Jour 6

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Je faisais le tri dans mon esprit. Je venais de recevoir beaucoup trop d'informations d'un seul coup.

Mon père avait quarante et un ans, et était architecte. Mais pas un simple architecte, il était seulement le plus grand de France. Le plus réputé, et le meilleur de tous selon ma mère. Mon père, un peu plus modeste, a avoué que c'était grâce à ses fantastiques employés.

Ma mère, elle était une avocate de trente neuf ans, très célèbre elle-aussi dans sa profession. Son métier aurait put se deviner grâce à sa tenue et celle de la veille. Comme hier, elle portait une robe qui lui collait comme il fallait à la peau, et qui lui allait à la perfection, sauf que cette fois-ci, elle était bleu turquoise, et un collier autour de son cou s'accordait à sa tenue. Ses cheveux blonds mi-longs étaient lâchés et flottaient dans le vent plutôt calme.

Donc, pour résumer, j'étais une gosse de riche, probablement pourrie gâtée jusqu'à la moelle. Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou non.

Quand j'ai déballer le sac que mes parents m'avaient donner et qui contenait mes affaires, j'avais remarqué qu'ils avaient de l'argent. Il y avait une marque sur la plupart des vêtements, accessoires et maquillages que j'avais désormais en ma possession.

J'avais couru m'habiller à l'instant où j'avais eu mes affaires. Je portais un short en jean clair et un tee-shirt blanc plutôt ample, et je m'étais contentée de brosser mes cheveux. Comme il faisait beau et chaud dehors, j'avais décidé de sortir me promener dans les jardins de l'hôpital avec mes parents. Nous étions assis sur un banc et je tentais d'assimiler les dernières informations que j'avais reçu.

- Donc, si je récapitule, vous êtes riches ?

- Tu es riche, autant que nous le sommes, déclara ma mère avec le sourire.

- Alors, j'imagine que je n'habite pas dans un petit appartement miteux ?

- Pas tout à fait ! s'exclama mon père en riant. C'est plutôt le genre grande maison dans le Sud, proche de Nice.

- Cool, dis-je simplement en souriant.

Enfin, je crois que c'était cool. J'avais déjà en tête une immense maison, voire une villa ou quelque chose du genre. Avec trois étages, deux piscines, un terrain de tennis et un autre de golf. Je crois que mon imagination commence un peu à divaguer, mais c'est particulièrement amusant.

- Est-ce que je suis enfant unique ? demandai-je pour changer de sujet et pour en apprendre davantage sur moi.

Ils se regardèrent, avec une pointe d'anxiété dans leurs yeux. Ai-je dis quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je le savais que j'allais faire une boulette. Je n'en avais pas fait jusqu'ici, c'était trop beau pour être vrai !

- Pourquoi vous me regardez comme ça ? J'aurais pas dû dire ça ?

- Non, non. Ce n'est pas ça, répondit mon père, gêné. Tu as un frère et une sœur.

- D'accord... Mais pourquoi cette hésitation à me répondre ? Il y a un problème ? demandai-je étonnée.

- C'est que... commença ma mère.

- Ils n'arrêtent pas de te réclamer, termina mon père après un temps de silence provoqué par ma mère.

- Oh... Ok. Vous ne leur avez pas expliqué la... situation ?

- Ils ont cinq ans.

- Tout les deux ?

- Tout les deux.

- D'accord. Donc c'est sûr que c'est un peu compliqué de leur expliquer quoique ce soit alors...

- C'est ça.

Cela va donc être difficile de les voir. Si je ne sais rien à leur propos et qu'ils viennent s'adresser à moi, je sens que je vais les faire pleurer. Ou un truc du genre.

- Comment ils s'appellent ?

- Tony et Charlène. C'est eux, regarde.

Ma mère me montra un photo sur son téléphone dernier cri. Un petit garçon et une petite fille étaient à mes côtés. Je les tenais par les épaules, serrés contre moi. Ils étaient tout les deux bruns comme mon père et avaient les mêmes yeux verts que ma mère et moi. La petite portait deux couettes sur le haut de sa tête et il manquait une dent de devant au petit garçon. On souriait tout les trois, et la même fossette prenait place sur notre joue droite. Nous étions bel et bien de la même famille : même regard et même sourire.

- Ils sont vraiment mignons, souris-je en rendant le téléphone à ma mère.

- Vous vous ressemblez énormément tout les trois. Aussi magnifique l'un que l'autre.

Je fis un petit sourire en guise de remerciement.

- Qui est-ce qui les garde en ce moment ?

- Un de tes ami. Il s'appelle Jordan, déclara mon père.

- Pourquoi est-ce un ami à moi qui les garde ? le questionnai-je, intriguée.

- C'est assez compliqué. En fait, ses parents, qui sont aussi nos amis, ont été muté en Australie il y a deux ans, pour un contrat de cinq ans. Ce sont des chercheurs dans les maladies incurables. Jordan et toi, vous connaissez depuis votre naissance et vous avez le même âge. Comme il est ton meilleur ami depuis longtemps, vous avez insisté pour qu'il reste chez nous. Et il y est donc resté ! conclut-il.

- Est-ce qu'il sait pour moi ?

- Oui. Il est au courant de tout ce qu'il se passe en ce qui te concerne.

Deux parents, un petit frère, une petite sœur, et un meilleur ami, tout cela sous le même toit que moi. Comment vais-je gérer tout ce petit monde en même temps ?

- Il veut te voir, lui aussi.

- Qu-Quoi ? bafouillai-je.

- Il aimerait te voir. Tu lui manques beaucoup. Vous avez rarement passer autant de temps loin l'un de l'autre, m'informa mon père. Et je crois qu'il va bientôt faire crise de nerfs à passer ses journées avec les jumeaux, s'amusa-t-il.

- Ils sont si impossibles que ça ? souris-je en essayant de détourner le sujet de conversation.

- Quand ils s'allient, ce qui arrive très souvent, ils sont infernaux ! confirma ma mère.

- Comme tout les enfants, je suppose, ris-je en même temps que mes parents.

Ils continuèrent de me parler des jumeaux en me racontant quelques anecdotes les concernant. Il parait qu'il y a quelques mois, ils ont éventré toutes leurs peluches, soit une vingtaine, pour en extraire la mousse qui était à l'intérieur et en faire de la neige. Ils voulaient être en hiver en plein mois de mars, qui pourrait leur en vouloir d'être aussi imaginatif à cet âge-là ? D'ailleurs, cela me faisait penser à une question qui m'était totalement sortie de la tête.

- Quel jour sommes-nous ?

Ils me regardèrent, étonné. Non seulement par ma question, mais aussi par mon changement soudain de sujet, mais ma mère répondit tout de même.

- Mardi deux juillet deux mille quinze.

- Les grandes vacances alors ? C'est pour cela qu'ils sont joyeux les deux petits. Ils sont heureux d'avoir terminé l'école, c'est tout, souris-je.

- Tout à fait !

Mon père regarda sa montre et nous sommes remontés à ma chambre puisque c'était l'heure de mes examens médicaux. Toujours les mêmes examens, et toujours aussi inutiles. Mais c'était obligatoire ! J'espère que je ne vais pas devoir faire ces examens jusqu'à la fin de mes jours.

J'ai dis au revoir à mes parents en leur faisant une simple bise et ils sont partit en me promettant de revenir le lendemain.

En revenant après mon rendez-vous avec le médecin, j'étais plutôt contente de ma journée, et pour la première fois depuis que je me suis réveillée, je me suis endormie assez sereinement, même si une crainte persistait dans mon esprit. Je ne m'empêcherai jamais de me dire qu'ils jouent peut-être la comédie, qu'ils font semblant d'être souriant, et que peut-être je les déçois au plus haut point. C'est étrange, mais c'est comme ça. Je suis comme ça. Enfin, je crois...

Souviens-toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant