Chapitre 101 - JAMES POTTER

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- Tu peux être sûre d'une chose : ce petit salopard va me le payer.

La nuit était tombée mais l'infirmerie était toujours illuminée. Par la porte ouverte du bureau, on pouvait voir Mrs Pomfresh qui semblait occupée à remplir quelques dossiers. Sur le lit à côté de celui de James, Olga l'écoutait avec attention mais semblait sceptique.

- Tu crois vraiment que c'est une bonne idée ? dit-elle d'un ton raisonnable. Il va déjà le payer, non ? Ce garçon – Rogue, c'est ça ? – tout le monde l'a vu t'attaquer sans aucune raison ? Alors tu peux être sûr qu'il sera puni.

James leva les yeux au plafond ; c'était bien là toute la différence entre parler de ce genre de choses à Sirius ou en parler à Olga.

- Une heure de retenue pour m'avoir saigné comme un porc ? Excuse-moi, mais je ne trouve pas ça suffisant.

Olga poussa un soupir. James la regarda.

- Quoi ?

- Rien, je... Ecoute, je n'ai aucun souvenir de ma vie passée à part cette étrange expression – « la voix des damnés ». Mais plus j'y réfléchis, plus je suis convaincue que je n'ai jamais connu tout ça.

- Tout ça quoi ?

De son regard noir, Olga s'était contentée de balayer l'infirmerie qui les entourait.

- Toute cette école, ce château, lui expliqua-t-elle, je n'ai jamais été dans la même situation que toi ou Sirius, Remus, Peter et les autres élèves. Je n'en suis pas sûre, évidemment, mais... J'ai vraiment l'impression de ne jamais avoir étudié dans un endroit comme ça.

- Si, c'est obligé, dit James, on sait que tu es une sorcière puisque sinon, tu n'aurais pas pu voir le Sombral. Et tu n'as aucun accent ; tu dois venir d'ici. Tu as forcément fait tes études à Poudlard.

Mais Olga ne semblait pas convaincue.

- Je ne pense pas, pourtant, dit-elle, mais peu importe. Ce que j'essaye de te dire, c'est que pour quelqu'un dans ma condition, ce château a l'air d'être un véritable paradis. J'aurais aimé venir étudier ici à votre âge. Alors oui, je trouve ça un peu bête de risquer cette chance que tu as en voulant te venger sur un autre élève qui aura déjà des ennuis pour ce qu'il t'a fait.

James ne répondit pas et resta un moment songeur. Il pouvait convenir très facilement que Poudlard était un endroit qu'il adorait. Et que, après presque cinq années passées entre les murs de ce château, il ne mesurait plus – comme la majeure partie des élèves de l'école – la chance qu'il avait d'être là. D'un autre côté... Laisser Rogue impuni pour cet acte lui était insupportable. C'était une pure preuve de faiblesse que de laisser faire.

Il n'eut pas le temps de répondre à Olga. Mrs Pomfresh venait de sortir de son bureau.

- Allez ! Extinction des feux ! Passez une bonne nuit.

- Bonne nuit, Mrs Pomfresh, répondit Olga.

- Bonne nuit, marmonna James en enlevant ses lunettes pour s'emmitoufler dans ses couvertures.

Les potions que l'infirmière lui avait faites avaler devaient encore faire effet car il s'endormit très vite, cette nuit-là.

Mais pas longtemps.

En effet, il lui sembla n'avoir fermé les yeux que quelques secondes. Il eut alors l'impression qu'une vague lumière bleue avait éclaté dans l'obscurité de l'infirmerie et que c'était cela qui l'avait réveillé. Emergeant difficilement du sommeil, James se tourna sur le dos et regarda autour de lui. Tout était calme. Dehors, l'eau du lac clapotait doucement contre les rochers. Par les grandes fenêtres, on pouvait voir un joli ciel étoilé dans lequel trônait la face rougeoyante du Némésis. A sa droite, Olga était allongée sur le dos, probablement endormie.

Renonçant finalement à savoir ce qui l'avait réveillé, James allait se tourner sur le côté pour replonger dans le sommeil lorsqu'il capta du mouvement plus loin dans l'infirmerie. Il y avait une silhouette noire qui se promenait de lits en lits, en face de lui.

Figé par sa découverte, James regarda la forme floue qui se déplaçait pour s'arrêter devant un lit où un élève de Serdaigle – blessé de la dernière rencontre au Quidditch face à Gryffondor – dormait paisiblement. James n'avait pas ses lunettes mais il lui sembla bien que la silhouette sombre braquait sa baguette magique sur l'élève endormi dans son lit.

- Petrificus Totalus !

Une intense lumière bleue jaillit dans l'infirmerie plongée dans le noir et, lorsqu'elle s'évanouit, l'élève de Serdaigle était figé dans son sommeil. Sortant de sa torpeur, James tendit le bras vers sa table de chevet. Y étaient posés sa baguette magique et ses lunettes mais sa main se dirigea instinctivement vers sa baguette. Il la pointa sur la forme noire mais il se rendit compte que la silhouette s'était déjà retournée vers lui et le braquait.

- Petrificus Totalus !

James n'avait même pas eu le temps d'ouvrir la bouche. Une lumière bleue l'aveugla et, l'instant d'après, il se retrouva calé au fond de son lit, figé avec les bras le long de son corps. Tout ce qu'il pouvait bouger était ses yeux alors qu'il suivait du regard la silhouette sombre qui traversait l'espace entre les deux rangées de lits dans l'infirmerie.

C'était un homme mais James était bien incapable de le reconnaître. Entre le fait qu'il n'avait pas ses lunettes et la pénombre qui régnait dans cette infirmerie, il ne pouvait que distinguer les formes incertaines d'un sorcier qui se déplaçait vers le lit d'Olga. La jeune femme y restait allongée, probablement plus inconsciente qu'endormie.

L'inconnu attrapa Olga par les aisselles et la souleva hors de son lit pour la hisser sur ses épaules, comme un vulgaire sac. Lorsque ce fut fait, le sorcier fit demi-tour et quitta l'endroit d'un pas sûr.

Dans l'infirmerie silencieuse, James restait pétrifié et incapable de bouger quoique ce soit. Il ne pouvait que penser.

Quelqu'un vient de kidnapper Olga...

Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant