Souviens-toi !

Jour 27

Pourquoi le fait de me réveiller sans Jordan me décevait à ce point ? J'avais espéré, en ouvrant les yeux, qu'il s'était revenu, mais je m'étais trompée. La veille, juste après le film, il m'avait souhaité une bonne nuit et était retourné dans sa chambre. Je lui aurais bien demandé de rester avec moi, mais j'avais peur qu'il le prenne mal, ou qu'il me prenne pour une gamine capricieuse. Alors je ne l'ai pas fais, et je me suis endormie seule.

En prenant mon téléphone avant de me lever, j'ai vu que j'avais reçu une réponse d'Alex. Je lui avais envoyé plusieurs messages pour savoir comment il allait après son séjour à l'hôpital et apparemment, il allait bien, hormis quelques blessures superficielles. J'en informai Jordan en descendant et il me répondit d'un simple hochement de tête avant de me proposer d'emmener les jumeaux au parc.

On n'avait marché qu'une dizaine de minutes avant d'arriver au lieu prévu. Une dizaine d'enfants courraient partout, dans tout les sens, faisaient du toboggan, de la balançoire. Les jumeaux ont immédiatement couru les rejoindre et avec Jordan, on s'est installé sur un banc de libre pour pouvoir les surveiller, tout en discutant. Il ne m'avait pas dit grand chose aujourd'hui, alors j'étais contente d'entendre sa voix.

- Merci de n'avoir rien dit à ta mère.

J'avais décidé de ne pas trahir sa confiance en avouant rien de la véritable histoire à ma mère. Même si j'en mourais d'envie !

Sa main allait mieux. J'avais refais son bandage ce matin et il m'avait dit qu'il n'avait plus mal. Je ne le croyais que moyennement mais je m'étais abstenue de tout commentaire. Je ne voulais pas me disputer avec lui.

- Elle t'a répondu quoi quand tu lui annoncé que tu étais maladroit ? lui demandai-je.

- Elle a rigolé. Je crois que j'ai été crédible, rit-il.

- Il n'y a rien de drôle, répliquai-je sérieusement, ce qui stoppa son rire.

Il s'excusa et se mura dans un silence pesant. De mon côté, j'ai pris mon téléphone pour répondre à un message d'Alex. Je m'inquiétais pour lui, même s'il me disait qu'il allait bien. C'était plus fort que moi.

J'envoyai aussi un message à Simon. Jordan m'avait dit qu'il n'avait rien mais je voulais tout de même m'en assurer.

- Tu parles à qui ? me questionna mon ami.

- Alex et Simon. Je prends de leur nouvelles.

- Je t'ai dis qu'ils allaient bien, soupira-t-il. Pose donc ton téléphone, j'ai apporté quelque chose pour toi.

Il ouvrit son sac à dos et en sortit un grand carnet que je reconnaissais comme mon carnet à dessin. Je l'avais trouvé dans le tiroir de mon bureau quand j'avais tout vidé les premiers jours où j'étais chez moi. Il me le donna et s'empara d'une trousse, qui était aussi dans mes affaires.

- Je vois que tu as ouvert mes tiroirs, rigolai-je.

- Ouais, et sans remords en plus. Tu te rends compte ?

- Que veux-tu que je fasse de tout ça ?

J'avais déjà ma petite idée sur la question mais peut-être me trompais-je.

Jordan ouvrit mon carnet à une page vierge et me donna un crayon avec une pointe grise et très fine, puis me montra l'arbre à quelques mètres de nous.

- Tu veux que je dessine ?

- Oui. Tu ne l'as pas fais depuis que tu es rentrée.

- J'ai voulu essayer, mais j'avais peur de ne pas réussir... déclarai-je en baissant les yeux sur le papier.