Chapitre 33: Révélation

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Sabrina

Lorsqu'il a tiré, j'ai senti quelque chose se fissurer en moi. Je n'étais pas touché, mais j'avais perdu. J'ai perdu quelque chose qui m'était cher, quelque chose que je ne pourrai jamais retrouver. Je me suis défendu, j'ai tout essayé et pourtant, me voilà ici, les yeux emplis de larmes à pleurer celui que j'aimais. Je l'ai aimé si longtemps, le plus longtemps que je le pouvais. Il avait beau tout faire pour que je cesse, il n'y arrivait jamais.

Il m'a blessé, encore et encore, il m'a manipulé et il m'a utilisé mainte fois pour ses propres intérêt, mais pourtant, au fond de moi, je n'arrivais pas à oublier l'amour engouffrant que je lui portais. Aujourd'hui, je n'ai plus ce choix. Il est mort. Je l'ai perdu à jamais: cet homme haïssable que j'ai su aimer d'une manière qui m'échappe, cet amour inoubliable, ces souvenirs à en faire rêver les plus fous, ces blessures qui ne partiront jamais et ces cicatrices ancrées dans la chair pour rappeler une ancienn vie aussi douloureuse que joyeuse.

Que je le veuille ou non, c'est une partie de moi que j'ai perdu ce soir et ça fait mal, atrocement mal.

Les talons hauts de Gabriella cogne contre le plancher vacillant, mené par les fortes vagues qui se sont calmées depuis que nous avons accosté la côte pacifique au niveau de Veracruz. Ils produisent un son aussi laid et affreux que son visage cruel. Tout d'elle me dégoûte.

Avant, alors que nous n'étions que des gosses et que l'alcool servait encore à s'amuser, je la trouvais ravissante. Son visage était sévère et ses lèvres toujours pincées en un amer rictus, mais cela lui donnait un charme. Elle semblait si gentille, incapable de faire du mal à une mouche. Je me suis trompé un sale coup sur celle-là et j'en ai payé le plein prix.

La partie que nous jouons n'a pas débuté lorsque j'ai couché avec James, ni même quand je suis tomber follement amoureuse de Lorenzo, mais plutôt lorsque je l'ai rencontrée, elle, près de dix ans auparavant sur cette belle plage paradisiaque. Depuis, nous ne faisons que modifier le jeu, ajouter de nouveau joueur et en perdre plus qu'on ne peut les compter.

Tant de gens sont morts à cause de nous. Plusieurs étaient coupables mais beaucoup étaient innocents. Nos attentats tue et nos balles encore plus. Si les parents craignent de laisser sortir leur enfants, c'est parce qu'ils ont peur que leur gosses se prennent une balle qui ne leur était pas destiné et si les hommes craignent d'aller travailler le matin, c'est parce qu'ils ont peur que leur bâtisse explose avec eux toujours à l'intérieur. Les femmes ne sortent plus après sept heures car elles savent qu'elles ont autant de chance de se faire agresser que de croiser une voiture.

Je ne sortais pas après sept heures, moi non plus. Maintenant, c'est à cause de moi que les gens ne sortent plus. Cette guerre m'a changée, elles nous a tous changer. Nous sommes devenus des monstres, ceux qu'ils voulaient tant qu'on soit. Au final, nous avons tous perdu. Nous avons tous beaucoup trop sacrifié dans cette vengeance pour en ressortir gagnant.

- Qu'est-ce que ça fait, Sabrina? Hein, ça fait quoi de perdre de nouveau?

Son ton moqueur ne m'atteint plus. Je souffre trop pour m'en préoccuper. Elle se moque de ma tristesse alors que je ne lui ai jamais rien fait, c'est pitoyable. Nous étions de bonnes amies, toujours ensemble à prendre la vie comme un jeu. Seulement, elle m'a trahi, aveuglé par l'amour et le pouvoir. C'est dommage, car je l'aimais beaucoup. Beaucoup trop...

- Cesse donc de rire, Gabriella. La vie n'est pas un jeu, ce ne l'est plus depuis des années. Mon dieu, ne remarque tu pas que tu es la seule? Toujours, encore et encore...

Captive du terrifiant Lorenzo liziri (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant