Un duel d'honneur

20 4 24
                                    


Les Numantins pénètrent dans la tente où se tiennent le général et ses stratèges. Yugurten les observe . Ils semblent épuisés, affamés, mais leurs regards sont empreints de férocité, aucun signe de renoncement n'apparaît sur leurs visages.

Il croise les bras sur sa poitrine.

Scipion les examine avec hauteur.

— Que désirez-vous ? interroge-t-il, s'adressant au plus âgé d'entre eux, dont la barbe grisonnante contraste avec ses cheveux noirs, des rides parsemant son visage, témoignant de presque quarante années de vie.

—  Je suis Avaros, et je viens de la part des sages pour négocier avec vous, déclare le Numantin.

Le général jette un coup d'œil autour de lui.

— Quel genre de négociations ? demande-t-il en le parcourant du regard .

Avaros, agacé, rétorque :

— Nous demandons la liberté en échange de notre reddition.

Un éclat de rire général se fait entendre, à l'exception de Yugurten et du général lui-même.

— Je crains que votre demande ne puisse être acceptée, finit par déclarer le général. Vous devez vous rendre à moi, ainsi que votre ville avec toutes ses armes.

Avec fierté, Avaros n'insiste pas et quitte la tente en colère accompagné de ses compagnons.

— Ils s'affaiblissent, observe Scaurus en les regardant partir.

— Je crois que c'est le moment de les attaquer. Nos hommes sont avides de guerre, et ce siège dure plus longtemps que prévu, général, suggère Marius.

Yugurten perçoit la notoriété que Marius acquiert parmi ses hommes, et Scipion lui-même a de l'estime pour lui.

Le général secoue la tête.

— Nous n'attaquerons  pas Marius. Nous attendrons qu'ils se rendent avec la ville  et  succombent tous de faim. Je ne veux pas perdre nos hommes en vain,déclare-t-il en scrutant les environs.

Soudain, un cri perçant de femme, entremêlé à la voix de Fabius les interrompt. Le sang de Yugurten se fige dans ses veines. Les regards des présents convergent vers le tumulte, le prince se hâte de sortir.

La scène qui se dévoile devant lui fait bouillonner son sang de rage.

Fabius tient Tihya par les cheveux, proférant des paroles avec assurance, tout en s'interposant avec ses légionnaires pour contrer les actions de Sifal et Bomilcar.

— Cette femme appartient à la République, elle est Romaine, maîtrise parfaitement notre langue et est trop instruite pour être une simple Numide, clame-t-il avec véhémence. C'est pour cette raison que je dois la ramener auprès de ses compatriotes. Elle doit être interrogée ! crie-t-il à l'adresse de Sifal.

— Lâchez-moi ! proteste Tihya.

— Qu'est-ce que cela signifie ? demande le général d'une voix tonitruante.

Mais Yugurten a déjà franchi la distance les séparant, emporté par une colère incontrôlable.

Il saisit violemment Fabius par le col, sa rage montant en flèche.

— Je t'interdis de me défier ainsi. Cette femme est ma propriété.

— Yugurten, intervient Bomilcar en se plaçant entre les deux hommes, comme pour l'avertir de ne pas attaquer un Romain.

— Que comptes-tu faire, prince minable et sans titre  ? demande Quintus avec un sourire narquois. Tu ne peux pas t'opposer aux lois de notre République !

Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant