Numidia Tome 1 : Le Spectre Du Néant ( En Réécriture)

Tihya

                                                Kıza ( actuelle Mostaganem - Algérie) , Numidie 134 av JC .

                      Après avoir galopé jusqu'à l'aube, ils se sont éloignés de Siga, cette cité qui avait revêtu une importance capitale pour Maxima. À présent, elle a tout laissé derrière elle, un geste qui la remplit d'une fierté inattendue.

Ils progressent en file indienne, montés sur leurs chevaux, Maxima fermant la marche. Toutefois, elle ne peut s'empêcher de jeter des regards en arrière.

—  Il est probable que nous croisions des soldats romains, avertit Kaeso. Ils ne manqueront pas de s'enquérir de notre identité. Lucius a très certainement envoyé une escorte à notre poursuite.

Un signe d'approbation émane d'Arris.

— Tu as raison, nous devons nous frayer un chemin à travers la forêt. Je connais un sentier par là.

De son index, il désigne une voie où les majestueux arbres, aux branches touffues et épaisses, s'entremêlent pour créer une canopée dense. Celle-ci filtre la lumière du soleil, engendrant des poches d'obscurité propices à la dissimulation.

— Quelle démarche envisageons-nous ? Il serait peut-être sage d'attendre l'arrivée de l'escorte des commerçants en partance pour Cirta, là où nous serions en sécurité, suggère Kaeso.

Arris passe une main dans ses cheveux, ce geste le trahissant lorsqu'il est indécis ou mécontent.

— C'est une plaisanterie, Kaeso. Trop risqué. Je préfère poursuivre la route.

Maxima demeure profondément préoccupée. Ses inquiétudes sont palpables, une angoisse latente quant à l'issue de la situation. Si les légionnaires venaient à les retrouver, la vie d'Arris et de Kaeso serait suspendue par un fil ténu.

— Néanmoins, nos montures ont besoin de repos et de nourriture, fait remarquer Kaeso.

— Nous nous accorderons des haltes, insiste Arris. Autrement, nous devrions également songer à trouver un nom numide pour Maxima, déclare-t-il en la fixant.

La réaction de Maxima est instantanée.

— Pourquoi cela ? interroge-t-elle, son front se plissant.

Kaeso lui adresse un sourire en coin.

— C'est une mesure de précaution, Maîtresse.

Arris ralentit le pas de sa monture pour se placer aux côtés de Maxima.

—  Et que dirais-tu d'être désignée sous l'appellation de Tafat ?

Un éclat de rire jaillit de Kaeso.

Maxima esquisse une grimace.

— Bien trop effacé.

— Si je puis me permettre, le nom de Takawa vous siérait à merveille, Maîtresse.

Arris rejoint le rire général, observant le désagrément marqué sur le visage de Maxima.

—  Kaeso, tu te rends compte qu'elle n'a point l'allure d'une gétule¹, plaisante-t-il. Qu'en penses-tu de Sufunus ? relance Arris, esquissant une nouvelle suggestion.

—  Évoque un caractère trop punique², dit-elle en grimaçant.

Un rire se déclenche chez Kaeso en observant la déception sur les traits d'Arris.

À la suite d'une chevauchée aussi intense que brève à travers les épaisses forêts numides, les trois compagnons prennent une halte méritée auprès d'un ruisseau calme. Les doux murmures de l'écoulement aquatique se joignent harmonieusement à leur arrivée. Kaeso, empreint de reconnaissance, guide son  cheval  vers l'abreuvoir, ses  naseaux fumants révélant les efforts consentis.