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Ca ne m'est arrivé qu'une seule fois, de perdre le contrôle de mes mots de cette façon. Et à chaque fois, je paniquais. A chaque fois, c'était dans une situation à laquelle j'essayais d'échapper. Ça fait plus d'un mois que je n'ai pas parlé à Aaron. Nous avons échangé quelques regards, sans la moindre complicité. Je n'aurais jamais pensé qu'il me manquerait autant. Les mots ont des conséquences, je le sais mieux que personne, pourtant. Comment j'ai pu sortir une chose pareille ? Juste après lui avoir dit quelque chose d'aussi important que tu es devenu mon silence. Je déteste cet aspect de ma personnalité. J'ai voulu le garder près de moi en lui disant ce que je pensais et quand lui a essayé de s'approcher, de comprendre, j'ai réduit en poussières tout ce que nous avons partagé. Ce n'était pas énorme, mais c'était sincère, j'étais bien, quand il était là. Je soupire en entendant à nouveau la voix de Mike sur sa messagerie à l'autre bout du fil. De toute façon, il va falloir que j'y aille. Je me redresse pour quitter mon lit, puis ma chambre. J'attrape la mini brioche que me tends ma mère, j'enfile un manteau très long, qui se marie parfaitement avec ma tenue. J'avoue être particulièrement fière de moi aujourd'hui. Je dépose une bise sur la joue de ma mère avant de quitter la maison. Blame's on me resonne dans mes oreilles quand j'entre dans le métro et c'est outsider qui prend le relais quand je descends. Au final, c'est avec Tom Odell et sa chanson Another Love, que je traverse les couloirs du lycée en direction de mon casier, qui me sert surtout de point de rendez-vous avez Elven. Ma respiration se coupe alors que mon corps entre en collision avec celui de quelqu'un d'autre. Je tombe, sans entendre le moindre bruit. Mon temps de réaction est extrêmement long avant que je ne retire mes écouteurs. Chose que je regrette immédiatement.

- Désolé. J'essayais de rattraper Isalys.

- C'est moi, je cherchais Elven, je n'ai pas fait attention. Je réponds.

Le grand brun en face de moi fronce les sourcils. Mon dieu ce n'est pas censé arriver que dans les films ce genre de choses ? Comment est-ce possible d'avoir une telle malchance ? En suivant son regard j'ai fini par voir que mon carnet était tombé, ouvert sur la page d'un dessin que j'avais fait juste avant notre dispute. Du jaune, du violet, de la limonade, et lui. Aaron ramasse mon carnet, sans en détacher le regard.

- Pourquoi tu fais ça, si ce genre de moment compte pour toi ? Demande-t-il.

- Quoi ?

- Pourquoi tu gâches tout ? Tu m'as dessiné, avec cette fichue peinture sur le visage. Ça veut bien dire que tu as aimé ce moment, non ?

- C'est moi qui gâches tout ? Tu ne m'as pas adressé la parole depuis plus d'un mois Aaron.

- Pourquoi à ton avis ? Tu crois quoi, que les mots n'ont aucune incidences ? J'essaie toujours de te comprendre mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas de limites. Tu t'attendais à quoi ? à ce que je t'attendes le lendemain à notre table comme si tu n'avais jamais dit ce que t'as dit ?

- Non mais...

- Mais quoi ?

- Je ne m'attendais certainement pas à ce que tu coupes les ponts.

- Bah voyons. Tu vas me dire que je te manque maintenant ?

Je reste muette. Bien sûr qu'il me manque. Mais je ne sais pas si le lui dire serait la meilleure des idées.

- J'aimais ce qu'on avait. Dis-je en haussant les épaules.

- Ce n'étais pas énorme, mais c'était vrai. J'ajoute.

- Ce qu'on avait, comme tu dis, ça s'appelle une relation. Mais visiblement ce n'était pas si clair que ça pour toi.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dises ?

BlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant