Souviens-toi !

Jour 24

Mes parents n'ont pas apprécié que sorte sans Jordan hier soir. Mon meilleur ami, encore moins. Il a retenu ses questions pendant le repas devant ma famille, mais une fois seuls, il a essayé de savoir ce qu'il se passait entre Alex et moi. Alors je lui ai menti. Je crois qu'il sait que je lui mens, mais peu importe.

J'avais pris un air désintéressé en lui répondant, mais quand il m'a laissée seule dans ma chambre, je me suis enfouie sous les couvertures, et j'ai pleuré. Ça me faisait mal de lui mentir, ça me faisait mal de lui faire de la peine. Je voyais cette tristesse dans ses beaux yeux gris. Je l'ai blessé et je m'en voulais beaucoup.

C'était un véritable paradoxe : c'était lui qui m'avait volontairement blessée et c'était moi qui me sentais coupable. Mais c'était plus fort que moi. Il y avait quelque chose en lui que je ne saisissais pas. Je n'arrivais pas à lui en vouloir. Un part de moi lui en voulait, mais l'autre part - la plus importante, la plus imposante - ne le pouvait pas.

Tant de contradictions en moi me fatiguait tellement... Je ne savais plus que penser et c'était très contrariant.

- Nikky ?

La douce voix de Charlène me fit sursauter, me tirant littéralement de mes pensées.

- Oui ?

- C'est bientôt l'heure de goûter ? J'ai faim.

J'étais assise sur la première marche de la piscine et Jordan était un peu plus loin, allongé sur une chaise longue avec son téléphone. Malgré le fait qu'il ne m'adressait plus beaucoup la parole, il ne voulait pas me laisser seule au bord de la piscine. Les jumeaux jouaient dans l'eau, équipés d'une paire de brassards et d'une bouée chacun. Ils se jetaient une petite balle en plastique et riaient avec entrain.

Je sorti de l'eau pour aller regarder l'heure sur mon téléphone et annonçai à Charlène que ce serait bientôt l'heure de manger. Elle grogna un peu mais Tony lui jeta à nouveau la balle et elle s'est remis à rire.

- Tu es fâché ? demandai-je timidement à Jordan.

- Pourquoi je le serai ? soupira-t-il sans me regarder.

Il déposa son téléphone à côté de lui gardait les yeux rivés sur Charlène et Tony.

- Tu ne m'as quasiment pas adressé la parole aujourd'hui.

Il haussa nonchalamment les épaules.

- Tu t'es encore endormi à la cave cette nuit et tu étais en colère hier soir.

Une fois encore, il ne me répondit pas, alors je continuai :

- Je sais que je n'aurais pas dû te parler comme ça hier. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit.

Il restait dans son silence à ça commençait à m'énerver, mais je ne montrai rien. Je repris désespérément.

- Écoute, je... J'en ai assez de devoir toujours me justifier de ce que je fais ou de ce que je veux faire. Je n'ai besoin de personne pour m'aider. J'ai peut-être tout oublier mais je ne suis pas stupide. Je connais les dangers, je sais que je dois regarder de chaque côté avant de traverser et je sais aussi que je ne dois pas parler à des inconnus. Même si pour moi, quatre-vingt dix-neuf pourcents des personnes à qui je parle sont des inconnus... marmonnai-je ce qui attira son attention.

Il croisa mon regard et je continuai :

- C'est toi-même qui me répète sans cesse que je dois me faire mes propres idées de tout ce qui m'entoure. Je n'ai pas toujours besoin que toi ou mes parents soyez vers moi en permanence. Il arrivait que je sois seule avec des amis de temps en temps, non ? Alors s'il te plaît, ne m'en veut pas parce que je suis sortie sans toi.