Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture)

La tentation des ruisseaux

Numance, Hispanie, 134 av JC .

            
               Yugurten ouvre les yeux, prenant un instant pour se lever, toujours allongé sur le sol. En ces temps de guerre, il médite sur la manière de persévérer, de poursuivre malgré le tumulte de la bataille. Puis, il se redresse pour accomplir ce à quoi il est habitué.

Cependant, il est surpris de ne pas trouver Tihya endormie sur le lit de paille habituel.

—  Tihya ? murmure-t-il à lui-même.

Le prince se redresse précipitamment, parcourt toute la tente du regard, et se hâte d'enfiler ses sandales en sortant rapidement de la tente. Il scrute dans toutes les directions, mais ne parvient pas à la repérer.

Il entre dans la tente de Bomilcar et le trouve plongé dans un sommeil profond. Il ferme les rideaux et se dirige ensuite vers la tente de Sifal, où il découvre ce dernier déjà debout, en train de revêtir son armure.

— Sifal ! l'interpelle-t-il.

—  Oui, Yugurten, y a-t-il un problème ?

Yugurten retrouve son calme, cachant habilement sa panique derrière son visage maîtrisé.

—  N'as-tu pas vu Tihya ? Demande-t-il.

Sifal lui adresse un sourire complice.

—  Je l'ai vue se diriger vers les ruisseaux voisins, déclare-t-il simplement.

Avant même qu'il n'ajoute quoi que ce soit d'autre, Yugurten disparaît déjà en direction des ruisseaux.

Là-bas, se déploie soudainement le spectacle le plus magnifique qu'il ait jamais contemplé , Tihya, telle une nymphe envoûtante, se tient nue.

Il s'approche, captivé par sa beauté. Elle prend un bain dans la rivière, l'eau glissant sur son corps parfait et ses fesses rebondies . Il est subjugué par elle, perturbé par son charme à la fois mystérieux et inaccessible. C'est la plus belle femme qu'il ait jamais rencontrée, surpassant même Agnès et Miyasa.

Elle  s'immerge encore plus dans l'eau, laissant le fluide frais caresser sa peau et pénétrer ses cheveux courts, il  la trouve encore plus séduisante avec cette coupe de cheveux qui effleure son cou. Ses mouvements sont gracieux, semblables à une danse avec les courants. Chaque courbe de son corps sublimée par l'eau qui la traverse.

Il la contemple, sentant sa masculinité s'éveiller, puis il se reprend immédiatement.

Cette femme éveille en lui la pire des sensations , celle de la vulnérabilité.

Une colère inexplicable monte en lui en pensant que Marius avait pû la surprendre .

Quel stupide demoiselle ! Pense-t-il.

—  Tihya, l'appelle-t-il en s'approchant du bord de la rivière.

La jeune fille sursaute en  se baissant sous l'eau.

— Vous auriez pu avertir avant d'arriver, remarque-t-elle.

Yugurten demeure perplexe devant cette réaction juvénile.

— Sors immédiatement de l'eau ! Ordonne-t-il avec fermeté.

— Je ne vais pas sortir en votre présence, réplique-t-elle, ses sourcils se fronçant légèrement.

—  Tu n'as pas pensé à tous ces hommes qui pourraient te voir ! s'écrie-t-il avec colère .

Tihya soupire, sa patience à l'épreuve.

— Détournez-vous, afin que je puisse enfiler ma tunique.

Il la dévisage un instant, puis se détourne. Ses pensées errent vers la perfection de ses courbes et tout ce qu'il pourrait faire à son petit corps délicat.