18. Blondasse

622 37 22
                                    

Il est dix heures pile.

Le ciel est clair, les nuages d'un blanc pur. Une brise parcourt le large terrain plat. Mes cheveux volettent autour de moi. J'en recrache une mèche en grimaçant. Je les ai serrés en un chignon que j'avais espéré pas trop lâche.

C'est apparemment un échec puisque je suis en train d'en bouffer, mais au moins la plupart ne me retombent pas devant le visage.

Je peux distinguer au loin le lycée Yuei. Ses grandes tours bleutées se dressent derrière une rangée d'arbres, et plusieurs terrains à imitation urbaine.

Il est dix heures pile.

Devant moi, une petite femme blonde se tient, campée sur ses chaussures plates blanches. Sa chevelure jaune pisse lui entoure le visage, sublimant de grands yeux bleus. Son sourire s'arque d'un air guilleret sous son nez fin, et je commence à me demander s' il n'y aurait pas une chance que cette histoire se finisse bien.

Je me balance d'un pied à l'autre, pieds nus d'ailleurs, puisque j'ai dû revêtir cet infâme uniforme de sport encore une fois.

Je sens la présence d'Aizawa derrière moi, à quelques mètres. Même s' il n'a pas le droit d'intervenir –il a pris le temps de me le préciser quand je suis arrivée–, le savoir ici m'aide à me dire que ça ne partira pas en couilles.

— On va pouvoir commencer.

Je redirige mon attention sur la petite blonde devant moi. Sa voix est fluette, et sa bouche arquée en un sourire fin. Sa silhouette, entourée d'une blouse blanche, tient une tablette entre ses doigts.

— Ce sera uniquement un test sur ton alter, pour voir l'ampleur qu'il peut prendre, et ses limites.

Elle appuie sur sa tablette. Un cliquetis résonne sur mes poignets. Une lueur verte s'allume.

— J'ai désactivé tes menottes.

Menottes. Le mot résonne dans mon crâne. Il a des intonations de prison, de barreaux en fer. De peur.

— On a déjà des informations sur certaines de tes formes. Du coup, on ne se préoccupera pas du loup, du chat, et de l'abeille.

Je sais très bien ce que ça laisse. C'est pas pour m'enchanter, mais je tente de faire abstraction de la boule d'angoisse qui commence à se nicher dans mon estomac.

Calme toi.

— J'aimerais que tu me montres en premier la libellule. Seulement les ailes pour commencer.

Je hausse les sourcils.

— Il n'y a pas d'ouverture dans mon uniforme.

— Et bien enlève-le !

Elle a une pointe d'agacement dans la voix maintenant, mais reprend rapidement contenance et raffiche un petit sourire conciliant.

Je grimace.

J'ai de la chance, j'avais prévu une brassière de sport, et je ne suis pas particulièrement pudique.

Je retire rapidement mon haut. Je crois bien que cette dame me met de plus en plus mal à l'aise. Elle me fixe comme si je n'étais rien de plus qu'un sujet.

Elle détaille mes cicatrices, les tatouages qui s'étalent sur ma peau.

Quasiment instantanément, mes os, quelques muscles et ligaments jaillissent de ma peau, et forment dans mon dos deux paires d'ailes irisées et translucides.

Leur base frotte contre le tissu rugueux de ma brassière. Pas agréable. Je frissonne alors qu'un vent froid me caresse les épaules, et elles s'agitent aussi.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant