Pdv Blue :
Au loin, les branches des arbres fendent le ciel bleu. La forêt borde le champs sur des kilomètres du coté EST. Alors que soleil décline, Aaron se redresse légèrement. Je lève les yeux vers lui, ma tête posée sur ses jambes et le reste de mon corps allongé sur le seul banc implanté dans cet immense étendu d'herbe. Son visage est penché au-dessus du mien.
- Il faut que j'y aille. Dit-il.
- Déjà ?
- Oui. J'ai promis à Isy de l'aider pour un truc.
Il fuit mon regard, son attention à présent faussement portée droit devant lui. Je me redresse.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Cette fois ci, nos regards s'accrochent, et je perçois dans ses yeux quelque chose d'inhabituel. Je ne sais pas dire ce que c'est.
- On en parlera plus tard. Dit-il en se levant du banc.
- Ah non. Tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi. Réponds-je.
Il se tourne vers moi, les sourcils froncés. Il est là, mais j'ai l'impression que son esprit est ailleurs.
- De quoi tu parles ?
- Je ne sais pas, Elven aussi a commencé par me dire qu'on en parlerai plus tard, et au final, je ne saurai jamais. Si quelques choses te préoccupes tu peux m'en...
- C'est toi qui dit ça ? Il se laisse aller à un rire bien différent que celui que j'ai l'habitude d'entendre. Un rire creux, las. Je ne suis pas Elven Blue. Je pense que tu me connais assez pour savoir que ce n'est pas mon genre de me taire, n'est ce pas ?
Je ne réponds rien. Qu'est ce que je pourrai dire. Je me sens stupide, et ce, depuis ce matin. J'ai l'impression que tout ce que je dis est inutile, maladroit.
- Si tu veux tout savoir, je ne sais plus comment je dois me comporter avec toi. Ça me trotte dans la tête depuis hier.
- Comment ça ?
- Regardes nous Blue. Je suis heureux que tu m'ai tout dit, ça m'a aidé à te comprendre. Mais je ne sais pas quoi faire de tout ça. Je ne sais pas où me mettre dans l'histoire.
Au fond, je ne peux que le comprendre. Mon histoire est compliqué, mon cœur en miette. Mais je l'aime avec chaque éclat, chaque morceau, chaque débris, chaque miette. Les mots se bousculent dans ma gorge. Ils ne veulent pas sortir.
- Tu as dis l'autre nuit que tu m'aimais. Mais tu restes bien confortablement installée derrière cette ligne invisible que tu as mis entre nous depuis le début.
Je baisse les yeux. Il a raison, sur toute la ligne. Je suis idiote. Je ne sais pas ce que je croyais. Sans doute que je pourrais continuer comme ça, pendant autant de temps que j'en aurais besoin. Mais c'était égoïste.
- Pour être honnête Blue, j'ai envie d'être avec toi. Et, je ne sais pas si tes révélations sont sensées me donner de l'espoir ou si elles me condamnent à rester coincé de l'autre coté de cette ligne.
J'ouvre la bouche, prête à parler, mais je la referme aussitôt, incapable de trouver les mots. J'aimerais lui dire d'y croire, de ne pas abandonner, mais je ne sais pas si j'en suis capable. Je ne sais pas si j'arriverai à être avec quelqu'un d'autre, à vivre une autre histoire, à m'investir autant que j'ai pu le faire avec Mike. Et si je faisais une erreur ? Face à mon mutisme, Aaron tourne les talons, s'éloignant vers chez lui, les mains dans les poches de son blouson en cuir. Fais chier. Pendant quelques secondes, j'hésite à me lancer à sa poursuite. Mais je reste là, figée, à regarder sa silhouette devenir de plus en plus petite, jusqu'à ce qu'il ne disparaisse complètement. Je tourne les talons à mon tour, pour rentrer chez moi.
A vingt-deux heures, quand j'ai ressassé encore et encore les évènements de la journée, je craque. J'envoie un message à Aaron.
: Est-ce qu'on pourrait se voir ? Je crois qu'il faut qu'on discute. Sur le banc, dans vingt minutes ?
La réponse arrive presque immédiatement.
Aaron : Je ne peux pas maintenant. Demain, si tu veux. Après les cours ?
Je soupire, les doigts suspendus au-dessus de l'écran pendant quelques secondes. Puis, je finis par taper :
: Ok, à demain, alors.
Pendant une minute, trois, cinq, quinze, j'attends qu'il me réponde, mais à la vingtième, j'abandonne l'idée. Alors que mes yeux sont rivés vers le plafond, la vision, le visage de Mike s'impose à moi. Je me demande ce qu'il dirait de tout ça. J'aimerais tellement pouvoir lui parler. J'aimerais qu'il me dise que tout va bien, qu'il ne m'en veut pas, que je peux lâcher prise. Mais je suis là, seule, allongée sur mon lit, sans personne pour répondre à la moindre de mes questions. Ni Aaron, ni Elven. Je suis seule. Dans le silence. Et pour une fois, ça ne me plait pas. Pour une fois, ça m'oppresse. Elven me manque, je crois que ça fait un moment. Il a mis de la distance entre nous et piètre amie que je suis, je ne m'en suis pas rendu compte assez tôt. Aaron m'en demande plus et c'est normal. Je ne fais rien correctement.
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Blue
RomanceEt si il avait été mon dernier amour ? Et si après lui, je n'étais plus jamais capable d'aimer ? J'avais construit tout mon univers à partir de nous. Il faisait partie de chacun de mes rêves, chacun de mes projets. Je ne devais jamais passer une seu...