Chapitre 26

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À Awa'atlu, le soleil n'allait pas tarder à se coucher. Les villageois ne faisaient que des va-et-vient dans l'eau et rentraient chez eux. On pourrait croire que la vie était particulièrement paisible.
Néanmoins, un petit détail crucial la rendait tout de suite plus sombre, camouflant sa noirceur par la routine.

En effet, cela faisait vingt-quatre heures que les Sully étaient portés disparus, ainsi que les enfants du chef et leurs amis. L'alarme avait retenti plusieurs fois dans la journée pour déclarer cette absence. Des patrouilles avaient été organisées autour du village et ses alentours, mais toutes étaient revenues les mains vides.

Dans la hutte du leader, l'ambiance était irritante : la Tsahik faisait les 100 pas sous le regard inquiet de l'Olo'eyktan.

- On va les retrouver, ne t'en fais pas.

- Mais, et s'ils sont blessés? Et s'ils étaient déjà morts? ma pauvre Tsireya , elle doit se sentir si effrayée.

- On a pas de preuve que ce soit les Sully qui les ai kidnapper.

- Et qui veux-tu que ce soit d'autres ?

Un long silence s'imposa. On pourrait presque entendre des mouches volées.

- Tu sous-entends que les omatikaya s'en seraient pris à nos enfants ? demanda un garde qui participait à la conversation.

- Je dis juste que Tonowari les a laissés vivre parmi nous, alors qu'ils constituent une menace pour notre peuple. déclara Ronal en jetant un regard tueur vers le chef de clan.

Face à ces reproches, Tonowari baissa instinctivement la tête en entendant les mots durs employés par sa femme. Il ne pouvait pas croire un seul instant que l'homme que les na'vi appelaient Toruk Makto, ait pu s'en prendre à son peuple.

- Quoi qu'il en soit, je vais donner l'ordre à ce qu'on redouble la surveillance et les patrouilles dans le secteur. On fouillera la forêt s'il le faut.

Sur ses mots, Tonowari sortit de la hutte, et fit signe au garde de le suivre. Un long silence s'ensuivit où soldat devint peu à peu livide au fur et à mesure que les minutes passèrent.
En effet, le tempérament hostile du leader, le précédait de part sa réputation, qui le rendait redoutable.
Le combattant n'osa émettre le moindre son, au point où l'inexpressivité de Tonowari lui fit presque peur. Ses yeux perçants fixaient le large. Il ne rechignait pas, on aurait dit qu'il était dans une sorte de transe.

- Eyrigan, penses-tu qu'il y a un traître parmi nous ?

- H-Hum, comment ça votre honneur ?

Puis Tonowari, cessa de regarder l'océan pour se tourner pleinement vers le soldat, qui sentit presque son sang ne faire qu'un tour dans son corps lorsque les yeux de son chef se posèrent sur lui.

- Y aurait-il quelque chose dont tu voudrais me parler ?

- Non, enfin ne pensez-vous pas que je... j'aurais pu....

- Je n'ai rien dit. rétorqua le chef de clan en le sondant du regard.

La froideur de ses mots eut comme effet que le soldat se raidit encore plus qu'il ne l'était déjà. Quand soudain, Ronal apparut derrière eux en sanglotant.

En apercevant sa femme, Tonowari, fit signe au garde de s'en aller. Puis, il s'avança vers la Tsahik et emprisonna ses mains dans les siennes.

« Mon amour... Nous allons les retrouver, je t'en fais la promesse. »

* * *

L'éclipse domina le ciel et quelques instants plus tard le village se retrouva dans l'obscurité.

Il n'y avait toujours aucune nouvelle des disparus, la tension était à son comble. Tout le monde veillait au cas où l'alarme retentirait pour annoncer leur retour. Ronal devenait de plus en plus exécrable et donnait des ordres à ses servantes à tout va.

L'Olo'eyktan lui, avait les bras croisés et observait un attroupement de quatre soldats metkayina, dont l'attitude de chacun semblait suspecte.
Effectivement, ces derniers jetaient sans cesse des regards autour d'eux, et parlaient la voix basse comme s'ils ne voulaient pas être pris sur le fait. Soudain, un se détacha du groupe pour se précipiter vers la forêt avant de s'y engouffrer en vérifiant derrière lui que personne ne le suivait.

Alors, l'expression du chef de clan se fit tout de suite plus méfiante. Il intima à des hommes de confiance de le suivre et ils se dirigèrent tous ensemble à ses trousses.
Cette action les emmena à parcourir quelques mètres dans la forêt sombre et inquiétante. Au moment où Tonowari se dit qu'ils avaient malheureusement perdu la trace de cet individu douteux, ils entendirent des voix s'élevaient tel un écho.

Leurs timbres étaient tout sauf amicaux, c'était comme si plusieurs personnes étaient en train de se disputer en même temps.

Le chef de clan donna l'ordre à sa petite troupe de se placer à certains points stratégiques au cas où la situation dégénérait, tout en se rapprochant doucement de leur cible.

Derrière le feuillage, Tonowari distingua trois hommes, vêtus comme des combattants. Malgré leurs visages peu éclairés, leurs traits lui semblaient familiers. Parmi eux, il reconnut l'allure de l'individu suspect. Les trois se criaient violemment dessus, sans vergogne.

« Mais vous êtes complètement cons, comment vous avez pu participer à ça ?! »

« L'occasion était vraiment trop belle.. on ne pouvait pas rater ça..! » s'écria un des deux inconnus.

Le suspect émit un cri de rage en envoyant valser quelques cailloux. Furieux, il saisit les nuques des deux hommes, avant de les relâcher et de leur tourner le dos pour se calmer.

A cet instant précis, Tonowari faillit laisser échapper un cri de stupeur quand il put enfin discerner le visage du suspect. Ses traits fins, sa bouche fine, et ses yeux globuleux, il ne pouvait s'agir que d'Eyrigan. Celui-là même alors qu'ils avaient tout deux parler un peu plus tôt, et qui n'avait pas bronché en lui mentant droit dans les yeux.

Cette trahison tonna comme un coup de massue pour le chef de clan. En effet, il avait toujours cru pouvoir compter sur lui. Il se sentait mal à l'idée de penser qu'il pouvait y avoir des traîtres au sein de son propre clan.

« Je me fou de savoir que c'était une belle occasion ! Vous avez désobéi aux ordres ! »

« On est désolé chef.. »

« Je ne veux pas de vos excuses, vous avez tout gâcher !! Où sont-ils maintenant ?! »

~ ~ ~

* * *

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