Aujourd'hui, je me suis décidée à descendre. La faim me tiraillait l'estomac et je n'avais rien avalé la veille alors je n'avais pas eu le choix.
Ma mère était venue frapper à ma chambre vers dix-neuf heure trente, et je suis arrivée à la cuisine quelques minutes plus tard. J'ai su qu'on me regardait quand le silence s'est fait entendre dans la pièce. Je n'ai pas relevé la tête, je ne voulais pas croiser leur regard, probablement empli de regrets ou de pitié. Peu importait.
Deux assiettes étaient vides. Je me suis assise à côté de mon frère, sans dire un mot, et me suis servie quelques cuillères de pâtes.
- Tu veux du fromage râpé Nikky ? me demanda innocemment Tony en me tendant un sachet.
Je secouai la tête négligemment.
- Tu en prends toujours d'habitude. Tu n'aimes plus ?
Je le regardai et il semblait ne pas comprendre ma réaction. Alors, pour lui faire plaisir, j'ai pris le sachet de fromage pour en mettre sur mes pâtes. Il me fit un grand sourire, heureux que je n'ai pas refusé. Je lui ai ébouriffé les cheveux avant de continuer de manger.
Les jumeaux n'y étaient pour rien dans cette histoire. C'était sûrement mes parents qui leur avait dit de ne rien me dévoiler. Mais comment faire taire deux gamins de cinq ans ? C'était une grande question. Peut-être le saurais-je un jour.
Ce fut ma mère qui rompit le silence en premier.
- Nikky, je veux que tu saches qu'on est vraiment désolé. Pour tout.
Je hochai mécaniquement la tête sans dire un mot, les yeux rivés sur mon assiette.
- Écout...
- J'ai compris. Ça va, dis-je en tentant d'être la moins froide possible dans mes paroles.
Elle n'ajouta rien. Mon père non plus. Ils savaient au fond que je mentais mais je n'avais pas le courage d'avoir une discussion avec eux ce soir. Ils avaient dû le percevoir.
Je terminai mon assiette le plus rapidement possible et la déposai dans la lave-vaisselle avant de me diriger vers les escaliers.
- Tu vas où ? s'enquit Charlène.
- Je vais me coucher.
- Tu ne veux pas rester jouer avec nous ?
Je me retournai vers elle. Elle me fixait intensément de ses yeux vert émeraude.
- Pas ce soir, je suis fatiguée.
- Demain alors ? comprit Tony.
- Peut-être...
Les jumeaux semblaient aussi perdu que moi dans cette histoire mais je n'avais qu'une envie, c'était de retourner à l'abri, dans mon lit. Là où je ne pouvais croiser Jordan.
En montant les marches, j'entendis une porte s'ouvrir à l'étage. Ça ne pouvait qu'être lui. Je ne voulais pas le voir, mais plus tôt je serai dans ma chambre, mieux ce sera. Il se décala pour me laisser passer lorsque j'arrivai sur le palier et je passai devant lui. Sans lui accorder un regard, et je me suis enfermée. En l'espace d'une seule seconde, son parfum enivrant s'était insinué jusque dans mon cœur.
Je voulais lui parler. J'en avais besoin. J'avais besoin d'entendre la vérité de sa bouche mais je ne savais si je serais capable de lui faire face aujourd'hui. Mais il me fallait des réponses, alors je pris mon téléphone pour composer le seul numéro que je n'aurais jamais imaginé utiliser. Je n'étais même pas certaine qu'il allait me répondre.
Quatre tonalités résonnèrent dans le combiné avant que sa voix grave ne se fasse entendre.
- Docteur Marcord.
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Souviens-toi !
Teen FictionImaginez : un jour, vous vous réveillez et vous n'avez aucun souvenirs. Tout a disparu de votre esprit. Même votre nom ou celui de vos parents. Votre famille vous connait mieux que vous ne vous connaissez. Ce serait l'enfer, pas vrai ? Et pourtant...