Chapitre 53 : Silence

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« Y/n .. ? » 


Je relève le visage subitement presque honteuse d'être surprise dans un tel désarroi. Mon regard part du sol et remonte jusqu'à une cape orange et doré face à moi.


« Garreth.. » je murmure faiblement, le regardant les yeux remplis de larmes et les lèvres pincées.


Il me regarde avec une certaine douleur sur son visage. Sans même réfléchir il se jette vers moi et se mets à genoux, m'entourant de ses bras pour me serrer contre lui.


« Comment il ose te laisser comme ça.. »


« Tout va bien.. tout va bien.. » il me murmure tendrement en me calant contre lui. Je sens son cœur battre à toute vitesse contre le miens. Je cale mon visage sur son épaule et je n'arrive pas à retenir à nouveau mes larmes.


Nous restons ainsi pendants quelques minutes le temps que je me calme. Cela me faisait bizarre d'être réconfortés par Garreth mais en même temps cela me faisait tant de bien. Il avait toujours été respectueux et soucieux de moi. Je pouvais être qui je suis auprès de lui sans aucun jugement.


Si c'est cela l'amour... je n'en veux pas... je pensais au plus profond de moi, le cœur toujours meurtris. J'étais incapable de choisir entre Sébastian et Ominis. Je ne voulais pas en blesser un.


 Le professeur Onai avait peut-être raison.. c'est donc ça l'amour malheureux.. je suis condamnée pour le reste de ma vie à être tiraillée entre les deux garçons que j'aime le plus au monde.. 


« Tiens bois-ça, ça va t'aider à aller mieux » il sors de sa robe une petite fiole avec un liquide rose et mauve.


Il m'ouvre le bouchon de liège et me tends la fiole. Je lui prends avec une légère hésitation mais je savais qu'il ne me proposerait que des potions où il est sûr du résultat.


Je bois alors d'un cul sec la petite fiole. Au début tout va bien, ça a même le gout de pêche.. Mais soudain un horrible goût me brule la gorge. Je lui pose la fiole brutalement dans la main pour me tenir la gorge et commencer à tousser.


« Ca va passer t'inquiète pas » il me dis en me tapotant un peu le dos pour m'aider à faire passer le goût horrible qui me brûlait l'œsophage.


Après quelques minutes la brûlure commence à disparaitre et je sens mon cœur devenir léger. Je me sens.. bien. Je le regarde surprise et me relève avec son aide.


« Tu vois je te l'avais dit » il ajoute tout fier de lui un sourire sur les lèvres alors qu'il me recoiffe.


« C'est incroyable.. C'est même perturbant que cela marche autant. » je lui réponds nerveusement avec un léger sourire. C'est une sensation indescriptible, j'ai l'impression que toutes mes émotions me glisse dessus sans m'impacter. La joie, le chagrin, c'est très étrange. 


« Rentrons, Tu vas avoir froid sinon » il me prends le bras et m'amène à l'intérieur du château. Il m'adresse un dernier sourire avant de partir pour la table des Gryffondor alors que je m'assois à la mienne.


Je regarde mon assiette et la pousse un peu plus loin pour caler mes coudes sur la table. Ominis tourne son visage vers moi et me souris légèrement, il dépose une main sur ma jambe comme d'habitude et je pose ma main sur la sienne. Il ne sait pas ce qu'il s'est passé avec Sébastian et tant mieux. Je ne veux pas le mettre dans une posture comme Sébastian l'a fait avec moi juste auparavant.


Mes yeux glissent sur Sébastian face à moi, il esquive mon regard et fait comme si de rien était, il discute avec Imelda de tout et de rien. Je le trouve presque cruel de faire comme si rien ne s'était passé alors qu'il y a quelques instants j'étais écroulée au sol en larmes face à lui..


Heureusement que la potion de Garreth fait effet car je serais encore en train de pleurer sur le sol à l'heure qu'il est. Mais je me sens bizarre. Comme si je n'avais plus aucun sentiments du tout.. Même sentir la main d'Ominis ne me fait pas ressentir le plaisir que j'ai habituellement.


« Je vous laisse je suis fatiguée » je lâche promptement en me levant du banc, faisant grincer le bois. La main d'Ominis glisse de ma jambe. Je n'attends même pas une réponse de quiconque, pas un regard à Sébastian ou Imelda. Je pars en direction du couloir.


Je marche longuement dans ces longs couloirs, mes doigts glissant sur les murs, j'esquive de temps en temps les tableaux accrochés.


Une fois arrivé à la salle commune je m'empresse d'aller dans ma chambre. Je claque la porte derrière moi et m'allonge lourdement sur le lit.


Je fixe le plafond et pose mes mains sur mon torse. Quelques larmes coulent le long de mes joues, pourtant je ne ressens aucune tristesse. C'est juste une réaction physique à la douleur interne que la potion intériorisait. 


Mon corps souffrait en silence, mes émotions étant bâillonnées par la potion. Je ferme alors les yeux et décide de plonger dans un sommeil, espérant ne jamais devoir me réveiller.

A travers euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant