15. Les stages de l'enfer

758 41 4
                                    

Je soupire, tentant de détacher les bras de Mina de ma jambe alors qu'elle pleure et gémit comme ça depuis dix minutes.

— Mais on va pas se voir pendant une semaine !

Je lève les yeux au ciel, regarde son visage déformé par une moue ridicule. Dans le salon, toute la classe est réunie, puisqu'ils partent en même temps pour leur stage, et du même endroit. La plupart regardent la scène d'un œil amusé, ou indifférent par habitude. Tous ont revêtit leurs uniformes, et tiennent leurs valises. Leurs costumes seront apportés dans le bus qui les conduira directement à la gare, où ils se sépareront.

— Mina, on se connait depuis à peine plus d'une semaine, c'est pas comme si j'étais devenue indispensable à ta vie.

Je ne prête quasiment pas attention à ses pleurnicheries, préférant porter mon regard dans la grande pièce en réfléchissant à mon potentiel petit déjeuner. Je suis descendue plus tard qu'eux parce que, comme Eraserhead les conduit à la gare, j'ai plus de temps avant qu'il ne revienne et qu'on ne commence l'entraînement avec l'autre élève dont, au passage, je ne sais toujours rien. Et ce n'est pas moi qui dirai non à quelques minutes de sommeil en plus après une nuit agitée.

Mais en tentant d'ignorer le toucher de l'alien rose qui se colle un peu trop à moi à mon goût, je tombe sur un regard brûlant que je ne préférerais pas croiser tout de suite.

Et pour cause ; la dernière fois que nous nous sommes retrouvés seul à seul, j'ai - totalement - perdu le contrôle de moi-même. Pas à cause de lui, mais d'un énorme enfoiré dont l'égocentrisme est plus grande que la Tokyo Skytree.

Peu importe. C'est certainement pas le moment de repenser aux émotions qui transparaissaient dans son regard quand il m'a aperçue au fond de ce couloir, à sa poigne douce lorsque, face à mon manque de réaction, il a saisit mon poignet pour me tirer dehors, ou à la douceur de-

Oula, je m'égare.

Je brise le contact visuel, et tout en continuant d'en sentir la brûlure, tente d'ignorer le regard du blond. Je ne lui ai toujours pas donné d'explications quant à ma... crise de panique. J'ai passé les derniers jours à éviter tout ce qui pourrait lui tendre une perche pour en parler. Je ne veux pas avoir à me justifier, sans doute parce que je n'ai rien à dire.

Mais il ne semble pas être du même avis.

Il a cherché à me tirer à part deux fois ces derniers jours, et je suis reconnaissante à Kyoka, qui, en interceptant mon regard, m'a sauvée la mise à chaque fois en m'interpellant.

Cette fille est un ange.

— ...et je ferai comment si je me sens trop seule, moi ?

— Il me semble que tu as ce qui s'appelle un téléphone et que tu peux t'en servir, Mina.

Je la prends par les épaules, et l'éloigne en un énième soupir. La capacité de cette fille à s'attacher aux gens en si peu de temps me fascine réellement.

Je finis par réussir à lui échapper et me préparer un bol simple de céréales en slalomant entre les élèves qui parlent, surexcités par les stages vers lesquels ils se dirigent. Je suis assez sceptique quant à l'idée de confier sa protection et sa vie à quelqu'un qu'on ne connait pas pendant plusieurs jours, mais je vais la fermer puisque ce ne sera de toute façon pas mon cas.

- Bien dormi ?

La voix de Kyoka retentit calmement à côté de moi, et alors que je me sers un verre de lait, je ne peux m'empêcher de lui répondre d'une voix moqueuse.

— Comme une merde. Et toi ?

— Plutôt bien. T'as vraiment une sale tête, t'aurais au moins pu te passer de l'eau sur le visage avant de descendre.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant