26. Deux couillons dépressifs

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J'ai oublié mon téléphone et mes écouteurs sur le bord de la piscine. C'est la seule chose à laquelle je peux penser, et par conséquent m'en maudir, une fois remontée dans ma chambre. Allongée dans mon lit, je n'ai envie de rien d'autre que de me perdre dans un bon riff de guitare à fond dans les oreilles. Ah si, j'ai faim.

Je n'ai même pas envie de me lever, ni de faire un quelconque effort pour attraper de quoi me changer autrement les idées. J'ai juste envie de dormir, sauf que le sommeil ne vient pas et que j'ai peur de ce qu'il peut m'apporter d'autre que du repos.

Un long soupir quitte ma bouche.

Les volets sont grands ouverts, la nuit est tombée il y a quelques minutes à peine. Je ne sais plus vraiment depuis combien de temps je suis là. Je suis remontée presque robotiquement dans ma chambre, à un point tel que je n'ai pas vraiment souvenir d'avoir grimpé les marches, ni d'avoir ouvert la porte. Je dois pourtant bien l'avoir fait, puisque je suis là maintenant.

Je pourrais presque imaginer les mécanismes de mon réveil cliqueter, et les entendre régulièrement, toutes les secondes, alors que le silence est si pesant que j'ai les membres engourdis et lourds sur le matelas.

Ma respiration est un bruit si récurrent que je ne l'entends plus, et mes paupières se ferment maintenant lentement. Je ne prends pas la peine d'essayer de les arrêter, avec un peu de chance, le sommeil sera accueillant.

Deux coups résonnent derrière la porte.

Ce n'est pas la première fois depuis que je suis remontée. C'est la deuxième, à vrai dire. C'était Kyoka, la première fois. Elle voulait savoir si j'allais bien, et j'ai à peine répondu quelque chose à travers la porte, avec un ton joyeux surjoué qui n'a sans doute fait que l'inquiéter un peu plus. Elle a insisté pour entrer, être sûre que tout allait bien. Sous mon silence, je suppose qu'elle a fini par partir. La connaissant, elle guette le moindre signe étrange depuis l'autre côté du mur qui nous sépare.

Elle sait très bien que je ne l'appellerai pas, mais est là au cas où j'aurais besoin de support.

Mais je veux seulement être au calme.

Donc je ne réponds pas à la porte qui résonne de bruits encombrants, ni au silence qui me crie d'aller ouvrir, ni à sa présence à lui derrière la porte. Je n'ai pas besoin de l'entendre jurer à demi-mots derrière le battant en bois pour savoir qui est venu. En fait, je me demande presque à quel moment je n'ai eu besoin que d'entendre le son de ses pas pour savoir qu'il approchait. Et pourtant ; ce pas léger et pourtant énergique, je sais déjà qu'il ne peut appartenir qu'à lui.

Les prochains coups qui résonnent sont plus agressifs, suivis d'un juron.

— Eh ! Putain si t'ouvres pas cette porte, je te jure que je l'enfonce.

Je soupire de nouveau, mais me glisse en dehors de la chaleur jusque-là bienvenue des draps, coulant presque en dehors avant d'ouvrir cette saleté de porte.

La poignée est froide sous mes doigts, et son regard, brûlant devant mes yeux.

Il a une mimique, un plissement des sourcils contrarié, un froissement des lèvres. Me détaillant de haut en bas, son regard revient finalement sur le mien. Je m'écarte de la porte dans une invitation silencieuse à entrer, et il suit le mouvement, saisissant ma chaise de bureau pour s'y asseoir alors que je retourne sur mon lit en tailleur.

— Ça va mieux ?

Je devine à son ton que c'est une vraie question, et que je n'y couperais pas en un "oui" monotone. Il semble feindre de ne pas réellement s'en préoccuper, les bras croisés sur son torse, explorant calmement ma chambre des yeux.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant