52. Ironiquement, vivante

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— ...et suite à ce que j'appellerai une véritable honte administrative, ma cliente ici présente a été confiée non pas à un spécialiste juvénile, mais bien à un fou sans aucune qualification, que je m'emploierai à qualifier de sociopathe manipulateur.

Il y a des débats, au loin. Je crois que je reconnais cette voix.

Ils veulent parler du Docteur et de l'Autre.

Je ressens quelques exclamations de voix plutôt que je ne les entends. Un acouphène bat lentement de mes tempes à mes oreilles.

— Cela relève d'une pure honte gouvernementale dont ma cliente a été l'unique victime ! Et tout ça pour quoi ? Se débarrasser d'une enfant dont personne ne savait quoi faire !

Je suis fatiguée.

Je tangue, je crois.

Une main me saisit l'épaule et la replace droite, bien en face du pupitre de bois auquel je m'accroche.

— Son témoignage a déjà été lu, que ce soit celui d'il y a six ans ou celui d'il y a quelques jours, alors je vous prierais de bien vouloir nous laisser questionner l'accusé.

J'écoute le bruit de ma respiration.

— Bien. Mademoiselle Akamata ?

Je cligne des paupières. Le flou se dissipe. En un soupir, je tente de me frotter les yeux pour me clarifier les esprits, mais mes menottes m'en empêchent.

— Nous avons seulement besoin désormais que vous nous confirmiez les événements. J'ai ici en tant que témoignage audiovisuel douze extraits d'enregistrements de caméra de surveillance retrouvés sur place lors de votre extraction des lieux, il y a maintenant deux ans.

Je cligne des yeux, le temps d'enregistrer ce qu'on vient de me dire.

Attends, quoi ?

Des... caméras de surveillance ?

— Je demanderai à toute personne sensible de quitter la salle maintenant.

Tout va trop vite.

Ils ont quoi ?

Non.

De quoi parlent-ils ?

Quelques mouvements, frottements de tissus, des raclements de chaises. Derrière moi, des gens ont bougé. Devant moi, les juges se sont décalés, laissant apparaître un écran blanc derrière eux.

Je remarque pour la première fois des télévisions dans les coins de la pièce, écrans tournés vers les magistrats et vers le public qui s'allument lentement dans un grésillement au milieu des moulures de bois et d'or de la salle.

Mes yeux, comme ceux de tous ceux dans la pièce, sont attirés inexorablement par l'image qui s'y projette.

Du blanc.

L'image est prise depuis un des coins supérieurs d'une pièce cubique entièrement blanche. Les murs sont tapissés de coussins isolants de la même couleur, et la seule issue est une porte pareillement équipée qu'on devine sur le mur gauche.

La pièce est grande, pourtant il ne me faut pas plus d'une seconde pour savoir ce que je vais trouver à l'autre extrémité.

Une forme sombre, recroquevillée, qui remue à peine dans ce qui semble un sommeil agité. Des membres fins s'en détachent, grattent contre le sol mou. Un geignement retentit.

Un long pib.

Je frissonne. Je sais qu'il arrive.

La porte s'ouvre, mais il n'est possible de ne rien distinguer d'autre derrière qu'un trou noir dont s'extirpe lentement une silhouette rabougrie.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant