Marchandise

49 9 42
                                    

                    Tihya émerge difficilement de sa torpeur, contemplant le ciel nocturne étoilé, elle est  allongée sur une litière transportée dans un chariot tiré par deux ânes. À ses côtés, une  femmes qui  semble dormir , tandis que les brigands qui les ont capturées sont réunis autour d'elles, telles des ombres démoniaques.

Sa main effleure sa tête, toujours endolorie du coup qu'elle avait reçu.

Soudain, les souvenirs affluent dans son esprit .

Arris, Kaeso...

Elle se redresse brusquement, mais la réalité la frappe de plein fouet lorsqu'elle découvre des esclaves enchaînées en file indienne, escortées par des soldats. Pire encore, ces captives  sont des femmes, et elles sont entourées d'hommes armés.

— Ma belle, tu t'es enfin réveillée, lance l'homme à la peau sombre qui l'a frappée plus tôt.

Tihya le fixe, en l'assassinant du regard , et demande d'une voix tremblante :

— Où m'emmenez-vous ?

Les brigands éclatent de rire, l'ignorant avec mépris. C'est alors qu'une femme assise à ses côtés répond à sa question d'une voix douce mais résignée :

— Ils nous emmènent aux marchés d'esclaves de Cirta, où nous serons vendues comme concubines ou domestiques .

Tihya reste pétrifiée, incapable de saisir la réalité de ce qui se déroule. Elle, autrefois issue d'une noble lignée , se retrouve désormais sur le point d'être vendue comme une simple esclave.

Incapable de concevoir un tel destin, elle laisse ses pensées errer sur tout ce qu'elle a perdu, réalisant que tous ses sacrifices ont été vains.

— Non... Non ! Je ne peux pas être vendue comme esclave , crie-t-elle hors d'elle.

Le brigand la gifle violemment.

Elle  met sa main sur sa joue.

—  Tu vas te calmer ou je te jetterai comme repas aux lions errants.

Elle pleure toutes les larmes de son corps, la femme à côté d'elle lui caresse la main.

Le regard de Tihya se pose sur la lune, et elle implore la déesse Ayyur ou Luna, peu importe, de lui venir en aide, de guider Arris sur sa route pour la retrouver avant qu'il ne soit trop tard.

En ce moment d'angoisse et de désespoir, elle met tout son espoir dans le pouvoir des dieux, priant pour un miracle qui pourrait changer son destin à jamais.

*  *  *

Cirta, Numidie, 134 av. JC.

          Tihya, épuisée et exténuée, touche le bout de sa résistance. Après quatre jours de marche ininterrompue, elles sont  passées par un marché à Auzia où elles ont été  vendues à un marchand qui les transporta à Cirta.

Enchaînée sans répit, traquée sans relâche par les soldats brigands, elle est vêtue de haillons de la robe qui lui restait , ses pieds nus sont couverts de plaies. Ses cheveux, autrefois soigneusement entretenus, sont maintenant emmêlés, et son visage, marqué par l'épuisement, est pâle.

Elle a tout perdu .

sa vie, son avenir, sa précieuse liberté.

— Regarde, nous sommes arrivés !  s'écrie Tanaroz, l'esclave qui l'accompagne.

Tihya lève péniblement les yeux, se protégeant du soleil, alors que les grandes portes de la majestueuse Cirta s'ouvrent devant eux.

Les murailles imposantes de la ville rappellent les années de prospérité et de puissance dont jouissait cette cité.

Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant