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J'ignore l'appel de Betty au moment où Isalys sort enfin de la chambre, en même temps de le médecin. Comme je ne fais pas parti de la famille, je n'ai pas eu le droit d'entrer tout de suite.

- C'est bon, tu peux venir. Sourit-elle.

Ses joues ont perdu leur teinte rouge causée par les larmes, mais ses yeux restent encore bouffis. Je me lève de la chaise sur laquelle je patientais depuis plus d'une heure, la gorge nouée, et la boule au ventre. Un soupire de soulagement s'échappe de mes lèvres quand, sur le pas le de la porte, j'aperçois le léger sourire d'Aaron. Même si ses yeux ne sont qu'entre-ouverts, je peux y voir une lueur.

- Salut, brunette.

C'est trop. Je n'arrive plus à retenir mes larmes, elles dégringolent sur mes joues. Isalys ne m'a pas suivis dans la chambre, mais je n'y prête pas attention. Je me jette dans les bras d'Aaron. Je l'entends rire légèrement. Il rit, et moi je pleure, toutes les larmes de mon corps. Au milieu de cette chambres aux quatre murs blancs, seuls mes sanglots et la respiration d'Aaron viennent rythmer le silence. Ses bras sont serrés autour de moi. J'ai enfoui ma tête dans son cou, continuant de pleurer. La main d'Aaron vient trouver mes cheveux, qu'il caresse tout doucement.

- Ne pleures pas. Je suis là.

A l'entente de ces mots, mon cœur bondit dans ma poitrine. Je suis là. Je m'écarte de lui pour le regarder. Une ecchymose violacée s'étend de sa pommette, jusqu'au-dessus de son sourcil, une autre est un peu moins visible au coin de ses lèvres. Sa joue porte une entaille qui as subis quatre points de suture. Sans réfléchir, je m'approche et j'écrase mes lèvres contre les siennes. Je crois que si j'étais capable de crier tout ce que j'ai sur le cœur, je ne crierais que son nom. Parce qu'il n'y a que lui, là, maintenant. Il est là, bien vivant. Ses lèvres dansent contre les miennes, un milliard de décharges électrique se répandent dans mon corps. Mon cœur chavire, se renverse, je fini par m'écarter, à bout de souffle. Quand je lève les yeux vers les siens, son regard me percute. Et alors que je pose mon front contre le sien, ce ne sont plus mes sanglots, mais le bruit de nos rires qui se mélangent, qui rythme le silence. Aaron passe sa main derrière ma nuque avec une tendresse infinie, puis dépose un bisou sur mon front.

- Si j'avais su qu'il faudrait un accident pour que tu m'embrasses, j'aurais fais en sorte de me planter bien plus tôt. Dit-il.

Je lui tape doucement l'épaule.

- Tu es bête. J'ai eu la peur de ma vie. J'avais tellement peur, j'ai cru que ça recommençait.

- Il t'en faudra plus que ça pour te débarrasser de moi Blue. Je ne suis pas près de te lâcher.

Je souris.

- Comment tu te sens, là ?

- Les anesthésiants font encore effet, donc, ça va. Je suis juste un peu dans le brouillard. Isy t'as tout raconté ?

Je hoche la tête. J'aurais pu m'énerver, lui dire que c'était complètement inconscient, qu'il aurait du m'en parler. Mais je sais pourquoi il le faisait, et je ne peux pas m'empêcher d'être attendrie par sa façon de protéger Isalys quoi qu'il en coûte.

- Elle a de la chance de t'avoir.

- Je ne reculerais devant rien pour la protéger. Il était hors de question que ça soit elle, qui fasse ces courses débiles.

- Contente que tu reconnaisses que c'était débile. Il lève les yeux au ciel. C'est admirable, de vouloir la protéger par-dessous tout. Ajouté-je.

Il sourit, puis en deux temps, trois mouvement, me tire délicatement vers lui pour m'embrasser. Je souris.

- Je voulais m'assurer que c'était bien ce que je croyais. Dit, il, d'un air malicieux.

- On dirait bien. Réponds-je.

- Désolée !

La porte s'est ouverte à la volée, je me suis écartée d'Aaron par réflexe, je suis presque sûre que mes joues sont devenues rouges. J'étais assise sur le lit aux coté d'Aaron, me voilà à présent debout, contre le mur, la tête tourné vers Betty, Matt, et Isy.

- Je n'ai pas réussi à les retenir, ils étaient inquiets pour toi, Aaron. Explique Isalys.

Aaron rit, moi je fuis le regard de Betty qui est en train de me dire « j'hallucine, enfin ! » Je la connais comme si je l'avais faite. Elle n'a pas raté notre proximité.

- Mec, tu fais chier, je t'avais dis que c'était de la merde, tes courses.

- Quelles courses ? Betty fronce les sourcils. Pendant un instant j'ai cru être la seule à ne pas être au courant, mais il semblerait que ma meilleure amie soit dans le même cas que moi.

- C'est assez long à expliquer. Répond Aaron. Puis il s'adresse à nouveau à Matt. J'ai passé la ligne en premier. On est tranquille. C'est fini.

- J'espère bien.

Je pose les yeux sur Isalys. Les siens sont embués de larmes. J'imagine le soulagement qu'elle doit ressentir.

- Et donc, Blue, tu étais là depuis longtemps ? Demande Matt, un sourire sur le visage.

Aaron sourit lui aussi, ce qui suffis à donner une réponse à la question silencieuse de son meilleur ami. La mienne m'adresse un sourire éblouissant, et alors que tout le monde est heureux, je pense à Elven. 

BlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant