Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture)

I

Cirta ( actuelle Constantine)
134 Av. Jc.

Je contemple Bomilcar brandir sa lance sous l'éclat vibrant du soleil, immobile, son regard fixé sur le lion, à quelques mètres de nous.

Ce qui m'amuse le plus, c'est que je peux sentir son cœur battre à tout rompre en le voyant trembler.

— Si le lion sent ta peur, tu es condamné, Bomilcar, déclaré-je en m'approchant de lui.

— Mon seigneur, vous me perturbez, siffle-t-il entre ses dents. Tout son corps imposant tremble, et j'essaie de conserver mon ton neutre habituel, en dissimulant mon amusement.

J'observe la silhouette imposante du lion qui regarde l'autre horizon se dessiner contre le ciel azur, sa crinière dorée flamboyant sous les rayons du soleil, a la recherche d’une proie . J'imagine.

— Bomilcar, vise le point vital! Le torse, suggéré-je.

Mon impatience grandit.

Il inspire profondément, ses prunelles noires rivées sur sa cible. Sa lance fend l'air, tranchant la distance qui nous sépare. Le bruit sourd de l'impact résonne dans la forêt, et le lion rugit.

Il a manqué sa cible.

— Nom d'Agurzil ! Juré-je.

L'animal se fige un instant, tourne la tête pour nous faire face.

— Il est blessé, fait remarquer Bomilcar.

— Il ne l'est pas, ta lance a franchi le vide, je t'ai pourtant dit de viser son torse! Tu n'apprendras jamais à chasser si tu ne te concentres pas, sifflé-je, embarrassé tout en le scrutant. Tu dois apprendre à lire les gestes de l'animal.

Il fixe la bête de ses yeux noirs, force brute de celui-ci répond à sa détermination de nous pourchasser.

Il se dirige vers nous.

— Il s'approche! Lance mon acolyte, la voix brisée.

— Cours! Rugis-je.

Le sentiment de danger imprègne ma voix, me donnant envie de rire.
On se lance dans une course effrénée, nos rires insouciants résonnent dans l'épaisseur de la forêt. Nos pas cadencés, haletants, épousent la pulsation cardiaque de chacun de nous.

— Je vais attirer son attention ! Crié-je en jetant à la bête un des cailloux que j'ai à disposition, une habitude ancestrale chez moi de les ramasser.

Nous nous séparons, empruntant des chemins divergents pour échapper à la fureur du lion.
La bête se lance à ma poursuite, comme je l'ai prédit.
Je souris et, avec agilité, je m'élève sur l'arbre le plus proche, escaladant les branches sans prêter attention aux épines qui me piquent les mollets, habitué que je suis à ce genre d'escalade.

Le lion rugit avec force et bondit en bas, animé d'une fougue impressionnante.

Perché en hauteur, mes yeux scrutent l'horizon, cherchant désespérément une échappatoire, en vain. Je passe la main sur mes cheveux.

J'ai déjà chassé des bêtes sauvages par le passé, affrontant même un même félin, sans jamais parvenir à l’abattre. Une fois seulement, j'ai réussi à terrasser une lionne avec ma lance.
À présent, l'occasion se présente à moi, et je ne la laisserai pas filer. Affronter cette bête est la seule issue qui se présente.