55. Tous les héros ne portent pas de cape

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Quelques minutes après, je suis assise à la table haute de la cuisine commune de l'internat des professeurs, une tasse de chocolat chaud dans les mains, me réchauffant de sa chaleur bouillonnante, et un plaid moelleux installé sur mes épaules.

Devant moi, derrière la table sur laquelle ont été déposés des gâteaux et plusieurs papiers administratifs, Aizawa et Toshinori sont installés, se préparant sans doute à me faire le récit du procès. Je sirote mon chocolat par petites gorgées, en appréciant le goût sucré.

La salle commune est sombre, et traînent des traces des héros qui y habitent chaque jour. Un classeur, des manuels de cours et plusieurs trousses se sont échoués sur la table basse devant la télé, un des canapés est couvert de plaids, et de la vaisselle sèche à côté de plusieurs éviers. Cependant, ces présences ont totalement délaissé l'endroit pour l'instant, et seule la partie cuisine est allumée, projetant sur les murs des ombres mouvantes.

Je pose ma tasse sur la table, attirant l'attention des deux professeurs.

On a assez gardé le silence comme ça.

— Et si on commençait ?

Ils échangent un regard lourd de sens, et c'est le blond qui commence le récit.

— Tout d'abord, je tiens à dire que rien de tout ce qu'à fait Endeavor n'a aucun lien avec le lycée. Personne n'a voulu te tendre un piège. Je ne le blâme pas, parce qu'il a vraiment été marqué par la tragédie à l'époque, mais nous n'avons aucun lien avec ses agissements.

Je hoche la tête, mais frissonne au mot tragédie. J'avais pas vraiment pensé à cette éventualité, mais finalement ça n'aurait pas été si con que ça, si ils voulaient se débarrasser de moi.

— A vrai dire, ce combat a vraiment été un fouillis total, et quand on s'est aperçus de ce qui t'était arrivé, il était déjà trop tard.

— Je vais pas vous en vouloir sur ce point, vous en faites pas trop. Vous aviez aussi pas mal de choses à gérer.

Notamment sa carrière qui prenait fin, ses blessures, et les dégâts matériels autant que les médias et la population à rassurer.

Il acquiesce.

— On a pas pu empêcher les procédures judiciaires de commencer, et on pensait honnêtement que ce serait presque perdu d'avance, même avec un aussi bon avocat que Monsieur Ishina.

Je me rends seulement compte que je ne connaissais même pas le nom de mon avocat, alors que je lui dois beaucoup. Dire que je n'ai même pas été capable de le remercier comme il se doit, c'est pathétique. Il faudra que je pense à le faire, une fois cette histoire réglée.

— La rumeur selon laquelle tu allais être jugée s'est répandue, et même si personne ne connaît officiellement ton nom, beaucoup de curieux ont continué à tenter de supposer qui était réellement le "tueur de masse" d'il y a des années qui n'avait jamais été jugé.

Aizawa enchaîne, racontant que certains médias s'étaient emparés de l'affaire pour tenter de mettre la pression aux héros et à la commission, mais rien n'a été révélé.

— Sauf qu'une semaine et demie avant le procès, un jeune de vingt-quatre ans a contacté la commission, affirmant qu'il avait des informations sur l'affaire, et insistant sur le fait qu'il avait absolument besoin d'en parler à quelqu'un.

Je fronce les sourcils, mais ne les interromps pas. Ils ont apparemment beaucoup à m'apprendre.

— On a tous eu du mal à croire son histoire, mais il a été soumis à un alter de détection de mensonges, et il se sentait tellement coupable qu'il en tremblait de tous ses membres. Son alter se nomme amplificateur. Il est capable, en regardant quelqu'un, de pousser dans ses retranchements des émotions passagères. Il tourne une joie tranquille en réelle euphorie, et la colère...

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant