Chapitre 19: Une vie pour une vie

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Lorenzo

- Je ne me sens pas très bien en ce moment, c'est pire que ça ne l'a jamais été, commence-je, tout en gardant mes yeux sur ce plafond terne. Vous voyez ce...vide, lui que je n'arrête pas d'essayer de vous faire comprendre?

- Bien sûr, Lorenzo, me répond-elle de sa douce voix.

- Et bien, il est plus que présent en ce moment. Je n'arrive plus à respirer, il est en train de me faire suffoquer, ils me noient. J'essaye de me battre contre, de penser à l'homme que je veux devenir, comme vous n'arrêtez pas de me le dire, mais j'ai trop de problèmes en ce moment, je n'y arrive plus, je ne veux plus. Ça fait trop mal.

Elle soupire et écrit quelques petits mots dans son carnet. Ses jambes sont croisées, ce qui veut dire qu'elle s'apprête à me faire voir ma vie complète d'une perspective plus complexe, poussée et humaine. Elle le fait toujours.

J'ai craqué. Elle m'avait demandé de ne rien analyser quand je serais avec elle, mais j'en étais incapable et je le suis toujours. J'ai besoin de me protéger, de la comprendre comme si c'était moi.

- Et ces problèmes, sont-ils les vôtres? me demande-t-elle doucement.

- Oui et non.

- Lorenzo, je vous l'ai déjà dit, il n'y a pas de oui ou non, mais seulement des questions auxquelles vous n'avez pas envie de répondre. Alors, sont-ils les vôtres?

- Quelques-uns sont les miens, mais beaucoup d'autres ne le sont pas, répond-je.

J'apprécie beaucoup cette jeune femme, il y a un lien entre nous et je ne crois pas qu'elle serait capable de me trahir, en fait, je n'en lui laisse pas la chance. Aujourd'hui, quatre ans plus tard, elle lit en moi comme un livre ouvert, car je la laisse faire, mais il y a des pages qui restent miennes pour ma protection et la sienne. Ça ma prit longtemps avant d'accepter son aide et de me rendre où je suis aujourd'hui; des jours avant de parler, des mois avant de m'ouvrir et des années avant de lui faire confiance.

- Expliquez-moi plus clairement quels sont ces problèmes et je pourrai vous aidez, comme toujours.

Lentement, je m'assois dans ce divan de velours bleu, lui dans lequel je m'assois ou me couche trois fois par semaine depuis quatre ans. Ses yeux, d'un beau bleu pâles, me rassurent, ils me poussent à parler et à accepter que j'ai des problèmes, que j'ai besoin d'aide et qu'elle peut m'aider à les régler.

- Comme je vous l'ai dit, mon ami est mort.

- Carlos, n'est-ce pas? me coupe-t-elle pour me faire réfléchir entre chaque phrase.

- Oui, Carlos, répond-je tristement. Ça fait quelques mois désormais, trois, plus exactement. Les choses commencent à se remettre dans l'ordre, surtout avec ses filles et sa femme.

- Et vous, Lorenzo, allez-vous mieux?

Je déteste quand elle fait cela, quand elle rapporte tout à moi et me rappelle que nous sommes ici seulement pour moi et que mon plus gros problème c'est que je m'oublie et que j'aide les autres avant moi-même.

- Je vais mieux, mais aujourd'hui je dois faire quelque chose qui me fait peur, très peur.

- Et qu'est-ce que c'est?

- Je dois aller au tribunal pour donner ma déposition contre la meurtrière de mon ami et j'ai peur de ne pas être capable de parler, j'ai peur que ça réveille des douleurs en moi, ment-je.

- Ne laissez pas cette peur vous empêcher d'avancer dans votre processus de guérison. Même si ça fait peur, vous avez besoin de la voir pour tourner complètement la page.

Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant