37. Ouais... mais non.

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Je ne prends le risque de m'aventurer dans les douches qu'une fois que les autres filles sont dans le bassin. En m'avançant dans une cabine de douche, je ravale la nausée que j'ai rien qu'à voir que les pommeaux de douches sont en hauteur, et impossibles à détacher.

Je me douche en prenant le moins de temps possible, et faisant attention à bien garder ma tête en dehors du rayon d'action du pommeau de douche, même si c'est désagréable –et que j'ai peu à peu l'impression de me déplacer une vertèbre.

Même si je ne m'y attarde pas plus que quelques minutes, la sensation de propreté qui me prend au moment où je finis me fait réellement un bien fou, après cette journée à se battre contre des monstres de boue.

Je sors de la cabine de douche avec une serviette enroulée autour du corps, ayant laissé mes vêtements en-dehors, sur un banc des vestiaires.

À ma droite, des rires retentissent derrière une porte de bois, qui doit sûrement mener aux bains où toutes les filles se détendent.

Avec un regard vers la porte de gauche, hésitante entre mon instinct de survie et mon envie d'aller jeter un œil du côté des bains, je pousse la porte de droite.

De l'autre côté, les vapeurs chaudes forment un léger brouillard flottant au-dessus du sol. La porte grince légèrement quand elle se referme derrière moi, et je regrette presque instantanément mon geste.

Qu'est-ce que j'attends au juste ?

Pourtant, je ne fais pas de pas en arrière. Le bassin est lumineux, et les reflets des étoiles s'y reflètent. La lune est belle ce soir, et les températures ne sont pas trop fraîches. Il fait même plutôt bon.

Le sol de carrelage gris s'étend jusqu'à un léger rebord de pierre, et derrière, l'eau est remuée par les corps nus des filles.

A ma gauche, un haut mur de bois est dressé entre les filles et ce que je suppose être, en entendant les voix qui me parviennent, le bassin des garçons.

Je contemple un instant la surface calme de l'eau. Elle n'est pas transparente, plutôt troublée par les produits qui ont été versés dedans, dégageant une épaisse odeur de fleur et de vanille qui me monte au nez sans pour autant m'étouffer.

Les rires et discussions des filles m'arrivent aux oreilles juste avant que Momo, accoudée au fond du bassin et qui discutait jusque-là avec une forme que je suppose être Toru, ne me remarque, et n'aborde de grands gestes dans ma direction, portant l'attention des autres sur moi.

— Rin, tu viens ?

Je me tends, fixant la surface de l'eau, dont s'échappe de la vapeur en volutes blanches.

J'entends plutôt que je vois Kyoka sortir de l'eau, enrouler une serviette autour de son corps, et m'approcher.

— Tu veux venir ?

En rencontrant son regard, ce qui me frappe le plus n'est pas, comme je m'y attendais, de la pitié, mais une inquiétude profonde qui me fait l'effet d'une bonne gifle.

Kyoka s'inquiète pour moi.

Et soudain, j'ai envie de rire face à l'idiotie de la situation. Parce que je sens que je suis sérieusement en train de réfléchir à tenter de poser un pied dans ce bassin, et à essayer de rationaliser. Si je ne mets pas la tête dans l'eau, tout va bien, non ?

Mais j'ai beau essayer de réfléchir calmement et de prendre une décision logique et résonnable, je sens mon sang battre dans mes temps, mon cœur s'affoler dans ma poitrine, et mes mains sont moites.

Lentement, je fais un pas en arrière. Je ne peux pas. Pas aujourd'hui. Pas alors que je sens si clairement une goutte de sueur me couler le long de la colonne vertébrale, et qu'un étau emprisonne mon cerveau, me foutant la migraine et l'impression que quelqu'un éclate ma tête contre un caillou.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant