17 : Bercés d'illusions (1)

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- Tu es sûre que c'est ici ?

- Oui, j'en suis sûre, grommela Lara alors que j'attendais devant la porte depuis plusieurs minutes.

À bien réfléchir, cela paraissait logique. Le bâtiment du Service de Protection se dressait fièrement au bout de la rue.

- Tu as intérêt à faire vite, et à savoir ce que tu fais.

- Si elle voulait me dénoncer, elle l'aurait déjà fait depuis longtemps.

Mais Lara n'avait pas tort. D'autres membres des forces de l'ordre pouvait très bien se promener à proximité. Je devais être prudente. Même marcher dans la rue constituait un danger à présent.

- On trouvera une solution, acheva Lara. Je te le promets.

- Elle devrait nous y aider.

Je frappais deux fois à la porte, le souffle tremblant. Personne ne répondit. J'insistais. Une tête passa sous les rideaux de la fenêtre adjacente. Elle m'avait vu.

Le battant en bois ciré fini par s'ouvrir à la volée, pour dévoiler une Torielle en petite tenue légère dévoilant non seulement ses cuisses, mais aussi ses bras en partant des épaules tout en passant par le haut de ses seins. Même Lara n'intervint pas pour me faire une remarque. Heureusement elle avait eu la décence d'enfiler, en vitesse certainement, une petite robe de chambre en tissu. Ses cheveux noirs défaits et ramenés sur un côté de son visage, elle cligna des yeux un instant avant de réaliser qui venait de frapper à sa porte. Je venais sûrement de la tirer du lit.

Je ne dis rien, elle non plus. Elle me fit seulement signe d'entrer.

- Installe toi.

Elle me désigna une chaise dans sa cuisine autour de la petite table ronde. On voyait qu'elle vivait seule. Pendant ce temps elle s'éloigna en nouant sa chemise de nuit autour de sa taille, le bruit de ses pieds nus tapotant sur le carrelage.

- Tu veux un café ? me questionna-t-elle.

Je n'avais pas dormi certes mais je n'avais pas encore besoin d'un remontant. Et je détestais le café. Ce goût d'amertume me connaissait déjà beaucoup trop pour que j'en rajoute dans mes tasses.

- Non merci.

- Un thé ?

Elle se pencha en arrière pour pouvoir croiser mon regard caché derrière la porte de son placard.

- Pourquoi pas.

Elle n'allait tout de même pas y mettre un somnifère pendant que j'aurais le dos tourné.

- Elle t'inspire confiance ? interrogeai-je mon hôte en silence.

- Pourquoi ?

- Ton avis m'importe.

Un silence.

- Pourpre a été en quelque sorte mon mentor au début de ma formation. Je n'ai jamais vu un hôte aussi droit et fier qu'elle. Elle s'est trouvé un pilier à son image, donc je ne m'inquiète pas.

- En espérant que sa droiture ne l'amène pas à se découvrir un sentiment patriotique.

- Elle ne me dénoncera pas. Elle m'a toujours détestée pendant le peu de temps où nous nous sommes connues, mais elle ne le fera pas.

- Rassurant, balbutiai-je à voix basse cette fois ci sans aucune once de sarcasme.

Torielle se posta devant moi sur son plan de travail pour faire chauffer de l'eau.

- Ce sera café pour moi, m'annonça-t-elle en refermant le couvercle de la casserole. J'en aurais bien besoin, je suppose qu'il faut que je sois parfaitement éveillée pour entendre ce que tu es venue me dire.

L'ANTI-HÔTE [Partie 1] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant