Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)

Chapitre 15 - LILY EVANS

La cérémonie de la Répartition s'était achevée depuis un moment, déjà. Le professeur Dumbledore leur avait souhaité la bienvenue, comme chaque année, avant de claquer des mains pour faire apparaître un grand festin sur les cinq tables de la Grande Salle.

Cela faisait quelques minutes qu'ils avaient tous commencé à manger lorsque cette étrange discussion se déclara entre Lily et ses deux amies. Jamais elle n'avait été aussi frustrée de voir si peu de réaction chez Mary et Eugénie après ce qu'elle venait de leur révéler et elle ne comprenait pas bien ce qui se passait. Devenait-elle folle ?

Après quelques minutes de silence où elle restait songeuse, elle décida de revenir à l'attaque.

- Vous les avez vus, dit-elle, c'est obligé.

Mary poussa un soupir.

- Bon sang, Lily ! Puisque je te dis que tu as eu une hallucination ; ce n'est pas si terrible, il faisait nuit, tu as cru voir quelque chose, c'est tout.

- Mais puisque je te dis que je les ai vus aussi clairement que je te vois, insista Lily, j'aurais même pu les toucher si je n'avais pas été si surprise...

- Du calme, Lily, intervint Eugénie, c'est la quatrième année qu'on prend ces diligences pour se rendre de la gare au château et ce soir était comme d'habitude. Les diligences avancent toutes seules, par magie.

- Alors comment expliques-tu que j'ai vu des chevaux ailés qui les tiraient, cette année-là ? répliqua Lily.

- Comme le dit Mary : une hallucination.

- Je ne suis pas folle !

- Je n'ai jamais dit que tu l'étais.

Encore plus frustrée que jamais, Lily regarda les autres élèves autour d'elle pour repérer si quelqu'un d'autre avait remarqué la même chose qu'elle. Mais à la table des Gryffondor comme à celles des autres maisons, personne ne semblait perturbé par quelque chose d'inhabituel. Ils parlaient juste de tout et de rien, comme toujours.

Elle poussa un soupir un peu vexé. Plus têtue que jamais, elle allait poursuivre sur sa lancée pour prouver à Mary et à Eugénie qu'elles n'avaient tout simplement pas fait attention à ces gigantesques chevaux ailés qui tiraient les diligences lorsqu'elle s'interrompit elle-même.

Une certaine clameur s'était emparée de la Grande Salle. A présent, elle pouvait voir que la plupart des élèves – mis à part les nouveaux première année qui étaient encore trop timides – s'échangeaient des messes basses avec excitation. Cette fois-ci, au moins, Mary et Eugénie avaient remarqué ce phénomène car elles fronçaient toutes les deux les sourcils.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Mary en regardant autour d'elle.

Lily et Eugénie haussèrent les épaules.

- Eh ! Les filles !

Derrière Eugénie, Sarah Caddle assise à la table des Serdaigle, venait de les interpeller avec une lueur d'excitation dans les yeux.

- Vous avez appris la nouvelle ? Apparemment, les Maraudeurs ne seraient pas montés dans le Poudlard Express, à Londres. Ils auraient fait tout le trajet jusqu'ici à bord d'un véhicule moldu.

- Non ! souffla Eugénie.

- Si, répliqua Sarah avec un rire enjoué, c'est Peeves qui vient de les voir s'écraser dans le lac de Poudlard ; il était au deuxième étage de l'aile ouest quand ça s'est produit. Il a tout vu par la fenêtre !

Lorsque Sarah se retourna, Lily échangea un regard rond avec ses amies.

- Oh, ils sont trop cools, ces quatre-là, soupira Mary presque avec désespoir.

Au moins, Eugénie n'était pas de cet avis.

- Arrête, Mary, dit-elle, ce n'est pas drôle ! J'espère vraiment que c'est faux ! Je veux dire... Pourquoi faire une chose pareille ? C'est risqué et inutile.

- Ne t'inquiète pas, Eugénie, dit Lily qui savait que son amie se faisait du souci pour Remus, c'est probablement faux. Peeves ? Franchement ? C'est la dernière personne qu'il faut croire.

- Oui, peut-être, Lily, répliqua Eugénie qui s'était levée pour regarder la table des Gryffondor, n'empêche que je ne vois les Maraudeurs nulle part ! Je... Je commence à croire que c'est vrai...

Lily regarda autour d'elle. Eugénie avait raison : elle n'arrivait pas à voir les Maraudeurs dans le flot d'élèves qui étaient assis à la table des Gryffondor. Mais... Même avec cet indice, elle refusait de croire que ces quatre garçons avaient pu faire quelque chose d'aussi stupide.

Un peu perplexe, elle regarda à la table des professeurs. Les adultes commençaient à prendre cette rumeur au sérieux car ils semblaient en train de discuter avec vivacité de quelque chose, comme s'ils se rendaient compte qu'il manquait quatre élèves dans la Grande Salle. A la table des Serpentard, Severus semblait agacé, probablement sur ces rumeurs admiratives qui couraient sur ses pires ennemis.

- Je te jure que s'ils ont fait ça, dit Eugénie entre ses dents, je tue Remus !

- Oh, allons, fit Mary, tu as eu ce que tu voulais, non ? Tu sors avec Remus et Remus est un Maraudeurs. Ces gars-là, ce sont des aventuriers. C'est le défaut de leurs qualités, si tu préfères.

A voir comment Eugénie fusillait Mary du regard, Lily voyait bien qu'elle allait sortir une réplique cinglante. Mais elle n'en eut pas le temps. La clameur s'intensifia et tous les visages des élèves comme des professeurs se tournèrent vers l'entrée de la Grande Salle. Lily les imita.

Ils étaient là. Les quatre Maraudeurs étaient trempés de la tête aux pieds, encore vêtus d'habits moldus et visiblement surpris de voir que tout le monde les toisait. Lily repéra même du sang qui coulait du front de Potter.

Alors que le professeur McGonagall traversait la Grande Salle d'un pas vif, rouge de fureur, dans la direction des Maraudeurs, Lily eut un soupir consterné.

Ce qu'ils sont bêtes... Mais ce qu'ils sont bêtes...