Le vent frais frappe mon visage, je frissonne. Un couple passe devant nous, chacun un café dans les mains. J'essaie d'ignorer que nous leur ressemblons beaucoup en ce moment même. Je baisse les yeux vers les deux gobelets que j'ai entre les mains. Aaron claque la porte de sa voiture, je sens quelque chose d'épais atterrir sur ma tête.
- Mets là, tu gèles depuis tout à l'heure. Aaron me prends mes deux gobelets.
C'est une écharpe, elle a l'air vielle. Elle n'est plus très douce, comme si elle avait vécu de nombreux lavages. On dirait qu'elle a parcouru un sacré bout de chemin.
- Je sais, elle ne paie pas de mine. Je la trimbale depuis plus de quatre ans. C'est ma mère qui me l'avait offerte un hiver où je me plaignais sans cesse qu'il faisait froid. J'étais super content, puis arrivé au lycée, je l'ai délaissée, parce que ce n'était pas vraiment stylé de porter une écharpe. Mais je l'emmène quand même partout au cas où il ferait un froid extrême. Et puis entre nous, je la portais tout le temps chez moi ou quand on allait en vacances. J'avoue que maintenant je m'en fiche un peu, que ça soit cool ou non.
Je souris. J'imagine un petit Aaron, tout content d'avoir reçu une écharpe, puis un Aaron un peu plus grand, frustré de se rendre compte que son écharpe préférée n'est pas très à la mode. Je l'enroule autour de mon cou. Je remarque en sentant l'odeur de son parfum, qu'elle m'est déjà familière.
- Tiens. Sourit-il en me tendant mon gobelet.
- Merci.
Pdv Aaron :
Je ne sais pas pourquoi j'ai eu cette subite envie de faire durer la soirée plus longtemps que prévu. Comme si j'avais une idée de ce qu'on pourrait faire maintenant qu'on a déjà bu deux chocolats chauds dans deux café différents. J'avais pensé à l'emmener chez moi pendant le trajet. En roulant à cinquante kilomètres-heures, j'ai eu le temps de penser à beaucoup de choses en fait, y compris au fait que cette idée était pourris. Je me suis arrêté au parc. On dirait que ça lui plait. Je souris, mon écharpe à l'air énorme sur elle. Elle n'a pas hésité avant de la porter. Elle a froid et moi je l'emmène se balader dans un parc au lieu de la ramener chez elle. Je lève les yeux au ciel. Quel idiot. De la vapeur s'échappe du gobelet qu'elle tient entre ses mains alors que nous traversons la petite forêt qui donne sur l'autre moitié du parc. Je l'observe marcher devant moi. Les cheveux de brunette étaient courts quand je l'ai rencontré à cette soirée. Ils tombent un peu plus bas que ses épaules, maintenant. Elle ne parle pas, son regard est porté devant elle. Elle marche comme si elle connaissait par cœur cet endroit. Le sol est couvert de feuilles qui craquent sous nos pas comme seul et unique son. J'ai l'impression que le silence fait partie d'elle. Ce n'est pas juste une absence de bruit, c'est un trait de sa personnalité. On croit trop souvent que quelqu'un qui ne parle pas est inintéressant. Je crois que le silence est un moyen d'expression.
Je me rend compte que j'ignore un paquet de choses et que je meurs d'envie d'ouvrir le livre de sa vie. C'est mon objectif. De trouver d'où vient la tempête qu'il y a dans ses yeux. J'ai ressentis un besoin irrépressible de me couper du monde entier. Du monde entier mais pas d'Elven. Ca veut forcément dire quelque chose. en fait, je n'ai pensé qu'à ça pendant le trajet jusqu'au parc.
- Tu n'as jamais songé à revenir ? Je veux dire, à reprendre dans ta place auprès de tes amis ?
La petite brune se retourne vers moi, son café toujours entre les mains.
- Bien sûr que si. Mais j'ai besoin d'être seule, régulièrement. Je sais que ça peut paraitre bizarre mais j'ai besoin de ces moments ou je suis seule, dans le calme le plus total. Ça me permets de faire le vide. Ou de ranger plutôt.
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Blue
RomanceEt si il avait été mon dernier amour ? Et si après lui, je n'étais plus jamais capable d'aimer ? J'avais construit tout mon univers à partir de nous. Il faisait partie de chacun de mes rêves, chacun de mes projets. Je ne devais jamais passer une seu...