Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)

Chapitre 29: Fatale

Sabrina

Un goût d'amertume me brûle la gorge depuis qu'il est parti sans même me prévenir. Ni mot ni excuse ne m'attendaient quand je me suis réveillé ce matin. J'étais simplement de nouveau seule. Il s'est enfuit. Encore. Je ne sais pas où, pendant combien de temps ni même simplement pourquoi.

Le pire, c'est que je m'y attendais un peu. Il a toujours été ainsi. Simulant si bien qu'on dirait que c'est vrai. Pourtant, ce ne l'est jamais. Ses sentiments sont aussi faux que ses supposés morales. Lorenzo n'est qu'une illusion. Une illusion si belle et enivrante qu'on finit par croire qu'elle est vraie alors qu'elle ne l'est pas. Je suis toujours la première à y croire. Je veux y croire. J'espère qu'il a changé et que cette fois-ci, c'est vrai. Ce ne l'est jamais.

Il finit toujours par partir, incapable d'accepter ses putain de sentiments. Je n'ai rien à dire aujourd'hui, contrairement aux autres fois. Je suis trop habitué à ce traitement pour n'est-ce que feinter que cela m'atteint. Par contre, quand il reviendra cette fois-ci, s'il revient, il comprendra bien vite que c'était la fois de trop. Si je suis pour garder cet enfant, il ne grandira jamais avec ce genre de parent. Je me le promet.

- Où est-il?

Ça doit être la millième fois que je lui demande depuis le début de la journée et il n'a toujours pas cédé. Il m'impressionne, car moi, à sa place, j'aurais flanché depuis longtemps. Mes mots sont crus. Ils ne renferment aucunes autres émotions que la haine et une rage folle. Si je veux savoir où il est, ce n'est pas pour me blottir dans bras comme je l'ai fait auparavant. C'est pour le gratifier de la plus belle gifle qu'il n'a jamais reçue de toute sa vie.

- Aller, Pietro... Je pensais qu'on était ami, qu'on pouvait se faire confiance. Tu me déçois.

Il soupire et tourne sa chaise pour faire face aux flammes plutôt qu'à moi. Il les fixe intensément, comme s'il pouvait y voir quelque chose que je ne pouvais pas. Lorenzo agit ainsi, lui aussi. Chaque fois que je me retrouve dans ce bureau, à lui hurler dessus parce qu'il s'y cacher jour et nuit, il tourne sa chaise vers la cheminée et se calme grâce aux flammes.

Je ne sais toujours pas pourquoi ils sont si enivrés par elles. C'est peut-être leur couleur vives qui les rendes si attirantes ou c'est peut-être le crépitement bruyant qu'elles produisent qui les envoûte autant. Tout ce que je sais, c'est que moi, je les trouve plutôt ennuyantes. Ce n'est qu'un feu au finale. Rien de plus, rien de moins.

- Dis-moi où il est et je te laisserai tranquille, promis, essayé-je de nouveau.

Il dérobe enfin ses yeux de la cheminée et les plonge dans les miens pour m'avouer silencieusement quelque chose qui me laisse un froid dans le dos. Tout mon sang se glace malgré la vitesse époustouflante à laquelle mon cœur bat sous ma cage thoracique.

- Il ne t'a pas prévenu toi aussi, c'est ça?

- Je ne sais pas où il est, mais j'ai eu une petite idée. Seulement, si c'est vrai, alors je sais pertinemment qu'il ne te voudrait pas là. Il me tuerait s'il savait que je te l'avais dit.

- Et depuis quand le crains-tu? Rigole-je.

Pietro, pour sa part, ne semble pas autant apprécier que moi mon humour durant ce temps qui devrait être moins choyé. Il n'est pas d'humeur pour les plaisanteries en ce moment et c'est évident. C'est comme s'il était plongé dans un second état.
Ses mouvements son las et la manière dont il parle est lente et calme. Elle ne possède aucune irrégularité. Il ne se sent vraiment pas bien. Je ne l'avais jamais vu ainsi et je dois avouer que cela m'inquiète beaucoup.

- Où est-il, Pietro? Je redemande une toute dernière fois.

Ma voix est aussi douce que la sienne, aussi calme, aussi régulière. Je n'y met aucune violence ni aucune pression. Une fois détendu, il parlera, me dis-je. Je ne me trompais pas, car quelques secondes plus tard, après y avoir pensé longuement, quand il ouvre la bouche pour parler, je suis certaine qu'il me l'avouera enfin: