Chapitre 31: Le trio

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Sabrina

Je n'ai jamais cru que ce jour viendrait. J'ai tant de raisons pour le prouver que cela en est presque pathétique. Premièrement, je ne pensais jamais être un jour enceinte de Lorenzo. Deuxièmement, après sa mort, j'ai longtemps cru que je ne reparlerais jamais à Maria. Alors, que les deux se produisent, c'est assez perturbant pour moi. C'est étonnant, inconcevable. Mais c'est plaisant, très plaisant.

- Qu'en penses-tu, Lockwood? Je vais toujours aussi bien que la dernière fois. J'espère en tout cas, sinon je suis un peu dans la merde.

- Bien sûr que oui, Sabrina. Et le bébé va bien aussi; il est en parfaite santé. Par contre, il est toujours un peu trop tôt pour que je puisse te dire le sexe. Mais je crois, personnellement et très approximativement, que c'est une fille.

Mon regard s'est tout de suite posé sur celui de Maria et mon sourire rayonnant, plein d'amour et de joie, s'est agencé au sien, aussi grand que son visage. Pour la première fois depuis des mois et des mois, je ressens quelque chose que je peine désormais à reconnaître tant cela fait longtemps: un bonheur inconditionnel, infini. Je suis réellement heureuse en ce moment. Maria l'est aussi. Nous le sommes tous.

- Si tu étais obligé de me donner un pourcentage, ce serait lequel?

Lockwood passe sa main sur son visage, la bouche serré et les sourcils froncés. Il réfléchit encore quelques minutes ainsi, puis il finit par abandonner comprenant qu'il ne pourra jamais me donner une réponse exacte. Tous les médecins détestent être approximatifs, ça les énerve au plus au point. Je suis bien placé pour le savoir.

- Je dirais cinquante, peut-être soixante pourcent si on dit que mes intuitions sont toujours vraies.

- C'est assez pour moi. C'est parfait même.

Mon sourire s'agrandit tout de suite. Je vais avoir une fille. Une fille qui rendra tous les garçons fous, qui sourira chaque matin et qui profitera de la vie comme si elle en avait cent. Elle jouera avec la fille de Maria, les fils d'Aria et ils seront comme ses cousins. Ce sera sa famille.

Je lui parlerai de Lorenzo comme l'homme le plus parfait au monde et je laisserai ses défauts de côté, si j'arrive à en trouver un jour. Je raconterai le plus d'anecdotes possibles sur ma jeunesse. Je dirai à quel point Carlos était formidable. Je parlerai de lui comme mon sauveur. James n'existera pas. Gabriella, Enzo et Angelo non plus. Ils seront morts à mes yeux, et aux siens, ils n'auront jamais exister. Elle ne les connaîtra pas.

Je ne vivrai plus jamais dans le peur. Je ne chercherai pas à terminer ma stupide vengeance et ce, même si la pensée de les voir en vie et heureux me tracasse jusqu'à ma mort. Je ne les tuerai pas. Je ne tuerai plus personne. Jamais au grand jamais. Je m'en fou de rompre une promesse que j'ai une fois fait a un homme désormais même plus la. Mon enfant, ma fille ou peut-être mon garçon, mérite une mère qui sait surmonter des obstacles dans la vie. Je serai son modèle. Forte, indépendante et pourtant toujours joyeuse et gentille avec tous.

- Est-ce que tu te rends compte de l'addon que cela serait si toi, Aria et moi avions chacune des filles?

- Ce serait quelque chose, en effet.

Ce n'est pas une idée qui me déplait. Même que cette image me comble de joie. Nos trois filles, toutes âgées du même âge, jouent dans le jardin jusqu'à ce qu'elle découvre que parler de garçons c'est bien plus amusant. Ensuite elles auront toutes leur crise d'adolescence et elles découvriront qu'être bêtes et méchantes envers n'importe qui c'est mieux que tous.

- Mais ce serait quelque chose de bien, non?

- Ce serait mieux que bien, ce serait parfait.

Ses mots me rassurent. Ils me donnent une raison de plus pour résister à la tentation de retomber dans mes anciennes habitudes.

Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant