54. J'avais prévu de crever, mais apparemment, changement de programme

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"Je suis désolé."

La sentence tombe comme un couperet qui me prive d'air immédiatement. Pas question pour moi de montrer un air surpris. Je m'y attendais. Bien sûr. Ma déception est dure à cacher, mais je la contiens tant bien que mal derrière un masque d'attention neutre. Je n'ai pas le droit de montrer que je suis déçue. Je n'ai pas le droit de montrer que j'ai peur de me retrouver seule au fond d'une cellule comme cette pièce.

Parce que je le savais. Quoi d'autre aurait pu arriver ? Qu'ils allaient choisir bien tranquillement de relâcher dans la nature ce qu'ils considèrent comme un tueur de masse à peine humain ? Quelle blague.

Mais l'homme n'a pas fini de parler. Il prend une nouvelle inspiration, comme s' il devait saisir son courage à deux mains, ce qui est, à bien regarder, sans doute le cas.

— Tu n'es pas totalement libre.

Je fronce les sourcils.

Quoi ?

— Tu le mérites pourtant, mais je n'ai pas beaucoup de temps, et certainement pas assez pour tout te raconter. D'autres pourront s'en charger. Je vais aller droit au but. Il a été décidé que, comme les homicides n'étaient pas de ta faute, et que les erreurs de la commission t'ont faite purger une peine qui sera à jamais bien supérieure à ce que tu aurais dû endurer -d'autant plus en prenant en compte les sévices psychologiques qui t'ont marquée à vie-, tu as pris deux ans avec sursis pour trouble à l'ordre public, et obligation pendant le reste de ta scolarité de rester sous surveillance.

Quoi ?

— Je suis désolé de ne pas avoir pu faire plus. J'avoue qu'au début, cette affaire me paraissait perdue d'avance, mais tu n'as pas idée de ce qui a été découvert et tu pourras en remercier ton professeur le numéro un -ou ancien numéro un, du coup-, parce que sans ça, tu aurais été perdue. Mais tu méritais de pouvoir être vraiment libre, et je n'ai pas réussi à les en convaincre.

Quoi ?

— Malgré tout, tu as échappé à la prison, et je suis vraiment satisfait d'avoir pu t'y aider. Je ne sais pas si on se reverra un jour petite, mais si je peux te donner un conseil, c'est de vivre ta vie comme tu l'entends, et de n'écouter que ton cœur.

Quoi ?

Mon regard reste fixé sur lui, les yeux écarquillés, alors qu'il me fait un clin d'œil. Depuis quand cet homme est aussi bavard ?

— Dans les limites de la légalité, bien sûr.

Je cligne des yeux plusieurs fois, tentant de prendre en compte la myriade d'informations qu'il vient juste de me balancer à la gueule en bouquet.

Il vient de faire de l'humour ? Non, ce n'est pas ça le plus important.

— J'ai pris... deux ans avec sursis ? C'est tout ?!

— C'est déjà trop pour une innocente. Les gens se focalisent uniquement sur les mains du crime, et ne s'imaginent pas que des consciences différentes peuvent les animer. De nos jours, c'est presque un crime de penser de cette manière. Avec les alters, tout est devenu possible, et on ne le prend bien souvent pas en compte.

J'ai l'impression que mon esprit bouillonne de pensées, mais aucune ne parvient à sortir correctement de ma bouche. Je balbutie, tentant d'associer des syllabes pour formuler une question correcte.

— Mais- vous voulez dire que... je suis... libre ? Je vais pas en taule ? Genre là je vais pouvoir sortir ?

Ma voix finit dans des notes plus aiguës, j'arrive de moins en moins à penser de manière cohérente. Je n'arrive pas à y croire. Ça me paraît trop beau.

Lonely Wolf (Katsuki x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant