à la réalité et elle reprit sa course effrénée en faisant abstraction de ses douleurs musculaires. Elle traversa rapidement la distance qui la séparait de la ville, manquant de tomber à plusieurs reprises, le souffle court. Elle entra dans les rues de la ville, le passage de l'herbe au bitume lui arracha une petite grimace de douleur mais elle continua.

Les habitants levés tôt, sûrement pour travailler, la regardaient passer, surpris par ses pieds nus et sa simple robe blanche. Au détour d'une rue, elle tomba sur une impasse et jura. Ignorant si ses poursuivants l'avaient suivis dans la ville, elle ne prit pas la peine de faire demi-tour et entreprit d'escalader la barrière, quitte à se retrouver dans une propriété privée.

Elle traversa de nombreuses petites ruelles, passant par-dessus, par-dessous des barrières, avant de se cacher derrière des cartons pour reprendre sa respiration et calmer ses douleurs. Elle pria durant ces quelques minutes pour que les hommes ne l'aient pas suivie jusque dans la ville, lorsque les premiers rayons du soleil apparurent enfin, elle se changea.

Elle sortit de derrière les cartons en poussant un miaulement soulagé.

"On peut dire que j'ai eu de la chance cette fois...

- Maman ! Le chat il a parlé !! S'écria soudainement une petite fille au bout de la ruelle.

- Bien sûr ma chérie. Répondit sa mère. Dépêche-toi maintenant on va être en retard pour l'école."

La femme attrapa la main de sa fille, sans jeter un regard dans l'impasse, et la tira. La féline les fixa sans bouger jusqu'à ce qu'elles disparaissent derrière l'angle de la rue, puis soupira.

"Ok Soo-mee, on n'oublie pas, les chats ne parlent toujours pas." Se mit-elle en garde d'un air sarcastique.

La calico reprit sa route en trottinant. Elle longeait les murs, oreilles tendues, à l'affût de tout mouvement suspect. Mais plus elle progressait, plus son attention diminuait; aucun des hommes qui la poursuivaient ne semblait se trouver en ville. Elle tourna dans une énième rue en réfléchissant.

Soo-mee se doutait que les hommes n'allaient pas abandonner leur chasse aussi facilement. Ils allaient sûrement passer plusieurs jours à la chercher dans la ville, avant de poursuivre leurs recherches ailleurs s'ils ne la trouvaient pas. De son côté, elle hésitait entre poursuivre sa fuite ou rester cacher en ville quelques temps, en espérant que personne ne la trouve.

Au bout de la rue, une maison attira son attention et ses muscles lui rappelèrent soudainement les kilomètres de course qu'elle avait parcourut pratiquement toute la nuit. Elle s'approcha de la maison avant de s'arrêter devant pour l'observer rapidement. Elle était plutôt grande, et d'après les odeurs qui l'entouraient, était occupée par un chien.

La féline sentit les poils de son dos se hérisser. Mais l'appel de la sieste était plus fort, et Soo-mee rejeta son instinct pour monter sur le rebord d'une fenêtre et s'y installer. Les rayons du soleil levant venaient caresser sa fourrure et la réchauffer lentement, elle se roula en boule, ferma les yeux, et s'endormit.