Notre Forteresse

Chapitre 30

Quand le couple volant sur leurs somptueux dragons fut aperçu par les villageois, cela avait créé un puissant mouvement de foule. A la suite de ces chaotiques évènements et de la potentielle présence de soldats corrompus dans le village, l'ambiance générale baignait dans la crainte.
Ainsi, lorsque les omatikaya firent gracieusement leur apparitions, un attroupement commençait déjà à se former autour d'eux. Un attroupement curieux et inquiet car le doute planait qu'ils puissent être responsable de la supercherie.
Dans la foule, Tonowari et Ronal se démarquèrent harmonieusement, d'une allure élégante pour venir à leur rencontre.

Heureux de les retrouver, le chef du clan les accueilla les bras grand ouverts, soulagé de les revoir. Ronal, elle, était toujours sur ses gardes, et ce sentiment s'accentua d'autant plus quand elle sentit que Neytiri l'observait.
Ensemble, ils se dirigèrent dans la direction de la plus grande hutte du village, la hutte du leader du clan afin de parler de leur mésaventure.
Jake leur conta ainsi ce qu'il s'était passé, en oubliant le moins de détail possible. La manière dont on les avait accosté, leur rencontre avec Ao'nung et le carnage qui s'étaient ensuivis, la venue des enfants qui voulaient leur porter secours, et l'attaque des insectes qui les avaient contraint de fuir au choeur de la forêt.

Tonowari et Ronal écoutaient attentivement, cependant, quand il fut temps de discuter du comportement de leur fils, la Tsahik ne faisait que froncer les sourcils comme si elle ne pouvait pas y croire. Elle se demandait comment était-il possible que son fils chétif, celui qui allait un jour succéder à son père, aurait été en mesure de commettre ces atrocités.

- Je n'y crois pas. lâcha-t-elle sèchement en plongeant son regard dans celui de l'omatikaya pour y dénicher la vérité véritable.

Jake et Neytiri tombèrent des nus. Ils avaient connaissance du mauvais caractère de cette femme. Pourtant, ils avaient espoir que cette dernière les entendent et les croient même si c'était dur à avaler.

- Comment cela ? s'énerva Tonowari, Tu ne peux pas croire que notre fils ait pu commettre ces horreurs ? Mais bon sang Ronal, mon amour, réveille-toi !

Surprise, Ronal sursauta légèrement à ce changement de ton si soudain. Elle semblait refuser catégoriquement la réalité. Elle ne pouvait y croire tout simplement.

- Tonowari... Notre fils...Mon petit garçon... pleura-t-elle.

En la voyant si démoralisée et faible, Neytiri sentit son coeur se briser. Elle savait ce que pouvait ressentir cette femme. Bien qu'elle puisse être odieuse avec elle, Neytiri put pendant quelques instants la voir sous un autre angle. Ce point de vue délicat, cette nouvelle apparence de Ronal qui l'affichait aux yeux de tous comme une personne si douce. Elle se rendit alors compte de l'ampleur de sa carapace.

A partir de ce moment, Neytiri ne put la voir comme avant.
Avec la plus grande délicatesse possible, elle exposa le rôle qu'avait pu entretenir leur fils dans l'affaire. Elle passa en revue sa dangerosité, ses intentions meurtrières, sa violence et son grand besoin de faire ses preuves.
La manière dont ses intentions avaient été calculées et parfaitement orchestrées, comment il les avait agressé.
Au fur et à mesure qu'elle débitait, le visage de Ronal se décomposait. Comme si le poids du monde s'accumulait subitement sur ses épaules, son corps prit l'apparence d'une personne frêle, se refermant sur elle-même.

- Il en avait après moi. conclut-elle en baissant la tête.

- Pour-Pourquoi ? murmura Ronal d'une voix coupée par les sanglots.

- Parce que je t'ai manqué de respect.. Il a dû nous voir l'autre jour. avoua Neytiri compatissante.

Ronal poussa un profond soupir et se retira dans la seconde partie de la hutte. Tonowari la regarda partir, peiné, avant de reporter son attention sur les deux protagonistes.