L'ANTI-HÔTE [Partie 1]

14. Rencontre

Athéna

Je n'en pouvais plus de courir, encore et encore. Ma vie portée par mes jambes. Fuir, toujours fuir inlassablement. Jusqu'à atteindre l'impasse. Bell me tirait par le poignet. Il courait plus vite. Il tenait plus le coup que moi, avec son bleu au dessus du sourcil. Et pourtant maintenant, il était peut être autant recherché que moi.

- Attends...

Il ne s'arrêtait pas, il ne m'entendait pas.

- Attends Bell, j'en peux plus.

Mes genoux se dérobèrent en même temps que mes yeux se remplissaient de larmes. Il ne me lâcha pas le poignet et amortit ma chute sur le goudron de l'avenue.

- On est presque arrivés, Tina. On peut le faire.

- Non j'en peux plus.

Il s'agenouilla face à moi. Tête baissée, je laissais mes yeux inonder le sol sec sous le soleil levant. Tout était calme autour de nous, comme si le soleil était revenu après la tempête. Tempête qui avait bien failli nous coûter la vie.

- Tu ne peux pas abandonner maintenant.

- J'ai...j'aie envie que ça se termine.

Il me prit les mains, me parla calmement. Je manquai d'air.

- On finira par trouver une solution. Maintenant on sait on ne peut plus se fier à personne. Pas même au gouvernement ? Tu comprends ?

J'hochais la tête péniblement.

- Donc si tu as la moindre envie d'aller te dénoncer, hôte toi cette idée de la tête.

- Je ne peux même pas faire confiance à mon propre hôte. Qu'est ce que je vais devenir ?

Je levai mes yeux plein de larmes vers lui. Sa peau café au lait qui scintillait sous le soleil m'apparaissait comme une tâche floue. Il soupira :

- Je suis sûr que ce n'était qu'un malentendu. Tu devrais en parler avec elle.

Il évitait de me regarder dans les yeux, là d'où Lara l'observait sûrement attentivement.

- J'ai pas envie de fuir et de me cacher tout le reste de ma vie.

Il saisit mon épaule droite.

- Écoute, tu vas venir chez moi...

- Non ! m'exclamais-je. Je ne veux pas attirer le danger jusqu'à chez toi. Et il vaut mieux que nous restions séparés.

Il sembla prendre un temps de réflexion.

- Oú sont tes affaires ?

- Sur le bateau, marmonnai-je.

Nous les avions oubliées là-bas, dans la précipitation.

- Tu sais quoi ? Tu vas retourner chez toi prendre d'autres affaires et dès que tu seras prête, tu viendras habiter chez moi, et nous trouverons une solution ensemble. Je ne te quitterais pas avant d'avoir trouvé un moyen de te tirer de là.