40. On n'est pas dans la merde, moi je vous le dis

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Je cours, les poumons brûlants à nouveau, et l'envie de me frapper montant de plus en plus. J'évacue ma colère contre moi moi-même en forçant mes muscles et mon alter à repousser les limites qui les restreignent.

Qu'est-ce qu'il m'est passé par la tête ?

Je suis une idiote. Débile. J'ai perdu la tête, il ne peut pas y avoir d'autre raison.

Le soleil tape dans ma nuque, j'entends les inflexions de Mandalei qui me dit que je peux m'arrêter puisque le signal a sonné après une session d'entraînement. Mais il faut que je sorte toute la soirée d'hier de ma tête, où je risque d'exploser sur place.

Idiote. Idiote. Idiote.

Et dire que même maintenant, je ne peux pas arrêter de penser à ce qu'il s'est passé hier.

Où plutôt, ce qui a faillit se passer.

Je ne devrais pas être déçue que nous ayons été interrompus par la sortie du bâtiment d'un membre des Pussycats. L'amertume ne devrait pas me consumer, avant que mes propres cendres ne soient brûlées par la frustration accumulée.

Je ne devrais pas continuer de me demander ce qu'il se serait passé si cette héroïne, que je déteste décidément de plus en plus, ne serait pas sortie. Si ses lèvres avaient touchées les miennes, m'entrainant dans quelque chose qui ne m'est pas seulement interdit pour l'instant, mais en plus est dangereux pour moi, pour lui, pour nous.

Il me semble que je m'étais promis de ne pas les impliquer plus que nécessaire. Et bien il semble aussi que j'ai lamentablement échoué, parce que même si je ne connais toujours pas le goût de sa peau, j'aurais beau fermer les yeux et rester dans le déni, l'ensemble même de la classe est constitué maintenant de gens qui sont réellement devenus des amis.

J'aurais tendance à dire qu'ils forment une famille que je ne m'étais pas attendue à trouver, mais ma seule famille restera l'originale. Néanmoins, je ne pourrais pas me voiler la face plus longtemps ; ils sont impliqués depuis un bail. Peut-être même depuis le jour où j'ai posé un pied dans cette classe, agacée et passablement ennuyée.

Et ces yeux qui ne cessent de flotter devant mes pupilles, comme imprimés au fer blanc sur ma cornée.

Je garde les yeux ouverts vers la luminosité du ciel d'un bleu très clair, pour tenter d'effacer cette lueur rouge qui me déconcentre depuis tout à l'heure.

Il faut absolument que je trouve le moyen pour moi de faire comme si rien n'était arrivé.

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— C'EST L'HEURE DU TEST DE COURAGE !

Je veux juste aller dormir. C'est vraiment si compliqué que ça à faire ?

"Test de courage". Ça ressemble à une torture mentale infligée aux élèves par les élèves sans réel autre but que détendre. Dormir, ça détend. Manger, ça détend.

Marcher dans une forêt sombre pendant de longues minutes en attendant que d'autres adolescents de notre âge tentent de nous faire peur en surgissant des fourrés sonne comme quelque chose qui se trouve être aux antipodes du mot détente.

Je préfèrerais presque être en cours plutôt que de faire ce truc.

— Navré de vous décevoir, mais les élèves en rattrapage vont venir avec moi pour un cours du soir.

— VOUS PLAISANTEZ ??

Ouais, nan. Dormir c'est bien aussi. J'ai parlé trop vite, j'ai tout sauf envie de rester le cul collé contre une chaise pendant des heures. Un cours du soir avec Aizawa, c'est synonyme de torture. Remarque, tout ce que nous fait faire Aizawa se rapproche plus ou moins de la torture. Ou plutôt, ça sonne comme de la torture parce que c'est Aizawa qui nous le fait faire.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant