Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture)

Le moment propice

Hispanie ( Actuelle Espagne/Portugal) 134 av JC

     
 

                  Aux pieds des collines d'Hispanie, baignées par de vastes vagues d'émeraude, la cavalerie numide progresse en direction du camp romain.

Tihya, entravée par une corde, est traînée par Yugurten qui la guide avec une force pénible pour elle .

— Ça sent le Romain , commente Bomilcar, avançant aux côtés de Yugurten, tous deux revêtus de leurs armures, boucliers appuyés sur leurs dos, dégageant une aura sauvage.

Un léger sourire se dessine sur le visage de Yugurten.

Tihya émet un ricanement.

— Mes paroles ne te plaisent pas, femme ? Remarque Bomilcar en se tournant vers elle.

—  Vous êtes pitoyable, réplique-t-elle d'un ton méprisant.

Yugurten tire un peu plus fort sur la corde, faisant trébucher Tihya, qui émet un gémissement.

Bomilcar éclate de rire .

—  Malheureusement, je ne suis pas enchaîné à une corde comme une bête sauvage, contrairement à toi , n'est-ce pas, Yugurten ?

Le prince  l'ignore, observant les alentours de la forêt qui se dresse devant lui.

—  Demande aux soldats de rester vigilants, ordonne-t-il à Bomilcar, qui obéit sans tarder.

Tihya suppose que Yugurten craint une attaque surprise des Celtibères¹, mais finalement, son inquiétude s'évanouit en apercevant le campement romain au loin, se dressant devant eux comme une forteresse militaire impénétrable.

—  Pourquoi ont-ils établi leur campement ici,  loin de la cité ? demande Bomilcar au prince en fronçant les sourcils.

—  Je pense que le général préfère attendre nos renforts avant d'embarquer,  répond celui-ci en explorant les alentours.

Tihya déteste ce que les Romains appellent conquête pour le peuple. Même quand son père en parlait, elle avait toujours l'impression que les Romains violaient la liberté des autres peuples pour leurs propres intérêts. Ce qu'elle veut, c'est seulement une existence de paix et sans violence. Bien qu'elle ait des connaissances limitées sur la conquête romaine de la péninsule Ibérique, elle est consciente de sa durée prolongée par divers facteurs complexes.

Le Sénat romain² , dépourvu d'une ambition expansionniste définie, se bornait à préserver ses possessions territoriales existantes tout en affaiblissant les adversaires potentiels.

Parallèlement, les peuples autochtones s'opposaient fréquemment avec une résistance farouche, infligeant maintes défaites aux légions romaines. Après la révolte des Celtibères et la soumission de l'intérieur de l'Hispanie, les Romains occupèrent la Lusitanie³ . Cependant, le berger lusitanien Viriathe⁴ orchestre une résistance efficace, remportant de nombreuses victoires contre les armées romaines. Ce n'est qu'après son assassinat par ses partisans que les Romains réussirent à le vaincre. Peu de temps après, ils s'engagèrent dans une guerre contre Numance, située entre l'Èbre⁵ et le Douro⁶.

Le consul Gaius Hostilius Mancinus⁷ capitula avec son armée face aux Numantins, jusqu'à ce que le Sénat décide d'envoyer Scipion Émilien pour leur résister.

Présente malgré elle dans ce conflit en tant qu'intruse à cause de ce prince maudit, éprouve un profond ressentiment envers lui ainsi que le sentiment pénible d'être à sa merci et à regarder l'injustice devant elle .