19. Tkt, tout va trèèèès bien

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Il fait noir. Il fait froid. J'ai mal.

Mon esprit flotte dans un état de semi-conscience douloureuse dont rien ne parait pouvoir l'extirper.

Quelques secondes ? Quelques heures ? Quelques années ?

Je ne sais même plus combien de temps je suis restée là. La mort m'attend peut-être au bout. Comme une amie qui m'ouvrirait ses bras après tant de sacrifices.

Je pouffe silencieusement, et il me semble bien avoir entendu un bruit qui ressemble à quelqu'un qu'on étouffe plutôt qu'à un rire. Bien sur que non, je ne suis pas morte. La mort ne fait pas mal. C'est un état qui n'en est pas un. Quand on est mort, on existe plus. Comment pourrait-on ne serait-ce que penser alors que notre corps ne fonctionne plus ?

Peu importe, au final.

J'ai mis du temps à m'en rendre compte –du temps ? je ne sais pas– mais chaque respiration semble difficile. Je ne sais même pas si ce sont de véritables inspirations, mais il me semble bien que des vagues de douleurs s'écoulent de mon buste à rythme irrégulier.

La douleur monte.

Puis c'est comme une vague qui me submerge. Je me noie sous la souffrance, parce qu'à chaque expiration, des aiguilles s'enfoncent dans ma poitrine comme dans une poupée de chiffon. Respirer fait mal. Ne pas le faire aussi.

Quelque chose ne va pas.

Mon esprit se brouille. Je crois distinguer mon corps qui se tend.

Devant mes yeux, un voile noir que je n'arrive pas à retirer. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je suis seule dans les ténèbres. J'ai mal, c'en est ignoble. Je tremble, je crois.

Puis le voile se déchire. Devant mon visage, une surface qui doit être le sol du terrain d'entraînement.

Je suis faible, si faible. Ma conscience s'évapore.

J'ai la bouche remplie de sang. Quelque chose ne va pas dans mon corps. Je meurs. Quoi ? Non. Je ne veux pas mourir. Tant pis si c'est égoïste. Je ne veux pas mourir. J'ai des points qui dansent devant mes yeux. Tout est si incompréhensible. Mes oreilles brûlent, mon corps brûle. J'étouffe. Mes inspirations se soldent par des échecs. J'ai mal.

Dans un sursaut d'envie de vivre sans doute, je sens mon corps se réchauffer. Je brûle maintenant, super. Mon alter réchauffe mes muscles, tire sur les cellules car c'est le seul moyen pour lui de continuer à exister. Je ne sais pas ce que j'ai, mais je me sens faible, et quelque chose dans mon corps ne va pas.

Du sang goutte de ma bouche, emplie du goût amer et acide du liquide.

Mon alter bouge en moi, je peux le sentir. Il déchire, replace, modifie. Il l'a toujours fait. Toujours sous mon ordre. Et cette fois-ci, c'est encore le cas, parce que s'arracher à l'étreinte de la mort demande plus de force que je ne peux en fournir seule.

Il y a eu un instant où la douleur a atteint son apogée, et mon corps recroquevillé contre le sol de sable et de graviers s'est tendu dans l'attente d'un jugement, d'une voie qui serait prise, bonne ou mauvaise.

Je n'ai pas le temps pour me demander laquelle est la bonne et laquelle est la mauvaise. C'est comme si l'instant s'étire dans un espace infini où je suis seule avec mes pensées, à patauger dans ma douleur.

On est toujours seuls avec la douleur.

J'entends des voix, je crois. Elles semblent paniquer. Je ne panique pas. Ça va aller, maintenant, je le sens.

Un dernier rouage s'active. Probablement un organe replacé. Un dernier frisson me parcourt.

J'inspire.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant