Souviens-toi !

Jour 38

J'avais fait un rêve cette nuit. Ou peut-être était-ce un souvenir, je l'ignorais. Pour moi, c'était du pareil au même.

J'avais rêvé de Jordan. Il me disait qu'il m'aimait et que jamais il ne pourrait s'éloigner de moi et me quitter. Et au moment où il allait m'embrasser, je m'étais réveillée en sursaut, à cause de mon réveil. J'avais essayé de me rendormir pour avoir la suite de ce rêve, mais bien entendu, ça n'avait pas fonctionné, alors j'avais maudit mon médecin et mon psy toute la journée, parce qu'à cause de ces rendez-vous stupides, je n'avais pas pu connaitre la sensation que j'attendais depuis plusieurs jours.

Mes rendez-vous s'étaient plutôt bien passés. Mon médecin m'avait dit que je pouvais espérer recouvrer la mémoire très bientôt et était très optimiste. Quand à mon psy, j'étais venue dans l'optique de ne pas ouvrir la bouche de toute l'heure, mais j'avais changé d'avis au dernier moment et j'avais parler. Lui faisant part de la plupart de mes ressentis à propos de ce que je venais d'apprendre. J'avais beaucoup de mal à l'admettre à haute voix, mais ça me faisait du bien de lui parler. Beaucoup de bien.

Comme mes parents et les jumeaux, il m'avait incité à aller discuter avec le principal intéressé dans cette histoire. Voilà pourquoi je restais plantée depuis maintenant dix bonnes minutes sur le pas de la porte de la chambre de Jordan, sans savoir que faire. Je pris une grande inspiration et frappai trois coups. J'attendis quelques secondes mais personne ne répondit. Alors je recommençai, mais toujours rien.

Peut-être avais-je attendu trop longtemps. Peut-être ne voulait-il plus me voir.

J'allais partir mais au lieu de cela, j'appuyai sur la poignée pour pénétrer dans la pièce, vide de toute présence. Seul le parfum de mon ami imprégnait la chambre. Je me dirigeai vers la salle de bain ouverte, mais il n'y était pas non plus. Visiblement, j'avais paniqué pour rien...

Mais maintenant que j'étais décidée à vouloir l'écouter, je ne pouvais pas baisser les bras. Aussi, je le cherchai dans toute la maison, en commençant par la cave, puis le jardin, le devant de la maison, la chambre des jumeaux. Mais rien. il n'était nul part. Introuvable.

Mes parents étant sur le canapé, avaient remarqué mes allers et venues.

- Il est chez lui, m'indiqua ma mère quand j'allais remonter à l'étage.

Sur ses mots, je n'hésitai pas une seule seconde supplémentaire et enfilai mes chaussures. J'avais trop attendu. Je marchai rapidement jusqu'à sa maison, et entrai doucement sans frapper. Les notes d'un piano parvinrent immédiatement à mes oreilles. Je me stoppai immédiatement en le regardant. Il était de profil mais ne me voyait pas, trop absorbé par les touches blanches qu'il avait sous ses doigts.

Je refermai doucement la porte pour ne pas le déranger et m'appuyai contre celle-ci pour l'épier silencieusement et écouter la musique douce et mélancolique qui glissait sur ses doigts.

Il m'avait manqué. Tellement. Je l'avais à peine regardé ces trois derniers jours. Alors l'avoir en face de moi, seul dans une pièce me réchauffait le coeur malgré tout ce qu'il s'était produit.

Jordan tourna la tête dans ma direction à la fin de son morceau. Il semblait étonné de me voir, mais rassuré. Mon ami ne bougea pas de son tabouret, se contentant de refermer le couvercle du piano, pendant que je m'approchais lentement de lui. Il ne se leva que lorsque j'arrivai près de lui, me dominant de quelques centimètres, ses yeux rivés aux miens. Je détournai le regard au bout de quelques secondes pour me diriger vers le canapé, où il me suivit.

- Je veux tout savoir, déclarai-je calmement. Du début à la fin.

Il prit une grande inspiration et prit la parole.