Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)

Chapitre 28: Erreur

Lorenzo

Ça fait une semaine qu'elle agit d'une manière anormale et je sais pertinemment ce qui a engendré cela. Depuis que nous sommes allés voir Lockwood, quelque chose hante férocement sa tête. Elle ne dort plus et j'ai toujours l'impression qu'elle en fait trop. Elle rit plus fort que normalement à mes horribles blagues. Elle parle plus fort, comme pour faire taire les voix dans sa tête. Mais surtout, elle n'ose plus me toucher. Ses doigts n'ont pas frôlé mon corps depuis cet étrange rendez-vous.

Je lui laisse le temps qu'elle désire, mais je commence à me poser de sérieuses questions. Ce qui terrasse son esprit a certainement un rapport quelconque avec moi et je n'aime pas ça du tout. Je déteste l'idée de lui faire du mal inconsciemment. Qu'ai-je fait, cette fois-ci? Cette question me hante désormais autant que son secret la ronge de l'intérieur. J'ai besoin de savoir ce qui se passe dans sa tête et elle a besoin d'en parler, c'est évident, alors pourquoi ne le fait-elle pas...

- Et voilà, c'est exactement ce que je te reprochais il y a quelques instants, déclare-t-il, un fond d'énervement dans la voix. Tu ne m'écoutes pas, tu ne m'écoutes jamais. Trop occupé à penser à ses beaux yeux.

- Ce n'est pas mon genre et tu le sais bien.

- Ce n'était pas ton genre. Maintenant, ce l'est.

Je soupire et passe mes mains dans mes cheveux, comme si cela pouvait me ramener à la réalité. Pietro n'a pas tort. Je ne l'écoute pas et pourtant, ce qu'il dit est très important. C'est juste qu'elle occupe entièrement mon esprit depuis un moment. La nuit, je rêve d'elle. Je fantasme sur son corps. Je fais des cauchemars du jour où elle me quittera. Et le jour, elle ne me lâche pas. Elle hante mes pensées avec force et ténacité. Je ne peux pas arrêter de penser à elle, à ce qui la tracasse, à ce que j'aimerais lui faire, à ce que nous avons fait et à ce que nous deviendrons plus tard.

- Je suis désolé, m'excuse-je calmement. Continue ce que tu disais. Je t'écoute maintenant.

- Merci, dit-il durement pour montrer son mécontentement. Ce que je disais, avant que tu cesse de m'écouter, encore une fois, c'est que ta sœur commence à être un plutôt gros problème. Il y a eu un raid hier soir, dans un de tes bars. Cinq de nos hommes sont morts et trois innocents ont été touchés. C'est mauvais pour le business, ce genre d'attaque, et tu le sais parfaitement. Il faut qu'on fasse quelque chose.

- Tout est sous contrôle.

Il fronce les sourcils, incertain de bien comprendre. Il sait ce que cela veut dire, mais il peine à y croire. J'ai laissé le temps filer. Les semaines, puis les mois. Elle commence à être de plus en plus brutale et de plus en plus régulière. Ça ne m'inquiète pas. Ça ne m'a jamais inquiétée. Ses attaques sont vaines. Elles ne font que m'effleurer. Si je la laisse faire, c'est juste pour lui donner l'espoir de me vaincre avant que je l'écrase violemment sous ses yeux. Je sais où elle se trouve en tout temps. Je sais son plan mieux qu'elle le connaît elle-même. Je mène les ficelles depuis le début. Je ne fais que m'abstenir de la prévenir.

- Pourrais-tu t'expliquer un peu mieux? Demande-t-il, un sourire avide sur les lèvres. Je ne suis pas certain de bien te comprendre...

- C'est bien ce que tu penses, Pietro. Cette salope paiera.

Pour la première fois depuis longtemps, je tremble face à un homme. Le plaisir que je vois naître au fond de ses prunelles glaciales me terrifie. Il m'empêche de bouger, et même de parler. Je n'ai pas l'habitude de réagir ainsi, mais le voir ressentir une telle jouissance à l'idée de torturer une femme, cet homme qui normalement est si calme et sage, provoque en moi une peur que je ne connaissait pas. De la part de quinconce, cela ne me ferait rien. Par contre, que Pietro agisse ainsi, c'est une toute autre chose.