Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture)

Une rencontre avec un prince

Palais du roi Micipsa, Cirta , Numidie 134 av JC

Tihya peine à déployer ses paupières, tandis qu'une fragrance d'herbes médicinales relaxantes caresse délicatement ses narines, évoquant brièvement le faste du domaine de son père.

Cependant, les paroles échangées entre deux femmes, s'exprimant dans la langue berbère, lui révèlent la réalité de sa situation.

— Pourquoi Yugurten a-t-il choisi de ramener cette fille ici ? Risque-t-elle de devenir une distraction pour lui ? Tu sais bien qu'il n'accorde jamais d'importance aux échanges commerciaux de femmes, demande une femme d'un ton empreint d'interrogations.

Le bruissement de l'eau parvient aux oreilles de Tihya, ponctuant les paroles qui s'épanchent dans l'atmosphère.

—  Peut-être qu'elle peut lui être d'une quelconque utilité, répond l'autre femme d'une voix réfléchie.

— Mais qu'a-t-il donc vu en elle ? Est-elle d'une beauté exceptionnelle ? s'agace la première femme, dévoilant sa contrariété.

Sa compagne pousse un soupir, signe d'une lassitude tempérée.

—   Notre seigneur a ses propres raisons en l'amenant avec lui. Peut-être discerne-t-il en elle des attributs qui nous échappent. Concentrons-nous sur notre tâche. Agnès, réconforte la dame.

Tihya se redresse, ouvrant péniblement ses paupières lourdes, son regard se pose sur le plafond en bois qui la surplombe. Elle se redresse légèrement, scrutant attentivement les alentours avant de se lever d'un geste vif et décidé, en s'asseyant sur le lit .

—   Ah, enfin elle se réveille ! s'exclame la belle jeune femme blonde d'une manière hautaine qui ne laisse aucun doute sur son identité, probablement Agnès.

—  Où suis-je ? demande Tihya en portant sa main à sa tête.

L'autre femme lui applique doucement une compresse parfumée sur le front.

—  Vous êtes en sécurité, lui dit-elle avec un sourire bienveillant.

La femme est d'un certain âge, sa peau mate contraste avec ses yeux noisettes. Ses cheveux tressés encadrent un visage rond orné de tatouages au front et au menton, des symboles berbères révélant son héritage culturel. Une aura de bienveillance émane d'elle, à l'opposé de l'autre femme qui lance des regards verts b 'assassins à Tihya.

—  Vous êtes au palais du roi Micipsa, le prince Yugurten vous a ramenée du marché aux esclaves et nous a demandé de veiller sur vous, ajoute-t-elle.

Tihya a du mal à saisir la réalité de la situation. Sa vie est devenue un cauchemar, elle est désormais captive d'un homme, une possession insignifiante et vulgaire.

—  Le prince Yugurten ? demande-t-elle en se levant brusquement.

—   Tu as du mal à croire ce que tu entends ? C'est pourtant ce que tu as tenté de faire, t'évanouir pour attirer son attention, l'accuse la blonde.

—   Agnès, cela suffit ! gronde l'autre femme. Sors d'ici.

Agnès regarde Tihya avec malveillance avant de quitter la pièce. Comment une femme peut-elle l'accuser ainsi ?