Le psy sortait de ma chambre. Une fois de plus, j'avais accepté de lui parler, et avec enthousiasme en plus. Je lui avais raconté ma journée d'hier dans les moindres détails.
Jordan était un garçon vraiment intéressant et amusant. C'était facile de l'apprécier, de parler et de rire avec lui. Hier, il ne m'a pas appris énormément de choses sur moi, mais c'était suffisant pour le moment. Il m'a beaucoup parlé des jumeaux, de comment il faisait pour s'en sortir face à eux tout les jours, même si ça l'amusait tout de même beaucoup d'être avec eux. A sa façon de parler de ces deux petits gamins, j'ai pu remarquer qu'il les aimait énormément. Il les protégeait et s'occupait d'eux comme s'ils faisaient partis de sa famille. D'un côté, il fait, en quelques sortes, partit de ma famille à ce que j'ai compris.
Il m'a avoué se sentir coupable. Selon lui, c'est de sa faute si je suis ici, alors que si tout c'est passé comme il me l'a raconté, rien de ce qu'il s'est produit n'est à cause de lui. Justement, il m'a aidé avec Sylvain, ou Simon, je ne sais plus son prénom.
Mes parents sont venus me voir aujourd'hui encore et je leur ai raconté à eux aussi ma journée d'hier. Ils avaient l'air heureux pour moi, et ils m'ont dit que lui aussi l'était quand il est rentré.
- Ton père et moi avons quelque chose à te demander, déclara ma mère.
Son air grave soudain m'inquiéta. Elle riait il y a quelques secondes quand elle me parlait d'un truc que les jumeaux avaient fait subir à Jordan, et maintenant, plus rien.
- Oui ?
- Est-ce que tu te sens prête à rentrer à la maison ?
J'ai réfléchis à peine quelques instants, j'avais déjà réfléchis à cette question.
- Je ne sais pas. C'est plutôt compliqué, non ?
- Tu sais, les jumeaux ne sont pas à la maison en ce moment. Ils sont à Bordeaux chez tes grands-parents, et ils ne rentreront que dans quelques jours, donc tu auras le temps de t'habituer avant la tornade, m'expliqua mon père en souriant.
- Ce n'est pas ça. Enfin, pas seulement, hésitai-je.
Je me levai du banc sur lequel j'étais assise et me mis debout face à mes parents, les bras croisés sur ma poitrine.
- J'ai envie de rentrer, mais... Tu crois que j'ai le droit ?
- Bien sûr. Si on t'en parle, c'est que tu peux. Le Docteur Minau nous a demandé de t'en parler.
Un sourire illuminait leur visage à tout les deux. Ils voulaient que je rentre mais j'avais toujours peur. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sentais en sécurité dans cette chambre, je ne sentais à l'abri, mais je voulais rentrer.
- Et mes examens médicaux ? demandai-je sans pour autant m'en inquiéter plus que ça.
- On reviendra à l'hôpital deux fois par semaine, expliqua ma mère, pour que tu puisse voir le Docteur Minau et le Docteur Marcord.
- Je ne verrai le psy que deux fois pas semaine ? m'exclamai-je joyeusement.
- Oui.
Mon père me souriait et voyait où je voulais en venir. Non seulement j'avais envie de rentrer, mais si en prime, je ne voyais le psy que deux fois par semaine, c'était parfait !
- Je pourrai revenir quand ?
Leur sourire se sont élargit de plus belle.
- Lundi, répondit mon père.
- Quoi ? Pas avant ? Mais on est vendredi ! Je ne peux pas repartir avec vous aujourd'hui ?
Je devais avoir l'air d'un gamine en boudant ainsi.
- Tu veux rentrer maintenant ? s'exclama mon père.
- Oui, j'en ai assez d'être ici, c'est trop long. Je m'ennuie beaucoup trop.
Il se regardèrent et je les écoutai parler comme si je n'étais pas là.
- Je pense que si on demande au médecin, il seront d'accord, non ? C'est elle qui le veut, commença mon père.
- Ils avaient déjà prévu qu'elle reste une semaine de plus, chéri, rétorqua ma mère.
- Mais si elle se sent prête, ça devrait le faire, tu ne crois pas ?
- Oui mais je ne sais pas si ça va être possible...
- Je me sens bien ! les coupai-je. Je me sens vraiment bien, mes examens ne montre rien de grave, je parle même avec le psy, alors c'est que je suis en pleine forme, n'est-ce pas ? m'amusai-je.
Ils se regardèrent en silence, puis me fixèrent comme si j'étais un spécimen rare. Comme ils ne bougeaient pas, je me suis retournée pour retourner dans l'hôpital, et avoir une petite conversation avec les médecins. C'est décidé : je veux sortir, et je vais sortir. Le plus tôt sera le mieux.
- Nikky, où vas-tu ? demanda mon père en me rejoignant, suivi de ma mère.
- Demander l'autorisation de quitter cet endroit.
J'avais la ferme intention d'aller parler au Docteur Minau, mais tout ce que j'y ai gagné en entrant dans ma chambre, c'est de rester assise sur mon lit, à attendre que ce gentil monsieur et mes parents finissent leur discussion. Sans moi. C'est tout de même moi qui veut partir, non ? Alors pourquoi je suis exclue de cette conversation ? S'ils provoquent un allongement de mon séjour ici, je crois que je vais péter un plomb ! Maintenant, je suis absolument résolue à sortir de cet endroit. Je veux voir où j'habite, avoir une vraie chambre, manger de la nourriture potable, ne plus revoir les médecins, et ne plus avoir à parler à ce psy tout les jours. Le rêve ! Et accessoirement, avoir l'occasion de voir mes parents tout les jours, et toute la journée.
Je sais que tout se passera bien là-bas, à la maison. Je me sens déjà mieux, comme je leur ai dis. J'apprécie de plus en plus de parler avec mes parents, même si ma mère est quelques fois un peu étrange. J'ai l'impression qu'elle peut se mettre à pleurer à n'importe quel moment si je dis quelque chose de travers.
- Entrez ! criai-je quand quelqu'un toqua à la porte.
Le médecin entra et referma la porte.
- Verdict ? lui demandai-je en souriant.
- Veux-tu vraiment retourner chez toi ?
- Évidemment.
- Tu sais, tu ne pourras pas faire de retour en arrière. Si tu retournes chez toi, ce sera définitif, tu le sais ?
- Bien sûr, et je ne veux pas attendre lundi. C'est vraiment long d'être enfermée ici, bougonnai-je.
Il me fixa intensément et attendait je ne sais quoi. Après quelques secondes de silence, il souffla et reprit la parole.
- On fera les derniers examens aujourd'hui.
- Je pourrai rentrer aujourd'hui ? m'exclamai-je, en sautant de mon lit, le sourire aux lèvres.
- Demain matin.
- Oh...
Ma joie est descendue de quelques étages, sans pour autant disparaitre totalement. Je vais retourner chez moi demain matin. Enfin !
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Souviens-toi !
Teen FictionImaginez : un jour, vous vous réveillez et vous n'avez aucun souvenirs. Tout a disparu de votre esprit. Même votre nom ou celui de vos parents. Votre famille vous connait mieux que vous ne vous connaissez. Ce serait l'enfer, pas vrai ? Et pourtant...