Chapitre 66 : Ensemble

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Cela faisait longtemps que lui et moi n'avions pas passé un moment à deux, sans cris ni pleurs ou dangers environnants. C'était agréable de passer du temps avec lui.


Nous rigolons de tous nos souvenirs passés l'un avec l'autre, se rappelant de chaque instant. Certaines personnes défilent, vont et viennent alors que les bougies s'amenuisent de plus en plus au fil de la soirée. L'accordéon à laisser place au violon et violoncelle pour accompagner la fin de soirée.


« Tu te rappelles quand on a fait exploser le jus de citrouille de Léandre » pouffe de rire Sébastian basculant d'avant en arrière sur sa chaise au rythme de son rire.


« Il en avait partout ! On avait accusé Garreth en plus » je m'esclaffe de rire secouant mon visage et j'aperçois dans un coin un peu reculé à l'abri des regards une chevelure que je reconnaitrais entre milles. Mon rire se stoppe net et je me redresse subitement.


Sébastian me regarde alors presque pétrifier.


« Tout va bien ? » il me demande inquiet sa main sur la mienne posé sur la table. Je la retire brusquement et la pose sur mes genoux.


« Sébastian. Il y a les parents d'Ominis juste là » je lui murmure doucement mais assez fort pour qu'il puisse m'entendre par-dessus le bruit da la taverne, le regard sérieux et plongé dans le siens.


Il se redresse alors et tourne délicatement le visage dans la direction indiqué.


« Les grands blonds là ? Maintenant que je les vois ils correspondent parfaitement à la description que m'avait faite Ominis »


« Il t'avait dit à quoi ils ressemblaient ? » je lui demande soucieuse et étonnée car même à moi Ominis ne m'avait jamais parlé d'eux de cette manière.


« Non du tout. Mais il m'avait dit que si un jour je voyais deux personnes, si froide et distante en apparence, dégoulinant d'arrogance. Et qu'auteur d'eux émanait une aura comme si tout le bonheur du monde avait quitté la pièce. Ce serait eux. » sa voix est sèche et coupante comme de la glace. Il boit quelques gorgées de sa chope sans le bonheur que cela lui procure d'habitude.


Maintenant que j'entendais ces mots, je comprenais parfaitement comment Sébastian les avaient reconnus, et surtout comment Ominis les percevaient.


« Ominis n'est pas avec eux j'ai l'impression » je gigote un peu sur ma chaise inquiète, cherchant du regard l'homme que j'aimais parmi ces vautours.


Sébastian ne répondit pas mais fis de même de manière plus sérieuse, il ne voyait pas la tête blonde de son meilleur ami à l'autre bout de la pièce.


« Je les aient croisés tout à l'heure » je lâche promptement tout en serrant le tissu de ma robe entre mes doigts.


« Ça s'est passé comment ? Ils ne t'ont rien fait ? Est-ce qu'ils savent que.. »


« Non ils ne savent pas que je suis de sang-mêlé, j'ai réussi à m'extirpés de la situation avant mais c'était tendu crois-moi. Les voir rabaisser Ominis devant moi.. jamais je n'avais eu autant envie de frapper quelqu'un. » j'attrape avec agressivité un morceau de beaufort à nouveau avec le petit piquet de bois, le cassant presque au passage.


Sébastian s'adosse lourdement à la chaise, passant une main dans ses cheveux tout en expirant rassuré de ma réponse.


« Si jamais ils osent te faire quoi que ce soit, je te promets que je ne réponds plus de rien.. » il lâche d'une voix sérieuse tout en me regardant.


Mes yeux plongent dans les siens, illuminés par le lustre de bougies non loin de nous. Sébastian ne prononce jamais des paroles en l'air avec cet air si sérieux. Cela me touchait énormément qu'il soit aussi protecteur, j'avais toujours aimé ce côté rebelle et ténébreux. Mais il ne savait pas pour moi et Ominis. S'il apprenait que je côtoyais un garçon dont la famille n'hésiterait pas une seule seconde à me torturer pour ce que je suis. Je sais que sa colère sera plus qu'explosive. Mais je me sentais en sécurité auprès de Sébastian. Je savais qu'il était une épaule sur qui je pouvais compter face à n'importe quelle difficulté de la vie, malgré les hauts et les bas que nous avions traversés. Il était un ami si cher à mon cœur.


Parmi la foule face à nous qui se tient devant le comptoir de Sirona, deux têtes blondes apparaissent furtivement.


« C'est pas Ominis et.. » Sébastian relève le dos posant ses deux mains sur la table pour prendre appuis. Ses mains se serrent violemment pour se transformer en poing. Le regard fixé sur les deux garçons.


« C'est Amos Malefoy » je lâche dans un souffle court mon regard posé sur le serpentard, ses cheveux blond bien coiffé et sa cicatrice au sourcil bien apparente.


« Qu'est ce que fou Ominis avec cette raclure » crache Sébastian entre ses dents les poings toujours serrés.


Les deux blonds passent non loin de nous, pas assez proche pour nous remarquer mais assez pour que l'on perçoive leurs visages. Amos arbore un sourire carnassier et il embrasse élégamment la main de la mère d'Ominis avant de serrer fièrement celle de son père qui s'est levé pour les accueillir. Ominis lui arbore un visage fermé, froid et terne. Il s'assoit sans broncher directement sur une chaise libre, rangeant promptement sa baguette dans sa poche de pantalon.


Il a un pantalon d'un noir profond impeccablement repassé, une chemise d'un blanc éclatant faisant ressortir ses yeux bleus, et un veston noir brodés très finement d'argent autour des boutons d'ivoire. Une montre à gousset en argent est délicatement rangée à l'intérieur du veston, on peut apercevoir de temps en temps la chainette en argent vaciller sous ses mouvements lorsqu'il se penche. Il pose ses mains sur la table face à lui pour jouer nerveusement avec sa chevalière en argent. Ses parents et Amos discutent avec des mimiques très distinguées et tenues, après tout ils sont en public, ils se doivent d'être constamment parfait en apparence.


Je ne sais pas ce que je ressens, mais tout ce que je sais c'est que ce n'est pas la bière ni le fromage qui me retourne l'estomac. J'ai envie de vomir, ma tête tourne et j'ai l'impression d'avoir une lame sous la gorge prête à me trancher.


Voir l'homme que j'aime avec ce vicieux, quasiment coude à coude. Je me doutais bien qu'il n'avait pas l'air d'avoir envie d'être là, peut-être avait été il forcé de faire connaissance avec Malefoy.


« Voyons Sébastian, ils sont entre sang-pur » je réponds d'un air déçu en me tournant vers lui pour ne plus poser mes yeux dans leur direction. Savoir Ominis entouré de personnes qui ne partagent pas sa vision des choses me mettaient terriblement mal à l'aise. 

A travers euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant