Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)

Chapitre 23: L'enlèvement

Sabrina

Je garde la tête froide devant ses hommes, retenant mes larmes de couler, et je ne les laisse inonder mon visage qu'une fois que je suis entouré par une centaine de corps saouls. Je me cache dans la foule, la tête baissée pour dissimuler mes larmes. La forte musique s'occupe de rendre mes sanglots inaudibles aux oreilles des autres. Je passe inaperçu dans une mare de personnes, comme si j'étais enfin redevenu normal, mais ce n'est qu'une illusion. Un mensonge de plus.

Comment est le seul mot qui rôde dans ma tête en ce moment. Comment ai-je pu ne pas remarquer la peine dans son regard, la même que la mienne et même encore pire? Comment ai-je eu le culot d'affirmer que son enfance n'était rien? Comment ai-je pu penser qu'il aurait pu rester sain après ce qu'ils lui ont fait subir? Comment ai-je pu le juger? Comment a-t-il réussi à survivre, enchaînements les trahisons, les douleurs et les traumatismes un à un?

Je me sens coupable, coupable de ne pas avoir su le comprendre plus tôt, coupable d'avoir enfoncé le couteau dans ses plaies. Ma vengeance était inutile, car il était déjà bien assez blessé et détruit. Il s'est fait violé, lui, le grand Lorenzo Liziri qui a eu le culot de me faire vivre la même chose. J'ai envie que mes larmes me noient jusqu'à me faire suffoquer. Ses peines sont si profondes et douloureuses que le simple fait de me les partager m'achève.

Je la ressens désormais, moi aussi. Je comprends comme cela devait être horrible de sentir les mains de sa belle-mère se balader sur son corps jours après jours pendant plusieurs années. Je comprends aussi sa honte. Je me sens sale, moi aussi, et je le vois dans mon miroir quelques jours. Il rigole, se moque du fait que je ne puisse l'oublier. Lui, à l'inverse, trouve que ce sont ses mains qui sont sales et non celle de sa belle-mère.

Il se trouve dans le tort, car, au fond, il croit qu'il avait le choix, ce qu'il n'avait pas. C'est trop tard désormais. À force de se faire répéter qu'il avait le choix, que c'était lui le problème dans l'histoire et qu'il a surement aimé cela, il a fini par y croire.

C'est un homme, un mafieux puissant et effrayant, rien ne l'atteint et rien ne devrait l'atteindre. Ce serait le malheur si quelqu'un venait à apprendre que Lorenzo Liziri s'était tut et avait encaisser en silence ses actes horribles. Il est rempli de remords, de honte et de dégoût, alors que c'était lui la victime dans l'histoire. Ce monde me répugne toujours un peu plus chaque jour et ce soir, sa révélation me le prouve encore plus.

Je joue des coudes dans cette foule dense, bousculant tous ceux qui ont le malheur d'être sur mon chemin. Ils ne semblent même pas remarquer qu'alors qu'eux boivent et rigolent, moi, mon monde s'effondre lentement. Et j'ai beau vouloir respirer, j'en suis incapable, car au fond, je ne le veux plus. La boucle est trop longue, douloureuse et difficile cette fois-ci. J'ai envie de la couper. Je veux que tout s'arrête.

Je me faufile entre les gens et retrouve assez rapidement Teresa et Pietro. Ils rigolent ensemble, échangeant quelques baisers jusqu'à ce qu'ils me remarquent. Je n'arrive pas à stopper mes larmes, elles embuent mes yeux et rendent ma voix tremblante. Je dois paraître très faible en ce moment et c'est le cas. Je suis anéantie, il a enfin eu raison de moi.

- Quelqu'un peut me ramener? Ose-je demander doucement.

Pietro soupire, pensant sûrement que Lorenzo a encore tout foiré avec moi, alors que c'est complètement l'inverse. Il s'est ouvert comme je lui ai supplié de le faire un million de fois, mais je n'ai pas su supporter le poids de son passé. Je le plein sérieusement, car je sais bien que moi je n'aurais pas survécu à la moitié de tout ce qu'il a vécu.

- Je te ramène. Pietro partira avec Lorenzo. Ce n'est pas grave, me répond Teresa avant que son petit ami ne puisse exprimer ses pensées.

- Ouais, bien sûr, déclare-t-il, s'efforçant d'arborer un beau sourire.