Chapitre 1 - SIRIUS BLACK

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Le soleil trônait haut dans un ciel sans nuage en cet été 1975.

Sirius se tenait là, assis sur l'herbe, à regarder la mare qui s'étendait devant lui, bordée par une forêt verdoyante et calme. Il essayait tant bien que mal de profiter de ce paysage serein, de ce silence seulement troublé par les oiseaux qui gazouillaient. Il avait eu bien du mal à s'isoler. Car rester seul, c'était tout ce qu'il demandait pour le moment. Mais étrangement, c'était une fois qu'il était seul qu'il se sentait le plus vulnérable.

Il aurait aimé focaliser toute son attention sur le mois de septembre prochain. Tellement d'images positives auraient dû alors lui arriver en tête ! Le festin de début d'année dans la Grande Salle, le retour des Maraudeurs à Poudlard, discuter dans le dortoir avec James avant de s'endormir dans la sécurité de ce château, suivre les cours en plaisantant avec ses amis, jouer au Quidditch...

Mais il n'arrivait pas à se concentrer sur toutes ces jolies images. Seul, Sirius sentait son esprit se faire parasiter par d'autres souvenirs. Ce flash vert qu'il avait vu tuer sur le coup un homme et une femme, quelques semaines plus tôt. Ce Kraken des sables qui avait massacré tellement de personnes. Le corps mutilé de leur ancien professeur de Défense contre les forces du mal, Virginie Delaunay.

Il frissonna à l'évocation de ces souvenirs. Il aurait aimé ne pas être seul. Il aurait aimé que James, Remus ou Peter soient là, avec lui. Mais à la place, il se contentait de regarder des canards et des cygnes qui se baignaient dans cette mare.

Un bruit de pas se fit entendre derrière lui. Durant un instant, il craignit de voir sa mère qui le rejoignait. Mais ce n'était que Nausicaa. Sa cousine était vêtue d'une longue robe blanche dans laquelle elle ne semblait pas particulièrement à l'aise. Elle ne cessait de remettre une bretelle de sa robe sur son épaule ou de défaire un pli qui s'était formé à sa hanche. Et quand ses mains n'étaient pas occupées à lisser sa robe, elles trituraient ses cheveux blonds dressés en une coupe complexe.

- Alors ? dit-elle en s'asseyant à côté de lui. Tu broies du noir en pensant à ton amoureux, le brillant James Potter ?

Sirius avait de nouveau envie d'être seul. Il jeta néanmoins un regard noir à sa cousine.

- Si tu salies ta robe, ta mère va te tuer, grogna-t-il.

- Ma mère est trop occupée à vouloir faire bonne impression pour remarquer quoique ce soit, répliqua Nausicaa en étendant ses jambes sur l'herbe, à quoi est-ce que tu penses, Sirius ? A toutes les occasions que tu as manqué de déclarer ta flamme à Potter ?

Il eut un rire ironique.

- Ta plus grande faiblesse, Nausicaa, c'est que tu utilises tes propres sentiments contre les autres. Et quand on te connait, ça te dessert.

- Vraiment ? Et je peux savoir ce que ça veut dire, au juste ?

- Ce que tu me dis là, c'est exactement ce que tu ressens.

Il sentit le regard glacial de sa cousine se poser sur lui.

- Je ne comprends toujours pas. Tu veux dire que c'est moi qui pense à Potter ? Tu n'y crois pas toi-même, Sirius.

- Je n'y crois pas, je le sais. Et toi aussi. C'est pour ça que tu es là alors que tu ne supportes pas plus ma présence que je ne supporte la tienne. C'est parce que tu cherches désespérément quelqu'un avec qui parler de James.

- Je ne cherche pas à parler de cet abruti, répliqua Nausicaa avec agacement, j'en avais juste marre d'entendre leurs formules de politesse d'aristocrates coincés. Non mais vraiment, où est-ce que tu vas chercher tout ça, mon pauvre ?

- Tu es amoureuse de James, poursuivit Sirius.

- Quoi ? Mais tu es tombé sur la tête ?

- Et sacrément amoureuse.

- Ecoute, si Potter t'a dit quelque chose à ce sujet, saches que cet imbécile a dû comprendre quelque chose de travers ou...

- James ne m'a rien dit, répliqua Sirius, je le vois, c'est tout. Tu regrettes d'avoir rompu avec lui. Et une partie de toi voudrait tout réparer pour que les choses repartent entre vous deux. L'autre partie, eh bien... Disons que c'est ton égo surdimensionné qui veut t'en empêcher.

Durant quelques secondes, Nausicaa ne dit rien. Sirius commençait à se dire que c'était une première. Il n'avait jamais vraiment réussi à lui clouer le bec. Mais Nausicaa étant Nausicaa, elle n'avait pas dit son dernier mot.

- Je ne sais pas depuis quand tu te prends pour un Legilimens mais saches que tu as encore du travail à faire parce que tu as tout faux. Je suis sortie avec Potter, c'est vrai et c'était une erreur. On en a convenu tous les deux. Maintenant, viens. Ta mère te cherche partout, elle veut faire des photos avec ton frère.

Sirius soupira et se leva. Nausicaa prit soin de vérifier si l'herbe n'avait pas laissé de traces vertes sur ses fesses avant de l'attraper par le bras pour l'attirer loin de la mare. Mais il ne la suivit pas.

- Si tu devais te remettre avec James cette année, dit-il d'un ton un peu contraint, saches que je n'y verrais aucun inconvénient.

Nausicaa le regarda avec un mélange de surprise et de colère.

- Quoi ?

- Je l'accepterais, je... Enfin, disons que je ne ferais pas de scènes comme l'année dernière. Mais tu as intérêt à mettre ton égo de côté très vite car James s'intéresse déjà à Evans alors...

Nausicaa l'attrapa par le col et approcha un visage furieux du sien.

- Ferme-la, gronda-t-elle, ne parle plus jamais de ça, t'as compris ?

Sirius restait très calme.

- Si tu bousilles mon costume, c'est à ma mère que tu auras à faire, se contenta-t-il de faire remarquer.

Prenant une grande inspiration comme pour se calmer, Nausicaa le relâcha. Sirius vérifia que son nœud-papillon était toujours en place et suivit sa cousine dans l'immense parc.

- Il ne se refuse rien, le vieux Malfoy, commenta-t-il alors qu'ils se dirigeaient vers l'immense manoir, il a même un paon dans son jardin !

Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant