57. Je veux juste que tu saches qui je suis

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À nous deux, Blondie.

Je traverse les couloirs d'un pas moins déterminé à chaque pas.

J'entends encore sa voix quand le cramé lui a révélé mon secret. Je revois sa colère et ma trahison lorsqu'il m'a laissée derrière lui pour partir avec les autres. J'ai un reste de douleur, d'éclat planté dans la poitrine qui s'agite au souvenir de ce que je lui ai fait subir. Je ne sais pas si j'ai le droit d'avoir mal.

Je suis perdue.

Mais il y a bien une chose que je sais. Je dois aller le voir. Je veux aller le voir. J'en ai besoin. Peu importe si j'en ressors en morceaux, coupée de toute part. Je lui dois ça, après tout ce qui s'est passé, cette tornade de saloperies qui nous est tombée dessus.

Devant la porte de sa chambre, je m'arrête un instant. De nouveau, j'ai peur d'ouvrir cette porte. Parce que derrière, ce sera quitte ou double.

Une grande respiration. Je compte jusqu'à trois.

Un.

J'ai peur de sa réaction, oui. Mais j'ai le droit d'avoir peur, au moins. Ça, c'est quelque chose dont je suis sûre. Si j'ai le droit d'avoir mal, j'ai le droit d'avoir peur, même si je le garde pour moi. Bizarrement, cette pensée m'apporte un peu de réconfort.

Deux.

Cette fois-ci, je veux tout sortir. Tout ce que je veux dire, je le dirais. Et j'espère qu'il en fera de même. Je déteste les non-dits autant que tourner autour du pot. Je refuse qu'il flotte entre nous deux une sensation désagréable faite de ressentiments haineux qui ne sera jamais exprimée. J'ai beau être une merde pour parler de sentiments, je veux qu'il sache.

Et je veux savoir.

Trois.

Je toque à la porte, mais n'attends aucune réponse avant d'entrer. D'abord parce que je suis exténuée et que je voudrais quand même régler ça rapidement pour pouvoir aller dormir, et ensuite parce que je sais pertinemment qu'il ne répondra pas. De toute façon, ce n'est pas le moment de faire ma timide.

Et puisque le battant s'ouvre sans résister, c'est qu'il est là.

Dans la lumière de la lampe de son bureau, qui projette un halo doré sur le mur, il se tient debout, les bras croisés sur son torse, une expression fermée sur le visage, comme s' il savait déjà que c'était moi. Je me prends à espérer qu'il soit en train de m'attendre. Sachant que les autres avaient regroupé la classe, et que Eijiro a tenté de le faire descendre, il devait se douter que je viendrais. Sauf si il me prend pour une lâche, ce que je n'espère pas.

— Salut.

On saluera mon talent pour démarrer les conversations. Ah non, c'est vrai, j'en ai toujours pas.

— Alors c'est comme ça ? Tu reviens avec un simple salut ?

Il crache ses mots comme du venin. Là, pas moyen de se tromper ; il m'en veut. Pas qu'un peu. Je grimace.

— Que voudrais-tu que je dise d'autre ?

— Je sais pas, tu pourrais m'expliquer pourquoi tu nous as menti tout ce temps. Pourquoi tu m'as menti.

Aïe. Il tape où ça fait mal, mais je savais déjà qu'il était plutôt fort pour placer ses coups. Repérer les points faibles de l'adversaire, c'est une de ses spécialités.

Enfin une réaction normale. Quelqu'un qui m'en veut. Là, j'ai l'impression que c'est du vrai. Ça, c'est normal.

Je lève les mains en l'air.

— Je ne dirai pas que je n'avais pas le choix, si c'est ce que tu attends. Mais je m'excuse. Parce que vous méritiez pas de subir toute cette merde à cause de moi. Ça ne répare rien, je le sais, mais j'avais besoin de le dire.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant