Chapitre 27: Deux pour un

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Sabrina

Le silence qu'il impose volontairement est le plus horrible châtiment que je n'ai jamais dû endurer et surtout, le plus douloureux. Je suis certaine que si ce n'était pas lui qui me punissait, mais un autre, tout serait bien différent. Je ne souffrirais pas autant, car je n'y prêterais aucune attention. Ça ne me dérangerait aucunement.

Mais avec lui, ce n'est pas la même chose. Il possède une grande place dans mon cœur, si ce n'est pas s'il possède presque mon cœur entier. J'ai été tant stupide d'éviter sa question comme si le seul fait d'accepter ses sentiments envers moi m'effrayait. J'aurais pu lui dire que je ne ressentais rien, tout comme j'aurais pu lui répondre un milliard d'autres réponses déjà mieux que celle que j'ai dite sous le coup de la pression.

Aujourd'hui, je me rends enfin compte que c'est si facile de tout foirée et ce, même si c'est extrêmement difficile de tout construire. J'ai l'impression qu'une relation ayant pris des années à se former et se solidifier pouvait entièrement se détruire en un simple claquement de doigts.

Il ne faut qu'une seconde, qu'un mot ou même qu'un seul regard pour que tout s'effondre, nous obligeant à tout reconstruire du début ou à abandonner par peur que cela se reproduise inévitablement à chaque fois, tel un boucle sans début et surtout sans fin.

Ce matin, alors que Lorenzo mange son petit déjeuner face à moi depuis presque une trentaine de minutes et qu'il n'a toujours rien dit, j'ai la preuve que ce que je pensais était vrai. Nous avons pris des années et des années à essayer désespérément encore et encore de construire une relation saine et belle entre nous, mais malgré tous nos efforts il n'a fallu que d'un mot pour que tout s'effondre. J'ai l'impression de l'avoir perdu à jamais... Non, en fait, je l'ai réellement perdu jamais. Ce n'est pas une impression, c'est la vérité.

- Lorenzo, je-...

- Ferme-la, me coupe-t-il calmement, comme si le simple effort de hausser la voix lui était trop coûteux.

Ses yeux sont mis clos, scellés, depuis le début, sur le bois de cette grande table seulement occupé par nous ce matin. Le fait de plonger dans mon regard lui fait trop mal, alors il ne le fait plus, il n'ose même pas le croiser. Qu'est-ce que j'ai fait?

- S'il te plaît, laisse-moi parler, laisse-moi m'expliquer, le supplie-je.

- Je t'aime, réplique-t-il avec autant de calme qu'avant, comme si ses mots n'avaient aucune valeur à ses yeux et qu'ils étaient complètement banals.

Je me tais, ne comprenant pas à quoi il joue ce matin. Je sais pertinemment que son esprit est malin et manipulateur, mais en ce moment, c'est autre chose. Il est juste... blessé et tel n'importe quel homme, il essaye de se protéger contre de futures blessures. C'est un mécanisme d'autodéfense que tous possédons en nous, mais que peut on besoin d'utiliser un jour d'en leur vie.

- Plus trop envie de parler, hein? Je n'ai qu'à prononcer le mot pour que tu te cloues dans le silence. C'est pathétique.

- Je... je ne m'y attendais simplement pas. Tu ne peux pas-...

- Ne prends pas le temps de t'expliquer parce que sérieusement, je m'en fou. J'ai compris, tu ne m'aimes pas ou au moins, tu n'as pas le courage de l'avouer, car au fond, même si tu ne veux pas me le dire, je sais pertinemment que je te dégoûte toujours autant qu'avant. Je suis un horrible tueur sanguinaire et tu ne peux pas accepter le fait que tu l'aimes, cet horrible tueur sanguinaire. Ne t'en fais pas, tesoro, je vais alléger tes épaules comme je l'ai toujours fait depuis des années. Tu n'as plus à choisir entre tes morales et moi, car je ne t'aime plus, enfin, plus assez pour essayer. Tu me dégoûtes... et sérieusement, je comprends pourquoi tu vis toutes ces horribles choses. Ton caractère de merde, ta grande gueule et ton manque de politesse flagrant les provoques. Apprend à vivre et tu seras respecté, je te le promet.

Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant