Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture)

La perte

                           La vie est en grande partie un dédale d'épreuves. C'est un enchevêtrement d'échecs et de pertes. Les promesses sont souvent brisées par les autres. Les rêves soigneusement élaborés peuvent s'effondrer. Les cœurs, parfois, ne sont que des fragments brisés. Des âmes innocentes sont emportées. Et les instants les plus précieux, où tout semble se rejoindre harmonieusement, se font rares et s'évanouissent rapidement.

La vie se présente souvent comme un débordement de cruauté et de difficultés, une réalité où la souffrance trouve parfois plus d'espace que la joie.

Arris se réveille avec difficulté, émettant des gémissements de douleur à la suite des assauts brutaux des brigands. Son regard se dirige vers le ciel, désormais enveloppé par la nuit noire. Un tumulte incessant résonne dans son esprit, résultant du combat sanglant qu'ils ont dû affronter.

Dans l'obscurité ambiante, il scrute fébrilement son environnement et perçoit des gémissements de douleur. Ses yeux se posent sur Kaeso, ensanglanté et silencieusement en proie à la souffrance.

—  Kaeso, s'empresse-t-il de s'approcher de lui, s'agenouillant à ses côtés. La blessure de Kaeso est localisée à l'épaule, le faisant transpirer abondamment, sa peau se couvrant d'une sueur glacée.

— Tiens bon, mon ami,  murmure-t-il en déchirant un morceau de sa tunique pour en faire un bandage improvisé qu'il applique sur la plaie. Son regard se fixe sur la lance qui avait transpercé le corps de Kaeso, réalisant avec amertume que c'est lui-même qui l'avait retirée.

Arris tente de relever Kaeso, mais ce dernier refuse de coopérer, accablé par la douleur.

— J'ai vu les brigands capturer Tihya, parvient-il à articuler avec difficulté. Tu dois la retrouver.

Un frisson parcourt Arris.

—  Où les ont-ils emmenés ?  interroge-t-il, cherchant désespérément des indices dans les paroles de son ami.

— Aucune idée,  rétorque Kaeso entre deux gémissements, les contours de la situation lui échappant peu à peu.

La tâche qui se présente à lui s'annonce ardue, la perspective de perdre l'amour de sa vie de manière si cruelle le plonge dans une rage brûlante.

Il doit absolument la retrouver.

Une fois de plus, il tente de soutenir Kaeso, déployant toutes ses forces pour le porter.

—  Tu dois survivre, mon ami,  murmure-t-il enfin, conscient que son aide sera primordiale pour sauver Tihya de ce funeste destin.

Arris avance péniblement sous le poids de Kaeso sur son épaule. Ce dernier vomit de douleur et commence à faiblir.

—  Par les dieux, Kaeso, tiens bon, ne me laisse pas seul, mon frère,  dit-il désespérément, les larmes aux yeux.

Il hurle vers le ciel  à l'intention des dieux.

Soudain, il repère une charrette en bois tirée par un âne, conduite par un vieil homme.

Arris lui barre la route .

— Aidez-nous s'il vous plaît, nous n'avons nulle part où aller. Des brigands nous ont attaqués et nous ont tout pris.

Le vieil homme descend, ne disant mot mais agissant pour aider Arris à transporter Kaeso dans la charrette.

—  Vous êtes chanceux, mes garçons !  dit le vieil homme.

Arris monte à côté de Kaeso.

—  Je vous remercie,  dit-il simplement.

Il se sent sonné par tout ce qui vient de se passer. Il ne sait plus quoi faire et se sent abandonné par tout.

Certains seuils, une fois refermés sur la douleur, transforment cette affliction en un abîme si profond que même la lumière divine ne peut l'atteindre.

Chaque fois qu'il  invoquait les dieux pour l'aider , il s'en voulait. Il croit  fermement que les êtres humains ne sont pas nés des caprices ou de la volonté des dieux, mais plutôt que les dieux découlent de la croyance des hommes.

Cependant, pouvait-il continuer à vivre sans l'espoir de pouvoir invoquer une divinité ?