36 : Premier amour.

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Birdy - Wings

La voix de l'infirmière résonna en écho dans un coin de mon esprit, sans pour autant lui accorder une quelconque importance.

Je fixais cette lettre.

Sa main se posa sur mon épaule puis quitta la pièce en marmonnant quelque chose qu'elle est partie faire, j'inspire un grand coup avant de l'ouvrir. Toute tremblante.

Ma Myralda, Ma fille...

Si tu lis cette lettre, c'est que tu es à présent au courant de mon existence et sans doute noyée dans une rogne et une incompréhension démesurée. Ce qui est tout à fait légitime. Je voudrais tout d'abord m'excuser d'avoir été égoïste et lâche, peut-être parce que j'ai préférée t'écrire mes paroles sur une feuille vierge au lieu de te les faire ouïr. Comme tu le mérites. Je ne peut pas me montrer pour l'instant, j'ignore si un jour j'aurai en possession assez d'intrépidité pour te faire face, et t'expliquer les diverses raisons de mes décisions. Le jour où j'ai appris que tu étais encore en vie... il était déjà trop tard. Je ne pouvais rien faire pour te récupérer et te voir, regrettablement. Le soir de l'incendie, je t'avais demandée de m'attendre dehors afin d'aller prévenir ton père et nos amis du danger, et lorsque je suis revenue, tu n'étais plus là. J'ai criée, hurlée, pleurée la perte de l'homme que j'aime et de ma petite fille. Trois ans plus tard, j'ai appris grâce à Alexandre, que tu étais encore en vie. Néanmoins très très loin de moi. J'ai tout d'abord pleuré de joie, parce que tu étais encore de ce monde. Et j'ai fini ensuite par pleurer de tristesse, parce que je n'allais plus voir ton sourire et tes jolies yeux identiques aux miens. Parce que plus personne me demandait de lui relater une histoire avant de dormir. Parce que plus personne n'allais me demander de chanter une musique avant son sommeil. Parce que ma fille n'était plus là, présente sur ma table de travail, ses chips à la main, entrain d'observer sa maman faire à manger. Parce que tu n'étais plus là pour rigoler sur ton père et moi, quand nous dansions sous la neige comme des fous qui ne se soucient pas du reste du monde. Je pleurais parce que j'étais persuadée que tu seras en sécurité avec ta nouvelle famille. Ce qui n'étais malheureusement pas le cas. Je savais qu'un jour j'allais te récupérer, te voir, te parler, mais une grande peur en moi prit place, peur que tu m'aies oubliée... J'ai décidée alors de m'occuper des menaces qui étaient sur notre dos, ton oncle Myralda... Si ton oncle Boris apprend que je suis en vie, il me tuera avant de te tuer, et ainsi j'aurai brisée la promesse que j'ai faite à ton père, celle de venger sa mort et notre séparation. Tu es devenue une très belle femme comme je t'avais si bien imaginée pendant mes nombreuses nuits, je suis très fier de toi. Le fils à Kirsan et Saline n'a jamais été ton ennemi, fait lui confiance mon enfant et protège toi. Parfois nous devons remplacer notre haine par de l'amour afin d'éteindre le feu à l'intérieur de notre cœur, et l'empêcher de finir en cendre. Ne me déteste pas, je n'avais pas le choix... Je t'aime tellement, pardonne-moi.

Esmeralda, ta mère.

Mes doigts blanchirent à force de tenir la feuille si fort comme si elle allait m'échapper d'une seconde à l'autre. Mes joues étaient très humides à cause des larmes versées dès le deuxième mots de cette lettre.

Non non non non.

Je relis une deuxième fois pour être sûr des informations présentes, une troisième fois pour m'assurer que rien n'est le fruit de mon imagination, puis une quatrième afin de trouver une erreur de destinataire.

Ça ne peut pas être elle. Elle est morte.

Cette lettre est insignifiante, ses mots n'ont pas d'auteur, impossible qu'ils appartiennent à une femme qui n'existe plus de ce monde depuis presque dix-huit ans.

Cœur Cendré TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant