J'ouvris difficilement les yeux. Un nuage de brume était présent devant moi et je voyais tout trouble. Comme si j'étais sous l'eau. Au fond de l'océan.
J'ai cligné plusieurs fois des yeux et la brume a disparu peu à peu. Je regardai un peu autour de moi pour voir que j'étais entourée de quatre murs qui semblaient blanc, avec une porte sur l'un d'entre eux. Une fenêtre donnait sur l'extérieur sur celui d'en face. J'étais allongée dans un lit blanc lui aussi, un petit tuyau reliait mon bras à une poche remplie de liquide transparent, suspendue à un truc métallique à côté du lit. J'en déduis donc que je suis à l'hôpital. Mais qu'est-ce que je fais à l'hôpital ? Comment j'ai atterris ici ? Je vais bien, enfin, je crois. Bon, mis à part ma tête qui commence un peu à me lancer et peut-être aussi mes muscles quelque peu engourdis, tout va bien.
J'ai enlevé l'aiguille qui était plantée dans mon bras, ainsi que la chose qui pinçait mon doigt - dont j'ignorais totalement l'utilité - , et je me suis levée, avec beaucoup de difficultés, ça va sans dire. J'ai posé mes pieds tremblant au sol et j'ai marché doucement jusqu'à la fenêtre, en titubant. Il faisait nuit dehors et seule la lumière d'un lampadaire éclairait ce qui devait être ma chambre. En baissant les yeux, j'ai pu remarquer que je portais une sublime robe d'hôpital blanche qui m'arrivait jusqu'aux genoux. C'était très élégant comme vêtement, je dois l'avouer.
- Mademoiselle ! Recouchez-vous tout de suite ! s'exclama une infirmière - je suppose - en entrant en trombe dans la chambre.
Je la regardais étonnée et elle était suivie de trois autres personnes en blanc eux aussi.
- Retournez vous allonger mademoiselle, reprit un médecin en s'approchant de moi.
- Ça va, lâchez moi, je vais bien !
- Nikky, écoutez moi. Vous venez de vous réveiller alors il ne faut pas trop vous brusquer.
- J'ai dis que j'allais bien ! criai-je en me dégageant.
- Très bien, mais laissez-moi remettre votre perfusion.
- Pourquoi une perfusion ? Je n'en ai pas besoin ! Et puis qu'est-ce que je fais ici d'ailleurs ? Pourquoi je suis à l'hôpital ?
- Nikky, vous ne vous souvenez de rien ? demanda le médecin, un peu inquiet.
- Non. Et puis pourquoi vous n'arrêtez pas de répéter " Nikky " ? C'est qui Nikky ?
Il jeta un regard aux trois personnes autour de lui et semblait perturbé. Ou étonné, je ne sais pas.
- C'est vous, Nikky. C'est votre prénom.
- Très drôle, merci. Je sais encore comment je m'appelle !
- Comment vous vous appelez alors ?
J'ai réfléchis quelques secondes, et aucun prénom ne me venait à l'esprit. Mon prénom... Je suis capable de me souvenir comment je m'appelle tout de même ! Qu'est-ce qui m'arrive ? Ça doit seulement être un trou de mémoire. Oui voilà... J'ai dû me cogner la tête, ou quelque chose dans le genre.
Le médecin me conduit jusqu'à mon lit, où je me suis assise, et il m'a remit la perfusion en place.
- Pourquoi je ne me rappelle pas de mon nom ? lui demandai-je effrayée.
- Ça va revenir, ne vous inquiétez pas. Vous venez de vous réveiller, c'est normal d'être un peu chamboulée. Allongez-vous.
Non, c'est pas normal ! Je ne connais pas mon nom, ni mon âge et je ne sais même pas comment je suis ! Qu'est-ce qu'il se passe dans ma tête ? Il n'y a plus rien. Rien du tout !
J'ai arraché une nouvelle fois la seringue et me suis levée en voulant sortir de la chambre, mais le médecin m'a retenu fortement par le bras.
- Nikky, calmez-vous !
- Arrêtez de m'appeler comme ça ! Ce n'est pas mon prénom ! D'accord ? Qu'est-ce que...
J'ai sentis une piqure sur mon bras et je me suis endormie dans la seconde.
Je me suis réveillée quelques temps plus tard et il faisait complètement jour. Un homme était assis sur une chaise à côté de moi et me regardait intensément, un carnet à la main. Non, en faite, il me scrutait. Et c'était vraiment très énervant.
- Quoi ? lui demandai-je froidement.
- Comment vous sentez-vous, Nikky ?
- J'ai déjà dis à votre collègue que je ne m'appelais pas Nikky. Ensuite, arrêtez de me vouvoyer, j'ai l'impression d'avoir cinquante ans. Même si c'est peut-être le cas, j'en sais rien après tout... Et enfin, qu'est-ce que vous m'avez injecté ? Un somnifère ? dis-je d'un seul coup en me redressant sur mon lit, encore dans les vapes.
- De quoi tu te souviens ? me demanda-t-il.
D'accord. Il a prit en compte deux de mes trois remarques, c'est déjà ça...
- Je me souviens que vous ne m'avez pas répondu.
- Oui, c'était un somnifère. Quel âge as-tu ?
- Je ne sais pas, répondis en soufflant.
- Comment sont tes yeux ?
- Je ne sais pas.
- Onze plus trois ?
- Quatorze ! m'écriai-je. C'est quoi vos questions à la con ? Je ne me souviens de rien mais je ne suis pas stupide non plus !
- Très bien, ne t'énerve pas. Ce ne sont que des questions pour savoir où tu en es.
- Et bien si vous le savez, faites moi signe, parce que ça aussi je l'ignore.
Je soufflai de lassitude et regardai autour de moi. Il m'énervait avec ses questions complètement inutiles. A chacune de mes réponses, il avait noté quelques mots dans son carnet.
- Quelle est la dernière chose dont tu te rappelles ?
Il m'observait d'un regard neutre et fixait mes yeux. C'est à cet instant que j'ai explosé.
- Rien du tout ! lui criai-je en me levant face à lui. Je ne me souviens de rien ! Rien, rien, rien ! Alors maintenant dégagez de là ! Dégagez, laissez moi tranquille et allez vous faire foutre avec toutes vos questions !
Je continuais de crier des incohérences comme une hystérique, même après qu'il soit sortit de ma chambre. Je tapais contre la porte comme une folle mais elle était fermée à clé. Ces imbéciles de médecins avaient osé m'enfermer dans ma chambre. Il ne manquait plus que la camisole de force, ma parole !
Quand j'en ai eu assez de taper contre cette fichue porte qui ne voulait pas céder, je me suis écroulée au sol, la tête dans mes bras et pleurant tout ce que je pouvais. Mais ce n'était pas parce que j'étais enfermée que je pétais un plomb, non. J'étais effroyablement frustrée. Je n'avais plus un seul brin de mémoire. Plus rien ne me venait à l'esprit. C'était une sensation horrible de ne se souvenir de rien. Je n'avais même pas de miroir, je ne savais même pas à quoi je ressemblais, ni l'âge que j'avais, ni en quelle année nous étions. Rien du tout... Mais en tout cas, si Nikky est bien mon prénom, ça ne me dérangeait pas. C'est plutôt joli comme nom. Enfin, je crois. Si ça se trouve, je n'aimais pas ce prénom mais je ne m'en souvenais pas ! Et si ça se trouve encore, ce n'est pas mon nom, et quelqu'un est en train de se jouer de moi, ou je ne sais quoi.
J'étais en train de m'imaginer plusieurs scénarios, tous plus loufoques les uns que les autres. Il se pourrait bien que je sois mariée, avec trois enfants sur le dos, et dans ma cinquantième année de vie. Ou alors, j'étais une gamine orpheline de quinze ans, qui traine dans les rues à longueur de journée. Ou bien même une veille de quatre-vingts ans. Non, tout sauf ça, par pitié ! J'ai observé mes mains et j'ai pu constater qu'elles étaient lisses, sans rides, ni rien qui pourrait me faire davantage peur.
J'étais tellement épuisée que je me suis endormie contre la porte, avec plusieurs scénarios en tête, puisque c'était tout ce dont j'étais capable.
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Souviens-toi !
Teen FictionImaginez : un jour, vous vous réveillez et vous n'avez aucun souvenirs. Tout a disparu de votre esprit. Même votre nom ou celui de vos parents. Votre famille vous connait mieux que vous ne vous connaissez. Ce serait l'enfer, pas vrai ? Et pourtant...