- Judith...
Torielle se retournait sans relâche dans les draps. Assise dans le lit, le dos appuyé contre le mur, je l'observais, impuissante. Son front dégoulinait de sueur, je pouvais le voir grâce aux faibles rais de lumière blanche qui s'infiltraient à travers les volets. Et elle répétait le même nom en boucle, encore et encore...
- Tu crois que je peux essayer d'apaiser son sommeil comme je l'ai fait lorsqu'elle était sous l'emprise de Domoto ? questionnai-je tout bas.
- Non, si Pourpre ne fait rien c'est qu'il doit bien y avoir une raison, me répondit Lara.
- Les hôtes peuvent aussi contrôler les rêves ?
- Ils peuvent les effacer ou alors réveiller leur piller, oui.
- Qu'est ce que je suis censée faire alors ?
Elle avait l'air de souffrir.
- C'est toi la plus douée pour les relations humaines.
Je m'allongeai à côté de Torielle. Elle haletait, le dos contre le matelas, ses paupières crispées vers le plafond.
Je cherchai sa main sous la couverture. Elle avait aussi les poings serrés. Tout son être semblait être contracté de douleur. Je craignais un instant qu'elle soit de nouveau menacée par le contrôle de Domoto.
Non, il ne peut rien lui arriver si je suis près d'elle.
- Torielle, murmurai-je.
J'aurais aimé qu'elle se réveille pour sortir de ce cauchemar, mais je ne voulais pas être trop brutale.
Ma main entourait la sienne sous la couette chaude, et elle finit par se détendre progressivement.
- Je suis là.
Toujours dans son sommeil, elle se rapprocha de moi et vint se coller contre ma poitrine et passa ses bras autour de moi. Elle replia ses jambes, comme un enfant qui se blottit contre sa mère.
- Judith...
- Tout va bien, soufflai-je.
Je lui caressai tendrement les cheveux. Elle semblait appaisée, et pourtant j'aurais juré voir une larme briller le long de sa joue.
*
Lorsque je fus réveillée par les rayons matinaux, Torielle n'était plus enroulée autour de moi, mais son bras droit subsistait sur ma taille. Elle dormait profondément. Ses cheveux noirs obstruaient son visage alors qu'elle était couchée sur le côté gauche, le visage face au mien. Je replaçai ses mèches derrière son oreille. La cicatrice à droite de son front apparut. Elle débutait à la lisière de ses cheveux et en suivait le contour jusqu'à milieu de son front. Je la frôlai de mes doigts. Elle ne broncha pas, le sommeil paisible. D'où pouvait bien venir cette cicatrice ? Et qui était cette Judith qu'elle avait appelé toute la nuit ?
Je me levai en reposant délicatement son bras sur le matelas. Je m'étirai, bras tendus vers le plafond blanc maculé, yeux rivés entre les rainures des volets qui laissaient apparaître la lumière du jour. La chambre de Bellamy était toujours aussi simple. Un ordinateur qui prenait une place importante sur son bureau, une armoire où j'avais pris les vêtements la veille, une fenêtre qui donnait sur le jardin des voisins, et un lit qui trônait en plein milieu.
J'allais souvent chez les parents de Bellamy quand j'étais petite. Ils habitaient assez loin de chez moi, mais plus près de l'école. J'allais dormir chez Bell le soir quand je ne voulais pas rentrer voir mes parents. Ou qu'ils n'avaient pas le temps de venir me chercher et me confiaient aux parents de Bellamy.
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L'ANTI-HÔTE [Partie 1]
Ciencia Ficción1ere place du concours de @Manon1005 dans la catégorie SF ^^ (Publication tous les jeudis) "Le projet 8180 a été mis en place par le gouvernement d'Algore, pour assurer la sécurité de ses habitants, sans se soucier du continent. Depuis plus de 30 a...