Chapitre 24: Baisée provocateur

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Sabrina

Je n'ose plus relever la tête, car son visage me donne envie de vomir et que je n'ai pas envie de me salir encore plus que je ne le suis en permanence. Le camion roulent depuis des heures et le crissement constant des pneus commence à me rendre folle, mais je ne veux pas rompre le silence. Je ne veux pas lui parler. Sa voix est encore pire que son visage.

Mes chaînes sont lourdes et mes menottes enserre ma peau, ce qui laissera sûrement une marque rouge autour de mes poignets. Le banc sur lequel je suis assise depuis des heures est froid et si dur que je ne sens même plus mes fesses. J'ai mal partout, du dos jusqu'à mes chevilles qui sont, elles aussi, enserrées par de grosses menottes.

Une horrible migraine s'immisce lentement en moi, car j'ai toujours détesté les trajets de voitures et encore plus depuis qu'ils n'amènent souvent rien de bon. Mais ce qui cause principalement cette douleur, c'est la même couleur terne, un gris acier, que je regarde encore et encore. Il n'y a pas de fenêtre à l'arrière de ce camion et il n'y a aucune décoration. C'est de l'acier par-dessus de l'acier.

Tout ceci me donne envie d'hurler, un simple cris long et fort. Je suis furieuse et triste, mais en même temps, je ne ressens rien. Ce fait, je sais d'où il vient et ça m'enrage, car je ne peux rien faire pour y remédier. Ils m'ont brisés et même si Lorenzo à essayer de réparer la petite partie de moi qu'il a tué à force de jouer avec, contrairement aux autres, cela n'a servi à rien. Je me suis perdue, moi aussi.

- Je te hais, laisse-je échapper faiblement, une larme coulant le long de ma joue.

- Je me hais aussi, ne t'inquiète pas...

Il ne prend même pas la peine de relever les yeux du sol, il se contente de le fixer, lasser de tout. Son culot me donne envie de l'étriper pour qu'ainsi son joli sourire et son doux regard disparaissent à jamais. Il est si beau et pourtant si cruel, ce n'est pas juste. Cela ne devrait même pas exister, car mon dieu que ça peut être destructeur. Il est impossible de lui résister et il a beau me donner envie de le tuer, mon cœur ne peut l'oublier complètement.

Comment pourrait-il? J'ai failli l'épouser. Il ne fallait que cinq ou six mois de plus et en ce moment, je porterais son nom. Je l'ai aimé pendant si longtemps et si fort. Certes, je pensais souvent à son frère, même que je l'ai utilisé pour l'oublier, mais j'ai fini par réellement l'aimer. Il me protégeait, me comblait de bonheur et il me bordait de si beaux rêves. Ça blesse... ça blesse vraiment. Ce n'était qu'une putain de mascarades, toutes ses années. Quatre ans de ma vie est complètement faux, c'est horrible.

- Tu ne prends même pas la peine de me regarder dans les yeux, tu es lâche. Tu m'as détruit. Tu t'es jouée de moi, tu m'as utilisé et tu m'as humilié. Nous avons partagé le même lit un million de fois, nous avons même passé des nuits ensemble, nous avons parlé de tout et de rien, je t'ai avoué mes peurs et tu m'as avoué les tiennes. Était-ce, au fond, tout faux? Je ne peux pas y croire, je ne veux pas y croire...

- Non, je ne t'ai jamais aimé et je suis désolé si ça fait mal, rétorque-t-il durement, ne prenant même pas le temps de réfléchir. Il y avait pourtant quelque chose entre nous, quelque chose que je ne peux pas expliquer avec des mots. Tu as changé un truc en moi, tu m'as changé okay exactement... Avec ton joli sourire, tes douces paroles et tes beaux yeux verts. C'était réel, nous étions réels. C'est juste que ça fait un mal de chien et que absolument rien d'autre que sa souffrance ne peut combler ce vide en moi. Tu ne peux même pas n'est-ce qu'imaginer la douleur que c'est d'être le perdant d'un jeu que tu ne connais même pas, de ne pas être assez pour ton propre père. Alors oui, je t'aimais peut-être, mais cette infime chance d'être normal et réparé n'était pas suffisante pour que je renonce à tout.

Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant